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L'art du nu chez le djihadiste
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 16 - 06 - 2014

Opuscule à venir du chroniqueur. Qu'est-ce que ? Ce n'est pas, bien sûr, le nu parisien 1900 ou celui du corps grec ou de la courbe indienne qui mêle dieux et chairs. C'est autre chose : quand le djihadiste gagne une bataille et envahit une ville ou un territoire, son premier acte est la mise à nu, la restauration du désert, sa nudité, son vide, son néant en dunes et ergs : sont déclarés interdits la femme et sa peau, les mausolées, les statuts, les dessins, les courbes, les architectures, les croix, les églises et autres temples, les mosquées trop ornées, les portraits, les ouvrages d'art, le vin et la musique et les vêtements serrés ou trop beaux. On l'a vu avec la conquête du Nord-Mali par El-Qaïda du Maghreb et cela se vérifie encore une fois, à chaque fois, avec le dernier communiqué de l'EIIL (L'Etat islamique en Irak et au Levant) juste après sa conquête de Mossoul, en Irak. Le communiqué est disponible sur le Net.
C'est donc l'art du nu chez le djihadiste : rendre le monde nu, le « sahariser », le réduire à son expression absolu fantasmé du désert de la révélation, vider les lieux et les laisser prédisposés, par la vacuité, à reprendre en écho les paroles de la divinité. Le nu chez le djihadiste est consacré au monde, le voilement à la femme. On cache la femme pour dénuder la roche et le minéral. On masque le sexe pour dévoiler la dune. Inversion fascinante de la libido ou du sens de l'esthétique : le désert prend le poids d'un sujet désiré et la femme le sens d'un objet refoulé. L'art du nu est, chez le djihadiste, violent, à coups de sabres et d'amputations, de dénis et de refus, d'interdits. C'est une peinture par le refus, un portrait du ciel (vide) endossé à la terre pleine. Le djihadiste dessine la terre comme un ciel : vidée, sans fin, nue absolument, abimée et menant vers Dieu par tous les chemins imaginés. La terre est donc dessinée comme un désert, ce vieux reflet des cieux que l'on peut fouler du pied et qui peut tuer par le mirage et le manque d'eau et trop d'infinis.
L'art du nu chez le djihadiste est impérieux. Il est le tracé du califat, la restauration du moment zéro, la purification par l'épuration. Il est une obsession esthétique mais à coups de mort et de violence, c'est un diable intime, une projection de l'âme morte sur une nature morte, un désir fou, une abnégation, un effacement de soi par l'effacement de l'Autre et ses traces, un four crématoire de la différence, un morceau de savon à partir de millions de sables. Un contrepoids ? Oui : à l'exubérance du paradis (vaste et profond souvenir des premiers jardins perses) on oppose la nudité d'aujourd'hui. On vide le monde, celui-là, pour remplir et meubler l'autre. On s'allège jusqu'à n'être plus que sabre et un tapis. On nie le corps par la négation de son emprise sur le monde : on vide les objets car cela vide le sujet. Abyssale maladie. L'art du nu chez le djihadiste est un impératif. Le monde s'allonge, s'expose, se dénude, ne doit plus bouger ou respirer. C'est alors que le djihadiste le fixe et commence à le redessiner selon ses convictions : il le vide, le réduit aux tracés des premiers jours de la création, le débarrasse de toute fioriture et n'en garde que la calligraphie monstrueuse : rien qui ne dépasse le grain de sable ou qui trouble la dune : ni musique, ni cigarette, ni courbes, ni joie, ni désirs. L'art du nu chez le djihadiste veut la terre entière, s'étend désormais, ressurgit un peu partout comme des trous noirs et surprend par sa constance et sa volonté de redessiner les pays et les gens et les villes et les vies.
Avec une seul règle : un livre, un Dieu, un dune, un tapis, un minaret, une vérité et rien d'autre. Tout ce qui dépasse est illicite et interdit. L'art du nu chez le djihadiste est un paradoxe final : il y rêve de s'effacer lui-même après l'achèvement de l'œuvre. Ne restera alors que le vide, reflet de la gloire de la Divinité enfin restaurée.


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