Aouita, l'une des légendes du demi-fond mondial, reconverti en consultant d'une chaîne satellitaire, était convaincu que Mekhloufi Toufik allait briller lors des J.O de Londres. Seul un dernier carré d'irréductibles pessimistes avait émis des réserves sur le pronostic d'Aouita. Or, le coureur algérien a prouvé qu'il est de la lignée de ses glorieux prédécesseurs, Aouita, Morceli et El-Guerroudj. Est-ce un hasard ou un indice qui appelle à de profondes réflexions ? Toujours est-il que l'Algérie et le Maroc produisent cycliquement des champions hors-normes dans cette spécialité reine du demi-fond, le 1.500m «pendant» des courses de vitesse, le 100 m. Sur ce genre de courses, le sens tactique revêt une importance capitale. Combien même convaincus de la classe de notre représentant, nous avions tout de même des inquiétudes à propos de sa blessure au genou, blessure dûment constatée par les membres de la fédération internationale après qu'elle eut éjecté Mekhloufi de l'épreuve du 1.500, «pour manque de combativité dans le 800m» où notre champion n'avait pas terminé la course. Dans ce cas de figure, les médias sur place ont pointé un doigt accusateur vers les responsables de la délégation algérienne. Cependant après étude approfondie de son «cas», Makhloufi a été réintégré et autorisé à s'aligner sur le 1.500 m. Il n'empêche que Mekhloufi l'a échappé belle lorsqu'on pense qu'il aurait raté une occasion historique de ramener une médaille d'or à l'Algérie. Quelle est la vérité dans cette histoire des deux courses auquel était inscrit Makhloufi ? En fait, les responsables officiels présents à Londres ont, selon toute vraisemblance, voulu «miser» sur les deux épreuves, Taoufik étant aussi performant dans le 800 m que dans le 1.500. Il faut rappeler qu'il a été champion d'Afrique sur cette distance. C'est cette blessure qui s'est réveillée lors des éliminatoires du 800m qui a déterminé le choix définitif à faire. C'est uniquement le motif qui a débouché sur le retrait de la course du 800m, et qui a convaincu l'athlète à ne pas courir derrière deux lièvres au risque de se retrouver bredouille. Cette manœuvre a été différemment perçue et commentée par les observateurs. En tout cas, l'enfant de Souk-Ahras récolte le fruit d'un dur labeur de quatre années. Il serait illogique de négliger de mettre en exergue le mérite du technicien Brahmia et de toute une équipe de préparateurs qui ont poli le diamant brut d'il y a quatre ans. Morphologiquement, Makhloufi est différent de Morceli . Il est plus puissant que le médaillé de Tenes, tout en conservant à peu de choses près, la même «explosivité», cette pointe de vitesse qui reste la marque des grands champions. Certains spécialistes estiment que Makhloufi a entamé son sprint très loin de la ligne d'arrivée, à 500 mètres et qu'il risquait de payer cher cet effort prématuré. En effet, Toufik était contraint de répliquer à l'attaque de Nixon Kilimo, un dangereux concurrent. Sa large avance qui lui a permis de terminer en roue libre a prouvé l'existence d'un talent immense, dont on ne perçoit pas les limites. Quoiqu'il en soit, grâce à Makhloufi, l'honneur de l'Algérie est sauf. Ce qu'il faut dire, c'est que cet athlète doit rester le modèle à suivre et non pas d'être «l'arbre qui cache la forêt». L'Algérie profonde regorge de talents. Aux spécialistes d'en faire la prospection, de les détecter et de les orienter. La satisfaction finale sera alors à la mesure des sacrifices.