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MOSTAGANEM: Ancien militant du Mouvement national et homme de culture, Berber Slimane n'est plus
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 03 - 03 - 2014

«Les grands hommes meurent deux fois, une fois comme homme, et une fois comme grands» (Paul Valéry)
Une des dernières étoiles de Mostaganem vient de rendre son dernier éclat dans le silence d'une nuit glaciale. Acteur et témoin d'une période charnière, celle qui commence en fanfare dans les années trente avec les flonflons du centenaire et qui se prolonge par l'avènement du combat libérateur et par la reconquête d'une identité laminée par un siècle d'un assujettissement colonial des plus barbares, Berber Slimane aura été sur tous les fronts : nationaliste de la première heure, moudjahed convaincu, homme de culture au goût éclectique et gardien d'une mémoire séculaire, mémoire prodigieusement plurielle qu'il aimait partager en aparté avec une générosité qui nous laissait admiratifs et le grandissait encore plus à nos yeux.
Berber Slimane est né le 30 juin 1925, à Mostaganem, dans la vieille ville de tidjditt. De cette vieille cité qu'il chérissait par dessus tout et dont il connaissait l'histoire des moindres venelles, il pouvait en parler des jours durant. Mais peut-on faire en si peu de temps, le tour d'une ville qui vous subjugue, qui vous aura nourri de ses légendes et gravé le souvenir de ses dédales, des visages, des voix et des senteurs dans une mémoire balbutiante et dans le cœur frémissant d'un jeune enfant, dont les yeux grands ouverts découvraient, avec une fraîche innocence, la lumière irisée des premiers matins ?
Son père décède quelques mois après sa naissance. C'est son grand père paternel qui veillera à son éducation et qui l'inscrira à l'école Jeanmaire, située à un jet de pierre de souiqa, ce cœur battant de tidjditt.Son cycle scolaire est sanctionné par un certificat d' études «à titre indigène» qu'il décroche haut la main.
Le frêle orphelin est vite propulsé dans la vie active. Il trouve de l'embauche chez un négociant en tabacs en tant que livreur, emploi qu'il exercera pendant quelques mois avant qu'il ne soit recruté par un parent grossiste, comme facturier-comptable, métier qu'il apprendra sur le tas.
Au cours de ces mêmes années, en 1936, est fondé le groupe scout d'El Falah dont le local fait face à la placette de souiqa. Et à l'instar de beaucoup de jeunes riverains, le petit Slimane devient un fervent scout et aura la chance de voir, à tidjditt même, Mohamed Bouras, le fédérateur des Scouts Musulmans Algériens. Dans cette école du patriotisme, le jeune louveteau y développera peu à peu une conscience politique devenant à vingt ans un routier aguerri. Après la marche du 08 mai 1945 qui s'était ébranlée de tidjditt vers la sous-préfecture, il est arrêté avec plusieurs manifestants, parmi lesquels de nombreux sympathisants du PPA (interdit ).Traduit devant le tribunal militaire, il passera 11mois dans la prison militaire d'Oran et ne sera libéré, avec ses frères de lutte, qu'à la faveur de la loi d'amnistie générale du 16 mars 1946.
Et toujours, mû par un nationalisme à fleur de peau, il rejoint vers la fin des années quarante le MTLD, le parti de Messali hadj, où il intègrera le comité de soutien aux prisonniers politiques, comité qui activait faut-il le rappeler,dans une totale clandestinité. En juin 1954, le CRUA (Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l'Action) prépare le déclenchement de la lutte armée, mais le nerf de la guerre manque cruellement. Pour ce faire, tous les comités de soutien à travers le territoire sont mis à contribution pour renflouer les caisses de la révolution. Approché par Larbi Ben m'hidi et hadj Benalla, Slimane rallie aussitôt le mouvement. A partir de novembre 1954, on le retrouve entre autre comme collecteur de fonds dans une cellule FLN. Désormais pisté par les services des renseignements généraux, il est appréhendé en 1956, déféré devant le tribunal militaire et condamné à 02 ans de prison qu'il purgera à la prison militaire d'Oran où il connaîtra, comme nombre de condamnés, les supplices de la torture.
A sa libération, Slimane est très marqué par ces longs mois d'incarcération et se trouve dans la dèche.Il réintègre difficilement son travail et quoique encore très éprouvé, il poursuivra néanmoins son engagement militant jusqu'à l'indépendance. Après 1962, il fera partie pendant un court mandat du conseil municipal où il reprendra, avec son compagnon de lutte, Mohamed Benzahaf, la formule des ex- comités de soutien afin de subvenir aux besoins des anciens militants et anciens détenus.Comme il siégera également dans la commission chapotée par Abdelouahab M'hamed, qui sera chargée de débaptiser les rues de la ville de Mostaganem. C'est là où Berber Slimane proposera les noms des dignes fils de la région tombés au champs d' honneur… Et c'est avec le sentiment du devoir accompli que Berber Slimane quitte en 1966 toute activité politique, pour rejoindre l'anonymat, sans rien demander à quiconque, que le bonheur de se diluer, lui l'enfant de tidjditt, dans cette «masse» de citoyens qui s'échinaient à redresser une patrie exsangue.Mais de ce passé de nationaliste, il n'aima guère en parler . Etait-ce par humilité, par désenchantement ou craignait-il, ce faisant, de raviver quelques vieilles blessures ? Nous ne le saurons jamais.
Dans sa chambre au décors sommaire, quelques distinctions bien encadrées et là sur une petite étagère en verre, quelques médailles «scoutes», trophées d'une autre époque mais dont il était fier. Lors de nos discussions, il nous faisait partager d'autres trophées aussi inestimables : des photos patiemment colligées, dépolies certes mais encore merveilleusement bien «parlantes», des photos anciennes qui racontent l'histoire d'une communauté, qui malgré une politique de déculturation menée au pas de charge par les sbires du maréchal de Montagnac, avait réussi à préserver la magnifique flamme des aïeux. Et en feuilletant délicatement les pages de son album, il nous invitait à chaque fois à nous immerger dans une autre dimension, faite d'ombres et de lumière en nous commentant de sa voix fluette chaque escale : là, sur cette photo, c'est un Mawloud Ennabaoui à tigditt, où l'on reconnait au milieu cheikh Mehdi Bentounes de la zaouia alaouia, un tromblon dans les mains ; ici sur cette autre photo, c'est une «société» musicale des années trente où l'on arrive à distinguer, le chanteur de chaabi Benaissa Abderrahmane, violon à la main ; ou là encore des photos des chouhada Benyahia Belkacem et Benaied bendehiba,ses compagnons d'armes ; et puis là aussi,un portrait du docteur djillali Bentami, ce médecin des pauvres, grand nationaliste, qui aimait discuter avec ses amis dockers de tidjditt et qui fut après l'indépendance, ambassadeur…
Et de découverte en découverte, l'on se sent traversé par un frisson et de cette fabuleuse immersion, il nous est difficile d'en remonter.
Maintenant qu'il n'est plus là - de son vivant Berber slimane n'aimait pas trop les louanges- nous dirions que ce grand monsieur était comme un fleuve apaisé, charriant un limon des plus précieux et des paillettes rares au goût d' éternité.
Te souviens tu, âmi slimane, de cette mémorable virée que nous avions faite à souiqa fougania, souiqa tahtanïa, tobbana et derb? Tu nous racontais, chemin faisant, la venue à tidjditt de l' émir Khaled, Messali hadj, ferhat Abbes, youcef Wahbi, et des chanteurs de chaabi algérois; Ramadhan d'antan, les fêtes religieuses et le bon goût du terroir; l'émergence des «sociétés indigènes» dans les années vingt et trente, leurs anciens emplacements …Et de sidi Sayah à sidi Bakhti en passant par sidi Benmehouel, l'histoire des vénérables saints n'avait aucun secret pour toi; à derb et tobbana, tu connaissais, maison par maison,leurs anciens occupants, d'authentiques familles mostaganémoises…
Mais tout cela, c'était avant le déluge, avant que les coups de boutoir de l'inculture ne viennent réinventer encore une fois le désert.
Alors nostalgique le vieux slimane ? Sûrement et il n'était pas le seul, car comment ne pas l'être dans un monde où tous les repères s'écroulent autour de vous, et où même Kafka devant «la métamorphose» qui nous est imposée y perdrait et son latin et même son … «procès» ?
Adieu âmi slimane.Que le Tout Puissant t'agrée en son Vaste Paradis.
Ton souvenir lumineux de patriote sincère, intègre et généreux luira dans nos mémoires pour le restant de nos jours.
* Médecin - Radiologiste


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