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JEAN-PIERRE CHEVENEMENT AU « Le Quotidien d'Oran » : «La colonne vertébrale d'un espace de prospérité»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 19 - 12 - 2012

Jean-Pierre Chevènement a été à plusieurs reprises ministre de François Mitterrand et de Jacques Chirac dans le gouvernement Jospin. Le 22 mai 1981, il est nommé ministre d'Etat, ministre de la Recherche et de la Technologie.
Il démissionne le 22 mars 1983 pour protester contre la «parenthèse libérale» et lance sa célèbre phrase : «Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne». À partir du 14 mars 1983, il est constamment réélu maire de Belfort ; Le 19 juillet 1984, nommé ministre de l'Education nationale, il occupe cette fonction jusqu'en mars 1986. Il rétablit à cette occasion l'enseignement de l'éducation civique, alors abandonné depuis 1969. En mai 1988, il est nommé ministre de la Défense. Il démissionne de ce poste en janvier 1991 pour protester contre la première guerre du Golfe qu'il juge disproportionnée et dont il pense qu'il eût été possible de l'éviter.
Le 4 juin 1997, il est nommé ministre de l'Intérieur du gouvernement Jospin. La circulaire du 24 juin 1997, passée un an après l'expulsion de l'Eglise Saint-Bernard décidée par son prédécesseur à l'Intérieur, Jean-Louis Debré (ministre RPR du gouvernement Juppé), aboutit à la régularisation de 80 000 sans-papiers sur 140 000 demandes. Le 28 novembre 1997, Chevènement déclare au Sénat: «Notre volonté est justement de mettre un terme aux situations inextricables et insupportables de personnes qui sont à la fois irrégularisables et inexpulsables. C'est, très largement, le produit d'une législation mal adaptée» Cette ouverture à l'immigration sera notamment l'objet de la loi Réséda qu'il fera voter le 12 juillet 1999. De 1973 à aujourd'hui, Jean-Pierre Chevènement a occupé de nombreux mandats nationaux, locaux et régionaux depuis son «bastion» de la ville de Belfort. En septembre 2008, il a été élu Sénateur MRC du Territoire de Belfort. Il est Vice-président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées depuis 6 octobre 2011. Le 5 novembre 2011, il annonce qu'il se présente à la présidentielle de 2012, avant de retirer sa candidature le 1er février 2012. Il apporte le 13 mars 2012, son soutien à François Hollande pour la présidentielle. Le 6 novembre 2012, Jean-Pierre Chevènement est nommé représentant spécial pour la Russie dans le cadre de la «diplomatie économique» du Quai d'Orsay. Jean-Pierre Chevènement, fut avec Jacques Chirac, l'un des hommes politiques français à avoir participé comme jeune militaire, au conflit algérien pour l'indépendance de ce pays. Sous-lieutenant, Jean-Pierre Chevènement est devenu en avril 1962 chef de cabinet adjoint du préfet d'Oran, chargé des liaisons militaires pour aider l'Algérie à accéder à son indépendance dans l'amitié avec la France. Il reste au Consulat général à Oran puis à l'ambassade de France à Alger jusqu'en juillet 1963. Il préside aujourd'hui l'association France-Algérie et s'est rendu récemment à Alger pour y préparer la venue de François Hollande
Le QUOTIDIEN D'ORAN : François Hollande a bénéficié lors de sa campagne comme après son élection, d'une image très positive aussi bien dans les milieux politiques que dans la population algérienne. Il semblait bien possible sinon une réconciliation tout au moins une réelle normalisation positive des relations franco-algériennes. Toutefois, cette normalisation visiblement souhaitée des deux côtés de la Méditerranée est aujourd'hui ralentie par l'actualité et la prégnance de quelques vraies difficultés. Citons parmi les différentes données, l'avenir incertain de la «révolution arabe» et la montée qui semble irréversible des mouvements islamiques.
JPC : Dans une partie du monde arabe, des révolutions se réclamant de la démocratie se déroulent depuis deux ans. L'aspiration des peuples à la démocratie, à l'auto-détermination est universelle. Elle n‘est pas une exclusivité occidentale. Partout les demandes sont identiques : plus de liberté, davantage de respect des droits de l'Homme (et de la femme), meilleure répartition des richesses, lutte contre la corruption. Toutefois, toute révolution est un processus chargé à la fois de potentialités et de risques. Ces révolutions suivent un cours qui en surprend plus d'un. Des élections libres ont été organisées. Maintenant, le résultat des élections est ce qu'il est : des partis qui se disent islamistes, selon un nuancier de «vert» que je ne suis pas le mieux placé pour apprécier, de l'islamisme politique et modéré au djihadisme, ont gagné seuls ou avec d'autres, une majorité en Tunisie ou en Egypte. Notons que ces formations n'ont pas été en général à l'origine du «printemps arabe». Elles sont dorénavant face à l'épreuve des responsabilités gouvernementales dans un contexte de crise économique internationale particulièrement difficile. On voit ici et là la tentation de recourir à des mesures autoritaires. Il faut que les Constitutions qui sont en train d'être rédigées permettent de garantir les libertés de pensée et d'expression, le pluralisme politique et l'alternance démocratique. Dans le domaine de la construction démocratique, l'Algérie possède de solides acquis : une forme de pluripartisme, une presse libre dont chacun apprécie la liberté de ton et aussi dans le peuple lui-même, une sorte de retenue qu'explique le désir de ne pas revivre les affrontements de la décennie 90. Chaque pays a son histoire et doit faire sa propre expérimentation de la démocratie. La France doit tenir compte de la volonté des peuples, sans ingérence. La démocratie n'est pas un article d'exportation. Chaque peuple doit trouver son propre chemin.
LQO: l'intervention militaire franco-anglo-américaine en Libye semble avoir accélérer la déstabilisation du Sahel ; la possibilité aujourd'hui d'une nouvelle intervention militaire pilotée par la France au Nord Mali ne semble pas approuvée par le gouvernement algérien…
JPC : Il faut lever les malentendus. Ce qui inquiète la France, d'autres pays européens, mais également tous les voisins du Mali, serait la création d'un «sahelistan» contrôlé par des bandes armées sous une idéologie de type Al Qaida. L'heure est au dialogue politique et à la construction d'une coopération internationale, y compris pour apporter des réponses concrètes aux difficultés du Nord-Mali, notamment dans le retard de ses infrastructures et dans la satisfaction de besoins humains élémentaires (alimentation, santé). L'intégrité territoriale du Mali doit être préservée. Il faut donc écouter les mouvements Touaregs. Nous l'avons fait au Sénat français, puisqu'il y a quelques jours, Gérard Larcher, moi-même et la commission des Affaires étrangères du Sénat, avons reçu une délégation du MLNA qui est l'un des deux mouvements qui structurent la communauté touareg au Nord Mali. La France doit, selon moi, rester fidèle à une politique de principes : respect de l'auto-détermination des peuples dans le cadre de la Charte des Nations-Unies, dialogue des cultures et des nations. Naturellement, la République française repose sur des valeurs, mais ces valeurs ne s'exportent pas à la pointe des baïonnettes ou par missiles guidés avec précision. La démocratie, encore une fois, n'est pas, comme l'a bien vu Jacques Berque, un article d'exportation.
LQO : Dans la perspective de sa visite, à Alger, François Hollande vous a récemment chargé d'une mission. Quelle est votre feuille de bord ? Quelle coopération franco-algérienne à l'heure où la crise économique frappe particulièrement le continent européen, ralentissant les investissements possibles ?
JPC : Nous sortirons un jour de cette crise. Nous devons imaginer des nouvelles formules de coopération.L'objectif est de faire en sorte que la Méditerranée ne soit pas une zone d'affrontements comme elle l'a souvent été dans le passé, mais un espace de coopération politique fécond, face aux tendances déstructurantes de la globalisation. A mes yeux, la relation franco-algérienne, et pas seulement pour des raisons historiques, est centrale : si nous savons unir nos efforts, nous pouvons être la colonne vertébrale d'un espace de prospérité et de paix, au moins en Méditerranée occidentale. Nous pouvons être un exemple pour d'autres. Qui ne voit qu'en Algérie aussi, et particulièrement dans la zone sahélienne, la coopération de l'Algérie et de la France peut jouer un rôle de stabilisation qui est dans l'intérêt de l'Afrique tout entière et d'abord des peuples concernés ?
LQO : Oui, mais l'Union pour la Méditerranée est un projet mort-né et les investissements européens semblent marquer le pas…
JPC : Il faut continuer à explorer, revenir parfois sur de fausses bonnes idées, toujours imaginer de nouvelles formules de coopération qui iront dans l'intérêt de nos deux peuples. L'Algérie peut devenir l'un des très grands pays émergents du XXI° siècle. Elle a de nombreux atouts pour cela.Elle maîtrise sa croissance démographique (35 millions en 2009). L'espérance de vie est de 72 ans. L'urbanisation de 62% continuera à croître. Le potentiel économique est élevé. Le revenu national brut par habitant est le plus élevé du Maghreb. L'Algérie conserve un potentiel énergétique considérable. Mais l'Algérie aura également intérêt à diversifier ses sources d'approvisionnement, dans le solaire et le nucléaire tous domaines où la France pourrait être un bon partenaire, comme elle pourrait l'être également en matière d'aménagement du territoire, d'urbanisme, de logement, de l'eau, des transports, sans parler des relations culturelles et des partenariats universitaires : 600 accords signés à ce jour !… Je suis particulièrement sensible à la coopération des grandes entreprises françaises et algériennes mais je promeus également une coopération entre les PME des deux pays.N'oublions pas que l'Algérie est hors OCDE,le 3ème partenaire commercial de la France après la Russie et la Chine. Enfin, on peut compter sur le dynamisme de jeunes chefs d'entreprises franco-algériens pour dynamiser les relations d'affaires entre les deux pays.
LQO : Ce qui nous ramène à l'importante communauté algérienne (600 000 citoyens algériens environ) ou d'origine algérienne (3 à 4 millions) en France, de la circulation des personnes entre les deux rives et de l'éternel débat sur la politique de visas…
JPC : La présence en France de millions d'Algériens ou de Français d'origine algérienne dont le rôle dans la société française s'affirme toujours plus au fil des temps, dans les secteurs les plus variés, est un facteur de dynamisme incomparable, non seulement pour notre relation, mais pour le développement de l'Algérie elle-même. Il y a un «continuum franco-algérien» de part et d'autres de la Méditerranée. Comme ancien ministre de l'intérieur, je voudrais souligner l'importance qu'il y a à distinguer droit de circuler et droit de séjour. Ma conviction est qu'il faut faciliter la circulation entre nos deux pays ce qui se fera d'autant mieux que le droit de séjour sera respecté. Il nous faut trouver ensemble des règles justes et humaines. Rappelons que comme ministre de l'Intérieur, les dispositifs que j'ai fait adopter à la fin des années 90 ont largement ouvert les portes : Les visas d'entrée en France pour les citoyens algériens qui ne dépassait pas 50 000 par an en 1997, se sont élevés à 280 000 en 2000, trois ans plus tard! Quand à un élargissement éventuel de cette politique de visas, François Hollande apportera peut-être de bonnes nouvelles, comme d'ailleurs sur d'autres sujets de coopération industrielle entre nos deux pays, lors de sa venue à Alger.
LQO : Vous étiez jeune officier français à la fin de la guerre d'Algérie. Dans ce cinquantième anniversaire de l'indépendance, quels souvenirs en gardez vous ?
JPC : Innombrables, bien sûr. Comme jeune appelé sous les drapeaux, j'ai répondu à l'appel du Général de Gaulle pour devenir en 1962, chef de cabinet adjoint du préfet d'Oran, chargé des liaisons militaires. J'ai été dans ce cadre amené à nouer des relations amicales et utiles avec de nombreux responsables algériens. Un voyage à Tlemcen, le 10 juillet 1962, reste dans ma mémoire : il m'a permis de faire connaissance avec les nouveaux responsables du pays comme le Président Ben Bella ou le Colonel Boumediene et d'assister aux 1ers pas de l'indépendance de l'Algérie, pays auquel je reste très profondément attaché, que j'ai visité à de nombreuses reprises, et avec lequel je m'efforce de nouer, à la tête de l'Association France-Algérie, des liens de coopération et d'amitié, en maints domaines, et cela dans l'intérêt mutuel de nos deux peuples.


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