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Le coffre
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 18 - 10 - 2010

La femme approche sa tête enveloppée dans un foulard gris du visage cireux de son mari, et ses yeux plissés fouillant les yeux éteints de l'homme couché dans le lit, d'une voix qui semble parasitée par l'émotion ou peut-être par de l'irritation, grave et sérieuse, elle prononce ces paroles : « Si tu as des choses importantes à me communiquer, je suis là à tes côtés.
Mon devoir est de t'écouter. Je resterai ici à ton chevet, jour et nuit, si tu le désires. Ton gendre, l'époux de ta fille aînée a fait un rêve la nuit dernière. Serviable, toujours prêt à nous aider, à six heures du matin, tout juste après la prière de l'aube, il était là pour me raconter son songe. Il m'a dit qu'il t'a vu me confier un coffre en bois doré assez volumineux en me recommandant d'en prendre soin. Tu sais que j'aurais écouté avec une seule oreille ce genre de paroles, ne leur accordant que l'intérêt mesuré qu'on accorde à un rêve, mais provenant de la bouche de notre gendre, ces mots contiennent certainement un sens profond et un message important. C'est un homme très pieux qui ne rate jamais la prière ! ... Hier encore, il me disait des choses pleines de sagesse et de vérité ! Il m'a dit que les gens oublient souvent que la mort peut frapper à n'importe quel moment, et insouciants, comme s'ils allaient vivre éternellement, ils négligent de faire et de dire certaines choses qui pourraient éviter à leur famille des tourments et des peines inutiles, parfois même un désordre violent pouvant entraîner des drames sanglants, que Dieu nous préserve ! ... Sache aussi qu'il m'a affirmé qu'il a fait ce songe sept fois de suite pendant la même nuit ! Et ta fille m'a rapporté que quand il fait le même rêve plus de trois fois, il faut l'écouter ! C'est un don que Dieu lui a accordé ! C'est pourquoi, je suis là à tes côtés. Au cas où tu aurais des choses importantes à me communiquer. Je resterai ici à ton chevet... Tes enfants et ton gendre sont dans la pièce mitoyenne... Ils attendent... Ils prient Dieu de te débarrasser de cette bête qui te ravage le ventre depuis deux mois... C'est Dieu qui a voulu que tu sois malade, et nous ne pouvons qu'accepter Ses volontés... Que sommes-nous pour nous révolter contre les décisions de notre Seigneur ? Des insectes ! De pitoyables insectes... » La femme s'interrompt, et tendant les oreilles, elle fixe des yeux les lèvres violettes de son époux, prête à enregistrer tous les sons qui sortiraient de sa gorge. Des cris et des miaulements furieux remplacent son discours. Dans la rue, des gamins tourmentent un chat en hurlant des grossièretés énormes, baignant dans une insouciance et une ignorance qui atteignent l'homme malade et alité comme des coups de couteau dans le cœur.
C'est fini et il le sait. Il n'a plus que quelques instants à vivre. Bientôt, il va être un cadavre grouillant de vers, pourrissant dans un trou comblé de terre, pour que les autres puissent continuer à vivre. Les cris des garnements s'éloignent et il tourne son regard vers sa femme assise en tailleur à son chevet.
Quand il prend la parole, sa voix est lasse et chargée de haine. Il murmure : « Je t'ai comprise, vermine... Tu es sûre que je possède beaucoup d'argent et tu veux que je te dise où j'ai caché ce magot... Tu crève de peur que je rende l'âme avant de te révéler le lieu du trésor... Et les escargots baveux que ton ventre a mis au monde attendent à côté la bonne nouvelle, brûlant de fièvre, tremblant de frousse comme toi... Même le sac à graisse qui a épousé ta fille, ce tas de viande flasque, veut sa part du gâteau... Avec ta suspicion gluante et sale, tu as contaminé tout le monde... Tu as élevé mes enfants comme on élève des traîtres... Des sournois... »
L'homme se tait un instant pour reprendre haleine. Le silence est lourd. Une odeur nauséabonde emplit toute la pièce. Enveloppée dans un tas de robes et de foulards, la femme reste immobile et muette comme si elle n'a rien entendu. Mais ses oreilles sont toujours aux aguets. Elle est persuadée qu'il finirait par parler. Quelques minutes passent puis le malade reprend la parole : « Où est ma mère ? Où es-tu maman ? Je ne veux pas mourir entre ces étrangers... Viens maman ! Joue avec tes doigts tatoués dans mes cheveux... Serre-moi dans tes bras... J'ai froid... Chasse ces mains osseuses et glacées qui me tirent par les pieds... Vers où me traînent-elles ? Je ne veux pas mourir... Maman, enfonce tes mains douces dans mon ventre et tue la bête qui me dévore de l'intérieur... Je veux me lever et courir dans la maison comme lorsque j'étais un enfant... Tes yeux avec plein d'étoiles brillantes... Ta voix avec plein de mots gentils... Et tes mains et tes lèvres qui se tendaient vers moi, jamais assouvies de mon corps... Où es-tu maman ? ... Pourquoi m'as-tu enfanté » ? Pourquoi je ne peux plus courir ? Pourquoi laisses-tu ton enfant pourrir ? ... »
Encore une fois, l'homme s'arrête de parler et ferme les yeux. Un moment plus tard, brusquement, avec une force étonnante dans un corps aussi ruiné, sa voix brise le silence et épouvante son épouse : « Le coffre ! Oh ! Mon Dieu ! Le coffre ! Le coffre ! » Après quoi, avisant sa femme à son chevet, il crie : « Que fais-tu ici ? Pourquoi es-tu tout le temps en train de me surveiller ? Lève-toi et sors d'ici ! Envoie-moi mon fils aîné ! Dis-lui de venir ! J'ai besoin de lui parler ! Lève-toi ! »
La femme sort, et quelques secondes après, le fils pénètre dans la pièce et se dirige vers le lit où l'attend son père, les yeux humides et le visage ravagé par le chagrin. Il s'installe sur le matelas qu'occupait sa mère, prend la main décharnée du malade dans la sienne et dit : « Je suis là papa. Maman m'a dit que tu veux me voir. Je t'écoute papa. » Le malade pose ses yeux éteints sur lui et murmure : « Ecoute-moi bien, mon fils ! Tu vas d'abord poser ta main sur le Livre Sacré et me jurer que tu exécuteras à la lettre tout ce que je vais te demander de faire ! »
Sa présence auprès de son père n'a pas duré longtemps. Quand il rentre dans la pièce où l'attendent sa mère, ses frères, ses sœurs et le mari de sa sœur ainée, tous les regards scrutent ses yeux, étincelants et pleins d'espoir, enfiévrés... Mais il ne dit rien, et le visage fermé, il quitte la chambre et se dirige vers la porte d'entrée, ouvre et sort. Alors, sa mère se tourne vers ses autres fils et son gendre et leur dit : « Vous allez le surveiller sans arrêt ! Je ne veux pas qu'il échappe à vos yeux ! C'est son préféré ! Il n'aime personne en dehors de lui ! En plus, un homme qui a juré de ne jamais prendre femme est douteux comme une eau trouble et appelle la méfiance ! Ce manège ne me plait pas du tout ! Pourquoi l'a-t-il demandé auprès de lui ? Surveillez-le attentivement ! Allez-y mes enfants ! Que Dieu vous garde pour moi ! »
Les fils et le gendre quittent la maison, le corps gouverné par ces consignes. Dehors, il fait nuit. Des étoiles mortes depuis longtemps continuent de briller dans le ciel... Trois heures plus tard, ils sont de retour. Le gendre porte dans ses mains un coffre en bois fermé avec un cadenas. Il dit : « Nous l'avons suivi comme tu nous l'as demandé maman ! Il s'est dirigé vers le magasin, a ouvert la porte et s'est enfermé à l'intérieur. Nous sommes restés dehors, bien cachés pour le mettre en confiance. La nuit nous a aidés. Environ deux heures plus tard, une fois persuadé que les rues étaient désertes, il est sorti avec ce coffre dans les mains. Nous lui avons d'abord donné le temps de fermer la porte du magasin, ensuite, nous nous sommes dirigés vers lui. Lorsqu'il nous a vus, il l'a serré contre sa poitrine et s'est mis à courir. Mais nous avons été plus rapides que lui. Voyant qu'il ne voulait pas lâcher le coffre, ses frères l'ont assommé.
Ils ont été obligés de le faire, je suis témoin. Voilà ce qui s'est passé maman et voici le coffre. Mais nous n'avons pas trouvé de clé sur lui. Il faut donc briser le cadenas. »
On brise le cadenas. Le cœur battant violemment, les filles, les fils et le gendre observent la mère soulever doucement le couvercle qui grince dans le silence lourd qui les enveloppe. La main de la femme reste suspendue dans le ciel.
Les yeux s'écarquillent. Alors qu'ils s'attendaient tous à des tas de billets de banque, ce qu'ils découvrent à l'intérieur du coffre les pétrifient, leur coupe le souffle. Il y avait, là-dedans, entre autres objets, une robe en soie rouge, une perruque blonde, des bâtons de rouge, des sous-vêtements féminins, des escarpins, des bas fins, des flacons de parfum et une sucette pour bébé.
Brusquement, la femme abat sa main sur le couvercle, le ferme et déclare : « Je savais qu'il me trompait. Depuis longtemps, je savais qu'il vivait avec une autre femme. Vous comprenez maintenant pourquoi il couchait dans son magasin. Il nous a tous trompés. Ce n'était pas pour surveiller ses marchandises comme il le prétendait. Mais c'est un homme et le Seigneur a créé les hommes ainsi. Maintenant, je vais aller brûler ces vêtements dans la cuisine. »
Ayant parlé, la femme se dirige vers la cuisine, entre et ferme la porte derrière elle. Elle pose le coffre sur la table, l'ouvre, prend des sous-vêtements et les approche de son nez. Ils étaient imprégnés de l'odeur de son mari... Après avoir brûlé ces effets, elle gagne la pièce où se trouve son époux malade. Elle tend une main tremblante vers sa tête et lui caresse doucement les cheveux. Il ouvre les yeux et demande : « Qui es-tu ? » Elle répond, deux grosses larmes aux coins des yeux, le visage illuminé par un sourire : « C'est moi, je suis ton épouse ! » Alors, il reconnait sa femme et lui demande : « Mais où était-tu avant ce jour ? Dis-moi ! » Alors, elle répond : « Je suis là maintenant ! Repose-toi ! »


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