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Un jour, ça sera votre cuisinier
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 20 - 11 - 2010

Tout le monde le sait,sauf le Pouvoir: l'immigration clandestine ou pas n'est pas une question de pain mais de loisirs. Les Algériens ont créé une immense camisole de force pour le corps, le rire et le loisir, contre laquelle il n'existe que deux moyens : prier Dieu frénétiquement ou prendre la mer sous son aisselle pour se chercher un pays plus vaste que sa propre chaussure.
Voici une histoire qui est une vraie collection de symboles : les danseurs, des danseurs du Ballet national algérien, demandent asile au Canada où ils avaient été invités à donner un spectacle. Le spectacle était pour commémorer le 1er novembre et les danseurs ont conclu qu'il ne faut pas qu'ils refassent la même erreur que les martyrs. Ils se sont dit qu'il vaut mieux se libérer soi-même que de libérer une terre pour un autre colon nationalement triste et peu engageant. Donc, les danseurs ont décidé de ne pas revenir, réduisant encore plus la population, déjà proche du zéro, des gens qui dansent dans ce pays.
La raison ? Là aussi on est dans le symbolique pur, le condensé de sens, le chevauchement des significations : s'il y a quelqu'un qui a vraiment envie de partir de chez nous, cela ne peut être qu'un danseur. D'abord parce que ce n'est pas un art chez nous, mais un immoralisme sexuel. Ensuite, le corps souffre énormément en Algérie : il ne peut pas bouger, s'exprimer, se reproduire dans la beauté, se dévêtir, se frotter sans violence, s'affirmer ou être en bonne santé. Un danseur est donc le malheureux national qui a le plus besoin de partir : son corps est refusé, peu admiré, son art est assimilé à une faute, sa vocation n'est pas hallal et personne ne l'admire parce qu'il n'incarne pas un cadavre de martyr ni celui d'un kamikaze. Danseur de ballet dans un pays triste et sans loisirs n'est pas un avenir. Tôt ou tard, cela devait arriver : on a exilé le chant, le raï, il devait s'ensuivre une immigration du corps qui danse. Cela va de pair entre le cor et le cri. Rien ne pouvait donc illustrer, incarner et symboliser mieux les raisons du désir de partir que le cas des danseurs du Ballet national qui ne veulent plus revenir : chez nous, on ne s'amuse pas.
Et si des danseurs algériens qui sont à Alger, employés d'un Ballet national, n'en peuvent plus de ne pas s'amuser et exploser, que dire du jeune Tchaïkovski Mohand de Oued-interruption qui, dans un village vide, n'a rien et est forcé de lui tendre la main ? Que dire du reste du pays pour lequel le Pouvoir, dans sa terrible vocation de mangeoire, a cru que la solution est d'offrir des locaux et pas des occasions de rire ? Que dire de toute la surface du pays qui est aussi amusante que la présidence et ses légendaires froncements de sourcils pratiqués comme signe ostentatoire de Pouvoir ?
Pour le cas des danseurs du Ballet national, la crise est immense: des diplomates, qui ne vivent pas à Oued-interruption quantique, ont même expliqué que si l'asile est accordé aux danseurs, ce sont les relations algéro-canadiennes qui seront menacées.
Il y a de la rage dans les airs, du scandale, du dévoilement. Tout est fait pour ramener ces fugueurs même dans des valises diplomatiques : même leurs familles, même la matraque, même la menace. L'affaire est sérieuse : si des danseurs du Ballet national arrivent à obtenir l'asile au Canada, demain, c'est le cuisinier d'une institution étatique qui prendra la tangente à l'occasion de n'importe quel voyage d'Etat.


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