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Antigone : le blanc insonore des années 90
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 25 - 09 - 2014

Temps durs. Il y a très longtemps, le massacre de Bentalha. Suivi de ceux de Had Chakala. Des milliers de morts, des mensonges d'Etat, de l'horreur à huis clos. Et de l'oubli. La décennie noire a été close par un faux et usage de faux. Personne ne se souvient. Ou ne veut. C'est autrefois, presque jamais, si loin que c'en est impossible. Presque ailleurs. La guerre des années 90 n'a servi qu'à tuer les morts et les passants. Pas de justice, de leçons, de conséquences ou de sursaut. Une sorte de bombe à Hiroshima qui n'aurait servi à aucun réveil. Dans la pure tragédie grecque : Antigone. La femme qui en veut à un roi félon qui refuse que l'on enterre les morts, les proches de la survivante et qui ont été abandonnés aux vautours, dans un champ de bataille. Un roi qui finit par emmurer Antigone, vivante, révoltée et qui exige vérité et justice.
L'infraction à la loi de la sépulture provoquera les désordres, dans le pays, le chaos, la sécheresse et la fin du peuple, en peuplades. C'est un devin qui éclaira, alors, le Roi maudit, sur l'origine du mal : tu as inversé la loi de la nature et il faut la rétablir : enterrer les morts et détresser les vivants. Trop tard, cependant. Antigone meurt, le règne aussi.
Mythe fascinant : le Roi avait raison du point de vue politique mais tort, sous l'angle des dieux. Et Antigone avait raison de demander justice et vérité mais le roi savait que cela aurait pour prix le pays et le règne.
Donc des années plus tard, la question : que sont devenus les massacres de la décennie 90, dans la mémoire de tous ? 1- Une pancarte. 2- Un vol d'oiseaux mauvais que l'on chasse de sa tête. 3- Un détail. En vérité, il n'y pas de vérité. Les massacres comme les massacrés ont été jetés à la poubelle. La plus grande tragédie de l'Algérie, après la guerre de libération, a été mise dans un sachet en plastique et jetée en ordure. Elle n'est pas enseignée dans les écoles, les universités, elle n'a pas de mémoire ni de trace et elle est frappée par l'absurde et la nullité. La mort n'a pas servi à la vie. On n'a pas enterré les rescapés, on les a enjambés. On n'a pas tiré leçon mais tiré rideau. La tragédie a été soldée. Et du coup, l'avenir est fermé. Un jour ou l'autre, nous reviendrons vers la tuerie parce qu'aucune leçon de vie nous a servis. Cette réconciliation par le déni a détruit le socle : le sens de la justice, la loi de la conséquence. Elle explique le meurtre d'Ebossé, la corruption, le vol, l'exil massif et cette torpeur de désarticulés agressifs que nous vivons, au quotidien. Emmuré. D'où Antigone. D'où le conseil du vieux devin grec, aux temps oubliés : enterrer les morts et détresser les vivants.


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