Tous les usagers de la corniche oranaise, surtout ceux qui viennent d'ailleurs, auront remarqué les nombreux automobilistes qui se font un devoir de klaxonner une fois arrivé sous le tunnel de la pêcherie. Un cortège de klaxon qui fait penser à un convoi de mariage ou autres joyeusetés du genre, et on en fait de même sous le pont annonçant Mers El Kebir. Pourtant, nombre d'automobilistes ne connaissent pas l'origine de cette «tradition». Il s'agit d'une coutume définitivement ancrée dans les moeurs locales consistant à saluer un certain Sidi El Bahri. Pour un connaisseur des lieux, un vieux natif de Sid El Houari, il explique cette pratique par ce qui suit: voilà bien longtemps, un chauffeur d'autobus, un Espagnol qui avait pour habitude d'assurer la desserte Oran-Aïn El Turck et qui était le seul sur la ligne, d'ailleurs, pour annoncer son arrêt klaxonnait sur différents points pour que les pêcheurs qui se trouvaient en contrebas puissent l'entendre. Et avant qu'on construise les palissades, les pêcheurs pouvaient descendre à pied jusqu'au contrebas au bord de la mer et ne pouvaient donc pas voir le car qui passait. Donc, ce chauffeur s'annonçait de cette manière pour que sa clientèle puisse monter jusqu'à à la route et prendre place dans le bus. Et c'est donc comme cela que cette pratique est entrée dans les us locaux. Et comme la mer et ses lieux constituent un riche trésor pour l'imagination, il en est de ces chroniques qui peuvent être vraies ou imagées, mais qui donnent toute l'épaisseur à ces légendes qui ne meurent pas. Une autre version de la légende parle d'un camp de prisonniers que les automobilistes, pour marquer leur solidarité, klaxonnaient en guise de salut.
