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Un seul perdant, l'Algérie
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 02 - 2011

«Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force». Pascal
Il y a décidément des tics, des T.O.C, diraient les psychiatres, qui ont la vie dure, reproduits à l'identique, qui traversent l'espace temps algérien avec une paresse intellectuelle qui fait honte dans un pays qui regorge de talents ici et dont beaucoup rayonnent littéralement à l'étranger. «En cette période cruciale que traverse l'Egypte, l'Algérie réaffirme avec force son attachement aux liens historiques et sa fraternité qui unissent les deux peuples algérien et égyptien». Après s'être assuré bel et bien que le dictateur du Caire était bien exfiltré, que la majorité des pays qui comptent sur terre avaient pris des positions, comme ci ou comme ça, avant, pendant et de suite après la mise à la porte de Moubarak, le MAE du pays, qui était il y a deux décennies à la pointe dans des affaires du monde, s'est fendu d'un communiqué d'une pauvreté absolue qui jure avec la flamboyance et le lustre d'une époque où l'Algérie avait une politique étrangères qui compensait quelque part les déficits de légitimité démocratique du régime.
En Tunisie, autre «sœur», des pays européens s'empressent de prendre position, d'envoyer de hautes personnalités (politiques, industrielles, du tourisme, culturelles, économiques, à quelques mètres de la frontière algéro-tunisienne), l'Algérie fait profil bas à part des titres de la presse privée qui disent haut et fort la nature des régimes arabes dirigés par des vieillards à bout de souffle, assistés par des opposants de droite, de «gauche» et des technocrates incompétents, tous accrochés aux tétons de la rente, de la subvention, aux quotas «parlementaires» et autres joyeusetés propres aux systèmes sous-développés, objets de masters dans les grandes universités de la planète. En Egypte, les choses vont vite, et l'armée donne déjà rendez-vous dans six mois, nécessaires pour parachever le processus institutionnel exigé par la rue. Si personne ne peut aujourd'hui prédire l'évolution et les résultats de la gigantesque et superbe irruption populaire dans le champ politique au pays de Aswany, nul ne peut contester des données objectives. Les forces armées du Nil ont une supériorité politique, intellectuelle et professionnelle qui dépasse de très loin les armées arabes. Ces dernières sont, contrairement à l'Egypte, l'image exacte des chefs des partis au pouvoir, sans consistance ni personnalité politique, courtisans aux cerveaux bloqués sur l'époque de Brejnev, des «unions nationales» des travailleurs et des rites de la moubayaa actionnés lors des commémorations symboliques. Les élites d'Egypte ont elles aussi des ancrages, une crédibilité, des engagements progressistes et des échos au sein de la société, très loin devant celles des autres pays arabes. Ce que l'armée, les partis et regroupements d'opposition vont faire de l'énorme trésor qui leur est confié, en partage, par la société, après une épopée qui fera date dans l'histoire de l'humanité, de l'Egypte, l'avenir très proche (dans six mois) le dévoilera aux yeux du monde, ébahis et ceux dilatés des apparatchiks arabes, anesthésiés par le stress et la panique.
Il en est de même pour la Tunisie qui a été la première à faire tomber un potentat plié par la maladie, l'âge et le nombre effarant de crimes, d'actes de torture, d'exilés, de milliards de dollars détournés par un satrape, sa famille et sa meute qui a dépecé un pays, une nation. Au pays du jasmin, si raillé pour son pacifisme, les choses avancent assez vite malgré des secousses, des manifestations, des impatiences légitimes et l'explosion de rancunes, d'humiliations, de frustrations longtemps contenues. Aux générations usées, corrompues, illégitimes, succèdent celles de l'Internet, de Facebook, de la communication en direct, des métissages, des ONG, des réseaux internationaux, des chasseurs de prédateurs, des tribunaux internationaux. Ce nouveau monde est absolument inconnu des dirigeants sinon négligé par arrogance et absence de perspectives. Il est clair que, dorénavant, les dirigeants, coupables aux yeux des peuples et de l'Occident, seront traqués à la loupe, ainsi que leurs familles, leurs amis et ceux qui ont appliqué leurs ordres. Les listes de leurs biens, de leurs avoirs, de leurs crimes seront mises au jour par leurs peuples aidés par des tribunaux, des juristes, des ONG, des médias après des «aveux spontanés» d'anciens sbires. Le monde arabe change devant nos yeux, à la vitesse de chaque pays, selon les qualités d'organisation des élites et de l'opposition et selon la volonté politique de tous ceux qui savent que l'avenir est aux réformes et à la démocratie à l'intérieur et à l'extérieur des systèmes en bout de course.
Les régimes de plus en plus contestés menacent des équilibres mondiaux par leur seule existence et inquiètent des alliés, des sponsors, eux-mêmes à la veille d'une élection importante (France), bousculés par l'opposition (U.S.A.), observés par des opinions et des médias libres et surtout par des peuples en rébellion ouverte contre des dictatures ou des gouvernances «soviétiques». Toutes les grandes démocraties échaudées par leur retard d'allumage (Tunisie, Egypte) «conseillent» vivement aux gouvernants arabes, aux armées d'aller toutes affaires cessantes, de lâcher si nécessaire des dirigeants détestés par les populations, les élites et les médias et de provoquer des réformes d'ordre politique, médiatique, culturel, économique, pour les droits de l'homme et l'égalité des sexes. Combien de régimes arabes, très dépendants dans les secteurs névralgiques, peuvent dire, haut et fort, non aux U.S.A. et à l'Europe réunis ? Peut-être les «révolutionnaires» arabes si proches des systèmes et si loin de l'opposition et de la mondialisation.
L'Algérie est réellement à un carrefour. On a essayé, et on le fait encore, de l'antikabylisme abject, sous couvert de «position politique» de bas étage. On a fait de la laïcité l'égale de l'athéisme, du chrétien algérien,l'ennemi essentiel, du francophone le supplétif de la D.G.S.E., de l'arabophone un attardé mental (voir les créateurs égyptiens, libanais, palestiniens, tunisiens, etc.), du technocrate plus militaire que compètent le destructeur de l'économie, du combat au maquis une couveuse de moudjahidine jusqu'en 2038. On recherche désespérément une politique industrielle, culturelle, éducative, en évitant soigneusement les jeunes capables de les faire, etc. etc. Il est encore temps d'opérer le redressement vital pour la société, de libérer les énergies, la création, les médias, les entrepreneurs et de tarir les sources de l'argent sale qui enrichissent dans l'informel des fauves qui dominent l'Etat et le pays.
S'adresser aux seuls estomacs, aux sans logement est une politique de loin dépassée, car faite de mépris pour les «gueux» qui ne sont ni de droite ni de gauche, mais des humains qui ont une dignité et des cerveaux dont des milliers sont plus ouverts et plus intelligents que ceux de nombreux chefs apparents.
Sans nul doute, l'Algérie fait partie des pays qui ont connu et connaissent des secousses de différentes nature et intensité, qui ne laissent intacts aucune région, aucun secteur, aucune génération. Aucune personne adulte, sérieuse, ici ou à l'étranger, ne peut nier un réel vécu chaque jour.
Des experts, des acteurs politiques, des commentateurs dans la presse privée, exclusivement, expliquent, depuis des années, des causes systémiques d'ordre politique et proposent des dizaines de pistes et de remèdes démocratiques pour que la société, le pouvoir et l'opposition discutent loin des pressions extérieures. Sans aucun résultat digne d'être observé. Or c'est le pouvoir qui a le pouvoir, comme dirait le héraut des évidences, qui contrôle d'une main de fer les médias lourds pourtant sans utilité. Après la démonstration de force unique lors des marches et manifestations du 12 février dernier dans plusieurs villes du pays, l'Algérie et le monde, sidérés, ont eu droit à des commentaires sportifs du ministre de l'Intérieur qui aurait gagné son…match face à quelques centaines de concitoyens pacifiques. Consternante est la baisse du niveau de la parole politique de certains ministres! Mais, effectivement, il y a un seul perdant. Ce n'est pas la coordination qui organise et manage les marches, ni le «baltagui» qui grappille des sous puisés dans les impôts des manifestants, ni les leaders et les anonymes de l'opposition. Des artistes qui font honneur à leur art, des écrivains, des anonymes ont bougé en Algérie et à l'étranger. En Algérie, la répression a été plus que disproportionnée, offrant une hallucinante image d'un pays à feu et à sang.
En temps réel, les Algériens d'ici et à l'étranger, les gouvernants et les peuples ont suivi l'évènement sur les chaînes d'information, généralistes, dans toutes les langues. De son côté, l'ENTV, depuis longtemps coupée de son humus… Le perdant donc est celui dont l'opinion est extravertie, confiée aux TV étrangères, qui voit des Algériens se faire tabasser par des compatriotes. Le gouvernement américain appelle «les forces de sécurité à la retenue» et réaffirme son «soutien aux droits universels du peuple algérien, y compris les droits de réunion et d'expression». Le perdant est celui sur lequel s'exerce la pression US. De son côté, le quai d'Orsay demande, en Algérie, des «manifestations libres et sans violence. Dans le silence des rentiers des légitimités «historique» et «révolutionnaire». L'U.E. s'exprime aussi dans le même sens que la France et l'Amérique. Le perdant doit riposter à qui ? Les grandes puissances, qui avaient eu des retards à l'allumage pour la Tunisie et l'Egypte, vont être sans pitié pour les dirigeants arabes et plus proches de peuples capables de tout. Pour préserver leurs intérêts, calmer des opinions et des médias nationaux, les USA et l'Europe vont jouer la carte des peuples.
En Algérie, les pressions extérieures vont continuer. Des ONG, des associations, des juridictions internationales ne vont plus lâcher les prédateurs tunisiens et égyptiens, pas plus que les milliardaires des autres pays arabes. A ce jour, il y a dans ce pays un grand perdant, c'est l'Algérie. M. Bouteflika est à la croisée des chemins. Un rajeunissement rapide de la gouvernance, l'éloignement du champ politique des affairistes, des conservateurs, de l'arrogance, de l'incompétence grand format, d'une faune de rapaces, une lune de miel entre le pays et ses médias… Le Président le veut-il ? Le peut-il ? et en a-t-il les moyens? A ce jour, c'est l'Algérie qui perd et non pas un gouvernement ou un ministre. Va-t-elle encore perdre ce samedi 19 février 2011 ?


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