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Crime et trahison
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 03 - 03 - 2010

Nos élèves continuent à ne pas partir à l'école,nos médecins font toujours de la tête. Le pays est comme un bateau ivre. Il chavire d'un bord à un autre. De la joie de Khartoum au drame de Bab El Oued.
On tue à bout portant même au sein du super commissariat. On utilise son arme de service pour régler une affaire de service. Le mobile importe peu à un tel palier. Le mal n'est pas propre cependant au seul corps de la police nationale. Il se propage un peu partout à des échelles variant d'intensité. La perte de référentiels dans ce qui est bon et ce qui ne l'est pas a précipité la perte de tout jugement. La raison difficile à rencontrer s'est enfuie en catimini et progressivement s'est évaporée pour voir s'installer à ses lieux et places, une sorte de frénésie nationale. Le sauve qui peut, le sauver sa tête, le sain et sauf de soi, est devenu visiblement une dynamique faisant fonctionner tous les rouages de l'Etat. Un enseignant s'en fout à perte de temps de ses élèves. Un ministre s'en fout aussi longtemps qu'il a duré de ses enseignants et la valse itérative de culpabilité continue pêlemêle. Là une espèce de torpeur semble jeter ses miasmes sur l'ensemble des sujets dont l'unique et l'ultime soupir est de se haïr d'avoir à dire krahna ! (on en a marre !). un changement radical est donc à inscrire dans l'urgence. Refaire autrement les choses allégerait les âmes souffrantes, par-devant la paresse qui s'agglutine dans tous les domaines.
La furie et l'affolement d'un acte
Sans renter dans les méninges du présumé auteur du forfait, le mobile du crime se déterminera davantage avec l'instruction en cours. La furie, le sentiment d'injustice ou la sensation de l'impunité se sont rendus coupables de pires atrocités. Trahir un ami, briser le lien voisinal, transgresser effroyablement la hiérarchie a quelques choses d'inouï, d'inexplicable et de complexe. Croire se faire justice, lever des défis, absoudre un opprobre, c'est frôler les parois de la démence, pour être en pleine folie rageuse. Dans l'assassinat de Monsieur Tounsi, la thèse du complot est vite écartée. Du moins celle d'un complot organisé. Il demeure cependant, à l'aide de nombreuses preuves visibles et connues publiquement ; que l'acte isolé est la seule et probable hypothèse. Le jeudi matin un journal arabophone dans sa page trois rapporte des faits répréhensibles à l'encontre de l'auteur du crime, qui à cette heure-ci ne l'était pas encore. Il mettait à nue l'intention du DGSN, à geler toutes les activités de son chef de service aérien, mis sous enquête pour des transactions douteuses dans la gestion budgétaire. L'image d'un furieux, en face de son patron pointant d'une main un journal le criminalisant et de l'autre une arme assassine ressemble à une séquence cinématographique d'une pathologie de folie instantanée. Le communiqué de ministère de l'intérieur, quoique arrivant bien en déphasage, résumait bien la situation en prônant la théorie de «la prise de démence»
Outre cette photo d'un homme qui tire et d'un autre qui s'écroule, la morale politique irait à chercher les raisons, non pas dans un mobile d'un duel ; mais bel et bien dans les circonstances globales de cette fatidique période où des dossiers de grandes malversations et de mauvaise éthique commencent à se mettre à jour. En effet, avec la suspicion rodant sur les aires de l'autoroute, l'odeur nauséabonde du pétrole qui pourrissait les couloirs de la SONATRACH, le pays par ses pouvoirs s'est engagé, à peine de survie, dans un discours redondant et rébarbatif à vouloir découdre avec tout ce qui a trait à la sphère de la corruption. Il ne peut y avoir de cas édifiants que ceux cités plus haut. Les petits larcins, la minuscule déviation et l'insignifiante concussion d'un petit receveur des PTT par-ci, d'un ripoux de quartier, par là, n'arrivaient pas à contenir la rage qui bouillonnait bruyamment dans la rue et au sein du corps social. Peut être que le sérieux spontané cette fois de l'Etat à en finir avec ce monstre hideux et sangsue a fait grincer pas mal de dents suspectes. Ceux qui se sentent gênés, dans leurs manœuvres indélicates par l'éventualité d'une procédure ne peuvent se figer dans l'inaction, attendant placidement leur tour de pénalisation. Ils doivent se disent-ils devancer les situations. Il y va de leur peau. Comme des prédateurs, ils accourent parfois pour étouffer une affaire qui les tracterait vers le prétoire, à créer des affaires à même de tracter d'autres, et ce aux seules fins de dévier sur leur personne les feux de l'accusation. Le système a fait que la responsabilité, chez certains tenanciers de prérogatives de puissance publique s'exerce même sur le cadavre d'autrui. L'on a bien vu se créer au sein des laboratoires du crime, le profil d'un criminel futur. Le spectre du bouc émissaire. L'usage de la procédure réglementaire semble être l'instrument légal le plus adéquat en pareille circonstance. La commission paritaire siégeant en conseil de discipline, la citation directe, la marginalisation ou la simple relève, puisent toute leur essence des textes en la matière. Le général Yahia Rahal, dans son témoignage sur les « histoires de pouvoir» affirme que «pour tout limogeage, relève ou suspension on trouve toujours une cause légale»
Un patron à la dimension de l'Etat
Plus de quinze ans dans un bureau, on finit par connaitre tout le monde. Voir et revoir passer et repasser des émeutes, des grèves, des élections, des crises de clans, des limogeages de hautes personnalités, des nominations inédites, des incidents meurtriers, des inondations, du séisme, de la liesse populaire, des scènes de ménage politiques… c'est décidément avoir tout vu. En être le témoin indétrônable et le gérant de bord de toute une longue période bouleversée et bouleversante. Ca, ca ne peut être que de l'aubaine d'une dimension de d'un Etat. Avec le départ tragique du Directeur Général de la sureté nationale, l'Algérie n'a pas perdu un responsable plus qu'elle n'a perdu une mémoire, une conviction et une assurance. Un fondement de la sécurisation du pays. L'homme aurait officié sous deux présidents de la république et en présence de la moitié d'une douzaine de chefs de gouvernement. Car un responsable, il y en aura aussi longtemps que la pérennité de l'Etat subsiste. Mais une idée imbue de croyance de ce que l'on pense faire aux autres est, en soi une exception dans le giron des responsabilités. Le personnage du Directeur général de la police incarnait en son sein une personne à même de provoquer à chaque station, des défis difficiles à relever. Le gabarit que profilait Ali Tounsi distançait, avec le temps, les aléas et les équivoques la banale image d'un haut fonctionnaire. Pour dire que son métier n'était qu'une passion personnelle à la limite d'un challenge intuitu-personae. Ceci s'exprimait par la sérénité opérationnelle et la dextérité managériale que dégageait altierement la personnalité du défunt. Ceci est le témoignage de ceux qui l'ont approché. Ils y voyaient, en dehors d'un porteur de salut sécuritaire ; un homme ayant combattu pour la liberté, dévoué à sa mission, et aimant son pays jusqu'à mourir dans son bureau en plein service commandé.
Dans un écrit réalisé par le disparu, intitulé prémonitoirement «le mot de la fin» l'auteur se voulait plus que prophétique. Il en dit des choses qui auraient en toute évidence ; éclairé davantage le lecteur sur ses profondes convictions et ses intimes intentions. La police, chez son premier patron dépassait, dans sa vision la simple gestion d'un organe, censé être d'essence répressive. Il voulait, en fait il en a fait, un corps d'assistance, de vigilance et un instrument au service de la sécurité citoyenne.
Dans «son mot » il y est dit à ce propos «le citoyen est la base de la sécurité, la police n'en est que l'instrument».
Il savait par cet esprit perspicace déchiffrer les besoins recommandés par l'avenir d'un corps à rendre impérativement prestigieux et performant aux regards de ce qu'exigeaient les nouvelles donnes mondiales. D'une police usuelle, classique et routinière qui moisissait dans «les inerties du corps» il a fait jaillir progressivement une corporation moderne, efficace et flexible. La «police de proximité» chez son initiateur visait à tracter l'action populaire vers un «redressement national» par l'institution «de rapports fructueux» entre justement ceux qui ont le droit de bénéficier de la sécurité et ceux qui ont le devoir de la fournir. C'est une sorte de juxtaposition mutuelle d'efforts à consentir de part et d'autre. Le policier n'est plus ainsi le verbalisateur, le censeur de péchés ou le chasseur d'infractions mais aussi le moralisateur, le sauveteur, l'assistant et le vigilant gardien.
Le point axial dans toute la panoplie de la synergie qui animait le défunt demeurait sans doute cette « société moderne sécurisée ». A travers la quantité multiforme de programmes, d'actions, et d'initiatives, la sureté nationale s'était qualifiée par l'utilité conjoncturelle à devenir un modèle au plan des administrations de police arabes et africaines. La lutte contre le terrorisme, la haute criminalité, la délinquance, les autres fléaux tels que les délits économiques, le blanchissement d'argent, la drogue, le flux migratoire clandestin et toutes les activités transnationales, connexes et illégales en ont fait une élite digne d'être respectée et écoutée. Ceci nonobstant l'existence de remparts de résistance et une volonté clairsemée de poiroter le tout. Il en tenait tête même dans les cercles les plus rapprochés de la décision finale.
Ecole de Châteauneuf: Ecole de police Colonel Ali Tounsi ?
L'homme faisait de la formation son leitmotiv. Pour mieux servir, disait-il en guise de devise pédagogique, il faut mieux apprendre. Les écoles, leurs cursus, sa présence à toutes les sorties de promotions témoignent de l'intérêt qu'il accordait à l'enseignement spécifique de ses unités. La formation, qui chez d'autres n'est qu'une page aride dans un guide de modernisation ; chez lui était une condition de survie institutionnelle. Brassant large, il diversifiait le métier de policier par les actions spécifiées de l'heure. La société se devait de s'ouvrir sur une autre catégorie en genre de citoyens. La femme policière, dans un certain temps était un mythe, voire un tabou lourd à accepter. Tounsi en a cassé les verrous. A son habitude d'avoir cette studieuse propension à bouleverser l'ordre établi en termes de mœurs sociales maintenues à contrario des usages de modernité et de progression universelle, il ira tour à tour à faire de la promotion de la jeune femme algérienne une vertu cardinale, comme il honorait, rapporte-t-on à chaque occasion les moudjahidate. Il faisait ainsi une tangente linéaire claire entre un passé glorieux auquel il a participé avec lauriers et gloire et un présent pressant pour tracer indélébilement les contours certains d'un avenir aussi radieux, mieux loti et éternellement garanti. Voyant que la police nationale ne pouvait échapper à ce cliché tant collé dans le dépassement de prérogatives, d'irrespect de la dignité humaine, et d'entorses aux droits civils ; il y voyait que l'instauration des nouvelles technologies dans la recherche ou l'administration des preuves en matière criminelle s'avérait impérative d'avoir tous les atouts majeurs de la circonspection de la présomption d'innocence et l'assurance quant à la conservation des droits et libertés.
Le recours à la police scientifique préservait à juste titre le non recours à la brutalité. Il aimerait sans crainte oser dire, torture. « L'avancée dans l'introduction de la science a ôté toute occasion d'utilisation de la brutalité pour l'obtention d'aveux » avait-il affirmé dans son « mot de la fin ». Epris de justice, l'auteur rarement touché par l'écrit-mania, a laissé une empreinte fortement visible chez tous ses fonctionnaires. Les moins gradés, l'agent du barrage et du carrefour en compatissent lourdement, avons-nous constaté durant la journée du drame. D'une fermeté aimable et d'une mine profonde et joviale ; l'homme-colonel gérait son armée comme un général amoureux de ses troupes, en avant de ses lignes et emportant victoire sur victoire. Même sa mort est à prendre comme l'ultime victoire qu'il emporte face à un destin où la « brutalité » tant combattue par lui, l'aurait fait dire que le combat continue. En fait l'homme est parti. Il aurait laissé un double héritage. Le premier, celui d'un responsable à la vie mouvementée et remplie de péripéties, de moments forts et de réserves contraignantes et ce de bout en bout. Du début dans les affaires révolutionnaires et publiques à la fin de sa fin tragique. Le second, plus important est la peine cruelle à ressentir à l'éternité par une veuve éplorée et une famille dramatiquement chagrinée. Certes il y a beaucoup qui le pleurent. Mais pas aussi longtemps et sans cesse que ne le fera sa propre famille biologique. Celle d'obédience politique ou professionnelle sera vite désenchantée à l'accoutumée par l'amnésie et l'aisance de l'oubli et du temps. La nature humaine est ainsi faite. La déloyauté aussi ; est une nature de l'espèce humaine. Mes vives condoléances.


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