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Jean-Marie Pinel, PDG de KPMG Algérie, à MAGHREB EMERGENT ET Le Quotidien d'Oran : «J'ai rectifié des étrangers convaincus que l'Algérie interdit le rapatriement des dividendes»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 09 - 11 - 2010

Le cabinet KPMG Algérie, installé depuis 2002, détient un portefeuille clients d'environ 80 entreprises. Il a aujourd'hui le recul suffisant pour parler du climat d'affaires dans le pays. Son PDG, Jean-Marie Pinel commente pour nous les récentes modifications à la législation relative au commerce extérieur et aux investissements étrangers.
Il nous explique que lorsque la communication (officielle) fait défaut, les décisions de l'Algérie peuvent être perçues de manière assez caricaturale.
Dans l'introduction du «Guide investir en Algérie – 2010» de KPMG, il est écrit que vous ne pouvez garantir que les informations fournies «seront toujours exactes à une date ultérieure». Cette mise en garde est-elle due à l'instabilité de la législation algérienne ?
Jean-Marie Pinel : Pas du tout. Nous disons cela dans tous nos guides, parce que le législateur, algérien ou autre, adapte toujours ses lois au marché et aux besoins du pays. Le même guide que vous pourriez lire en France est toujours à jour le 1er Mai. C'est-à-dire, qu'à cette date, nous nous engageons que les informations sont exactes, mais nous ne pouvons garantir qu'il n'y aura pas de modifications après cela. Donc, quel que soit le pays, nous mettons toujours cette mention.
Comment percevez-vous les changements apportés en matière d'investissements, depuis la LFC 2009, et qu'en disent aussi vos clients ?
JMP : Franchement, concernant les raisons avancées par les pouvoirs publics algériens pour expliquer ces changements, à savoir que l'Etat veut réduire les dépenses d'importations, nous les partageons à peu près à 100%. La réponse a été de rendre plus difficile le commerce pour favoriser l'industrie. Cependant, ce n'est pas la faute aux commerçants. Le montant des importations suit à peu près la rente pétrolière qui est mise sur le circuit économique. Je comprends la logique qui veut réduire les importations financées par les recettes pétrolières. Ce que je comprends moins, c'est que 75% du budget 2010 est financé par la rente pétrolière. C'est de l'argent qu'on met sur la table, et si vous n'avez pas en face les entreprises, en raison des contraintes qui empêchent la fluidité de création d'entités et leur développement, la seule réponse reste l'importation.
Imposer le Credoc y compris pour les entreprises de production était-ce la bonne réponse ?
JMP : En effet, l'entreprise algérienne industrielle est assez fragile pour ne pas lui en rajouter encore.
Beaucoup pensent que l'exigence d'un partenariat 51-49% en faveur de la partie algérienne dans tout projet d'investissement étranger est un obstacle, notamment lorsqu'il s'agit d'un apport de savoir-faire.
JMP : Si vous me demandez d'investir dans une industrie qui utiliserait des produits pétroliers dont le coût est inférieur aux cours mondiaux, je crois que personne ne refusera même à une participation très minoritaire. Je pense qu'il faut essayer de trouver avec les entreprises étrangères le moyen de leur faire partager le savoir-faire qu'ils détiennent. Est-ce qu'il existe une solution unique qui serait le 51-49% ? Je n'en suis pas sûr. Il y a peut-être des cas où l'Etat algérien devrait accepter de donner plus au partenaire étranger qui ramènerait de la haute technologie qui serait justement la plus-value dont bénéficierait l'Algérie. Mais il est certain que la partie incorporelle (savoir-faire) est plus importante que la partie matérielle (niveau d'actionnariat). Par contre, s'il s'agit d'une simple chaîne de fabrication 51% (pour la partie algérienne) serait peut-être insuffisant. En fait, tout dépend de la nature du projet.
Il y a, par contre, d'autres freins à l'investissement qui tiennent plus aux formalités et lourdeurs administratives, ainsi que les problèmes de relations avec les banques publiques. Il y a des pays qui ont parfaitement réussi à instaurer une administration efficace tout en n'étant pas pesante. La difficulté de la création industrielle vient peut-être de cela. L'industrie algérienne se développera peut être plus dans les hautes technologies et le savoir-faire que dans les métiers de base.
Quelles sont les plus fréquentes questions que vous posent vos clients qui souhaitent s'installer en Algérie ?
JMP : Les investisseurs potentiels veulent êtres sûrs qu'ils pourront rapatrier leurs dividendes. L'Algérie est parfaitement claire là-dessus, il y a des contrôles, il y a des difficultés, mais il n'y aura pas d'opposition pour le rapatriement. Il y a aussi les questions relatives au foncier, à l'informel, à la formation, et le secteur bancaire.
Quelle est la nature des difficultés pour le rapatriement ?
JMP : Quand il y a une communication assez sommaire, ce qui arrive souvent, à l'étranger c'est perçu de manière très caricaturale. Souvent à l'étranger on dit qu'on ne peut pas rapatrier les dividendes. Même à l'intérieur de notre Groupe j'ai entendu dire cela. Je leur dis non, il y a certes des formalités de contrôle qui sont lentes, mais les dividendes légitimes peuvent êtres rapatriés. Il n'y aucune opposition de principe.
Cette lenteur n'est-elle pas préjudiciable aussi ?
JMP : Tout ce qui ralentit est préjudiciable, mais vous avez quand même un marché qui est porteur. Mais la question qu'il faut se poser c'est qu'en Algérie n'est-il pas plus facile de vendre que de créer une entreprise industrielle ?
Est-ce le cas ?
JMP : Dans un passé récent ça l'était. Mais, aujourd'hui, nous manquons de recul pour le constater depuis les nouvelles mesures introduites par la LFC 2009. Quand vous voyez que les droits de douane diminuaient continuellement, pourquoi venir investir dans la production, former du personnel, affronter les difficultés liées à toute industrie, alors qu'il est plus facile de vendre. Donc les restrictions à l'importation ont au moins permis de se poser des questions. Je pense que l'effort à faire c'est de faciliter l'installation des industries.
La difficulté de trouver des compétences algériennes n'est pas posée ?
JMP : Si on veut trouver des gens formés aux méthodes occidentales et qui ont 35 ans, je dirais que c'est un peu difficile. Mais si l'entreprise accepte de former, elle n'aura pas de difficultés parce que les jeunes diplômés algériens ne demandent qu'une chose, c'est d'apprendre.
Y a-t-il des questions d'ordre sécuritaire ?
JMP : Très franchement je n'entends plus parler de cela. Il y a quand même des pays bien plus risqués. Regardez la ligne aérienne ouverte récemment par Aigle Azur entre Paris-Baghdad, il y avait quand même 110 personnes à bord dont une cinquantaine de chefs d'entreprises.
Comment évolue KPMG Algérie depuis sa création en 2002 ?
JMP : En fait, notre premier contrat a été signé en 1998 avec une holding mécanique, dans lequel nous nous étions également engagés à créer KPMG Algérie. Ce qui a été fait en 2002. Nous avons eu un départ difficile. Mais à partir de 2004 qui correspondait aussi à une embellie économique de l'Algérie, nous avions mis le paquet et KPMG s'est bien développée. Il y a eu un ralentissement avec la crise économique mondiale, mais je pense que ça va repartir. On sait aussi que les lois sont mises en place et auxquelles nous nous adaptons parfaitement. On sait aussi que ça n'ira pas plus loin.
Vous comptez combien d'Algériens parmi vos effectifs ?
JMP : Nous avons démarré avec 75% d'étrangers, et nous sommes actuellement plus de 90% d'effectifs algériens. Ces professionnels sont appréciés puisque nous faisons maintenant régulièrement des missions en Afrique sub-saharienne à partir d'Alger malgré la présence dans ces pays de bureaux KPMG. Franchement, on n'avait pas espéré aller aussi loin, aussi rapidement. Et au printemps prochain, on sera probablement deux étrangers sur une centaine de personnes. On avait également décidé, au lancement du cabinet, donc bien avant la LFC 2009 prévoyant les 51-49%, que les collaborateurs algériens seront associés au capital de KPMG Algérie à hauteur de 50%, pas parce qu'ils sont algériens, mais parce que ça se passe comme ça chez KPMG partout dans le monde. Pour l'instant il n'y a que trois associés algériens, alors qu'à terme nous prévoyons qu'il y en ait 25 ou 30. Pour être associé au capital il faut avoir au moins 10 ans chez KPMG. Un associé c'est quelqu'un qui dirige tout un portefeuille. Tout ça va se faire dans le temps, avec la montée en puissance de l'expérience et de la compétence. Chaque année il y aura 2 ou 3 associés qui seront nommés, parce qu'ils ont des responsabilités auxquelles doit correspondre une association.
Comment a évolué votre portefeuille clients ?
JMP : Il faut savoir qu'aucune des grandes entreprises du monde n'est auditée par un autre cabinet que les «big four» (les 4 grands cabinets d'audit : KPMG, Ernst & Young, Deloitte, Price Water House Coopers). Tout simplement parce que ces entreprises ont besoin d'argent, que leurs actions en Bourse soient de mieux en mieux cotées, et que malgré tous les défauts que nous pouvons avoir, la communauté internationale nous fait confiance.
Ensuite il y a un problème technique. Quand vous avez des sociétés qui sont présentes dans 90 pays, et qu'elles doivent, pour montrer la maitrise de l'information financière, publier leurs comptes très rapidement, c'est-à-dire un mois et demi après la date de clôture. Et les «big four» répondent parfaitement à ces exigences.
Pour revenir à votre question, nos premiers clients ont été les compagnies internationales présentes en Algérie (qui représentent 90%), et des entreprises privées algériennes (tous secteurs confondus) dont le capital n'est pas détenu par des étrangers. En tout, ça donne environ 80 entreprises. Nous avons aussi participé à des études d'évaluation d'entreprises publiques, dans le cadre des privatisations. Avec les entreprises publiques, dont les banques, nous travaillons aussi dans le cadre des appels d'offres.
Les sociétés privées algériennes ont-elles peur d'entrer en Bourse ?
JMP : L'entrée en Bourse c'est pour avoir des capitaux. Mais jusqu'à maintenant, y a-t-il tellement d'entreprises qui ont besoin d'entrer en Bourse ? D'autant qu'il faut qu'elles soient de tailles suffisantes, sinon elles sont vulnérables et ça devient risqué pour les souscripteurs. Ensuite il faut qu'elles aient besoins de financement, et il y a d'autres solutions pour cela que la Bourse, notamment le recours au marché obligataire. Le choix de l'une ou de l'autre des solutions dépend de la rentabilité financière, car une fois en Bourse, une entreprise est obligée de distribuer des dividendes. Je pense que la règle des 51-49% de participation des étrangers va aider l'introduction en Bourse des entreprises de droit algérien.
La nature familiale de l'entreprise privée est-elle un frein à l'entrée en Bourse ?
JMP : Je ne pense pas. Parce que dans tous les pays du monde les entreprises ont été, à leur début, des entités familiales. Il y a beaucoup d'entreprises familiales en Europe qui sont en Bourse. En France, les sociétés qui appliquent strictement les règles de la «corporate gouvernance» sont toutes cotées en Bourse (CAC 40). Les sociétés qui appliquent plus ou moins bien ces règles, sont ceux dont la partie en Bourse est proche des 50%. Et puis vous avez des entreprises qui n'appliquent pas ces règles parce qu'elles ont en Bourse 15 à 20% uniquement de leur capital, parce qu'elles font moins appel au marché financier et, donc, elles subissent moins son influence. Appliquer les règles de corporate gouvernance veut dire mettre dans le conseil d'administration des gens de divers horizons en tant qu'actionnaires, assurer un minimum d'information détaillées, nommer un comité pour nommer les administrateurs, ou fixer la rémunération du PDG… etc.
On peut comprendre qu'un patron qui détient la totalité du pouvoir ne veuille pas en déléguer une partie. Mais d'autres le font et leurs entreprises se portent très bien.


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