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Université : le temps des manœuvres
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 06 - 11 - 2014

Décidément, l'université n'arrête pas de vivre des situations cocasses et tragiques. Ces dernières années, chaque fois qu'un concours du doctorat est organisé, on crie au complot ou à la tricherie sans se poser les vraies questions.
A quoi sert un concours sur épreuves alors qu'il serait beaucoup plus simple de sélectionner les meilleurs étudiants du Master, comme cela se fait dans les grandes universités européennes ? De nombreuses universités algériennes ont connu cette réalité faite de déni et de propos dits en aparté, donnant la possibilité aux champions de la rumeur et des lettres anonymes de se manifester très courageusement. Après Alger et d'autres universités du pays, c'est autour de Annaba de vivre sous les feux éteints de la rumeur confortée par des média s'obstinant à ne pas vérifier l'information, courant après le faux-scoop.
A Annaba, ces jours-ci, le nouveau recteur voulait changer le système de surveillance et de correction du concours d'entrée en doctorat, en faisant corriger les copies par une partie tierce, neutre. Mais voilà que se mobilisent un certain nombre de personnes qui rejettent anonymement cette manière de faire, allant parfois jusqu'à évoquer une « mauvaise gestion » alors que la nouvelle direction est installée depuis trop peu de temps. Cette situation peu singulière faisant désormais partie de la culture de l'ordinaire devrait inciter les uns et les autres à s'interroger sur le fonctionnement et l'organisation de l'université aujourd'hui, marquée par une flagrante et tragique absence dans les différents classements internationaux.
L'absence de débat et l'incapacité d'ouvrir de sérieuses discussions dans nos universités illustrent la profonde crise marquant une université travaillée par les jeux de la rente et un dramatique déficit en matière de production intellectuelle. Les volets scientifique et pédagogique se caractérisent paradoxalement par une inefficacité pratique et une indigence certaine au niveau de la mise en œuvre des savoirs et la prise en charge des moyens et des besoins didactiques. La recherche fait sérieusement défaut dans un univers où il est beaucoup plus question de reproduction paresseuse des savoirs que d'une entreprise de production scientifique.
Cette réalité est illustrée par l'absence d'espaces de débats et de discussion qui aurait pu mettre un terme à ces rumeurs et à cette inflation de lettres anonymes qui sont l'expression d'une formation superficielle de nombreux enseignants qui évitent toute discussion sérieuse engageant des enjeux pédagogiques, scientifiques et sociaux.
Il est tout à fait normal qu'émerge une sorte de fonctionnement fait de rumeurs et de traditions de mégères dans ce contexte marqué du sceau de l'ineffable et de l'absence où souvent les vrais débats sont exclus. Le fait que certains professeurs défendent des intérêts personnels, d'ego ou d'appartenance tribale semble poser problème. Comme chacun sait, les universités algériennes vivent des situations tragiques, mal classées ou pas classées du tout, dans la nomenclature mondiale et africaine. Elles sont condamnées à opérer de véritables réformes, douloureuses, à l'image de ce que voulait entreprendre Abdellatif Rahal, alors ministre de l'enseignement supérieur en 1977 avant que se concentrent contre sa personne les rentiers de la place, trop peu à l'aise quand il s'agit de débattre des questions sérieuses. En 1985, alors qu'il était ambassadeur d'Algérie à l'UNESCO, Rahal, en compagnie de nos amis Benstaali et Touri, nous avait raconté cette période faite d'hostilité de certains apparatchiks qui avaient, à l'époque, fustigé l'un des rares ministres qui avaient un projet sérieux. Le gouvernement s'était ouvert à trois ministres de renom, extrêmement compétents, Mostefa Lacheraf, Rédha Malek et Rahal qui, malheureusement, avaient vite, sous la pression de leurs contempteurs, décidé de rendre le tablier.
Aujourd'hui, les choses semblent se compliquer, même si certaines actions volontaristes sont menées ici et là, comme celle entreprise par Mohamed Salah Seddiki, à l'université de Mostaganem où il a sérieusement transformé le paysage de cette université, malgré les résistances de certains rentiers qui ne pouvaient admettre aucun changement. Nous avions eu le plaisir de faire de nombreuses visites à cette université et d'observer le fonctionnement de la faculté des lettres, dirigée, à l'époque, par Farid Benramdane, aujourd'hui, actuellement conseiller au ministère de l'éducation nationale. Son organisation n'avait rien à envier à certaines universités européennes. C'est pour dire les difficultés rencontrées par le nouveau recteur de l'université de Annaba qui hérite d'une gestion chaotique, appelé à transformer les choses et à faire de telle sorte que les aspects pédagogique et scientifique prennent le dessus sur la dimension administrative tout en mettant un terme à cette tradition des lettres anonymes et des manœuvres de couloirs et de coulisses. L'écrit devrait se substituer à la tradition orale, trop prégnante dans les échanges, ce qui favoriserait la mise en œuvre d'une transparence aujourd'hui peu présente dans les jeux communicationnels.
Le projet soutenu par le recteur visant l'organisation de rencontres thématiques, de conférences et de journées d'études, l'ouverture de blogs, de salles de travail pour les enseignants et les étudiants et la généralisation de la connexion Internet pourrait permettre de mettre fin à ces apartés et ces interventions anonymes qui ont toujours caractérisé une université dont le fonctionnement est opaque. Cette histoire de doctorat n'aurait jamais eu lieu si certains avaient bien saisi, sans arrière pensée, la logique permettant aux uns (les rédacteurs des sujets d'examen) de se dessaisir de la phase de surveillance et de correction et aux autres, d'expliquer les objectifs de cet acte mis en œuvre pour éviter tout soupçon de tricherie possible.
Il est temps, pour le grand bien des étudiants, des enseignants et de l'université, que nous consacrions nos efforts aux questions épistémologiques, scientifiques et pédagogiques. Mettons nous sérieusement au travail, contribuons à l'émergence d'une université performante et posons les bonnes questions. La situation de l'université algérienne est apocalyptique.
Les revendications de nombreux enseignants restent souvent, en dehors de la production scientifique, absente des travées des établissements universitaires, engluées dans l'organisation de colloques et de journées d'études, sans lien réel, avec la vocation d'un espace de connaissance. Les revues, souvent sans consistance, n'apportent que trop peu de choses à une université se limitant à gérer les examens, brandissant continuellement des chiffres peu opératoires, marqués du sceau de la pauvreté et de l'ineffable. Peut-on parler de scientificité dans un univers où Internet est absent dans plusieurs universités, les enseignants se trouvant sans bureaux, les « projets de recherche », sorte d'adresse ambulante, les labos, des entités vides. Ce n'est nullement surprenant de voir les universités algériennes occuper les dernières places dans les classements internationaux ?
Certes, les nombreux départs d'enseignants algériens vers l'Europe, le Canada et les Etats Unis, ces derniers temps, ont appauvri davantage cette université dépourvue des conditions minimales de travail. Le fonctionnement de ce qu'on appelle communément « conseils scientifiques » ne correspond nullement à la vocation scientifique de tels comités aujourd'hui réduits à n'être le plus souvent que des lieux comptables obéissant aux désidérata d'une administration trop peu intéressée par les jeux réels de la gestion d'établissements à caractère scientifique et dont l'organisation est d'ailleurs catastrophique. Bourses bidon, de nombreux rapports de soutenance sont faits à la va-vite, dont le temps de lecture se confond parfois avec le temps de la remise de la thèse, jurys de complaisance, jurys sans spécialistes de la question traitée dans la thèse, le plagiat est monnaie courante, publication d'articles dans des revues suspectes… constituent le lot quotidien d'une culture de l'ordinaire trop marquée par la complaisance et les jeux d'appareil. Nous avons, même été, témoin, de membres de jury qui ont déposé leurs rapports le jour même de la réception du document. Les membres de ce conseil, ignorant le plus souvent les textes règlementaires (notamment le chapitre 4 du décret du 17 aout 1998 régissant le fonctionnement des conseils scientifiques), méconnaissent leurs prérogatives et évacuent souvent l'administration des questions scientifiques, cherchant parfois à satisfaire l'espace administratif (département, doyen, rectorat), plein de bureaux, de téléphones et d'autres bibelots et avantages, en allant dans son sens.
Quand aura-t-on affaire à des débats scientifiques dans des universités où de nombreux enseignants demeurent encore otage d'une paresseuse entreprise de reproduction de cours jamais actualisés et d'articles ressemblant davantage à des exposés d'étudiants.
En attendant, le plagiat fait des ravages, mettant dangereusement en péril le devenir de l'université, l'organisation actuelle de la direction de recherches et des soutenances favorise la complaisance, l'absence d'un regard réfléchi sur les programmes et la nécessité de leur réactualisation est un véritable danger pour la sécurité nationale, le manque de revues de qualité et de conditions minimales de travail engendre le déficit en publications importantes et en colloques. Les bourses constituent de véritables espaces rentiers.
Du jamais vu dans le monde, les responsables administratifs (vice-recteurs, doyens, vice-doyen, chefs de départements) bénéficient d'office de cette allocation sans une contrepartie scientifique. Ce qui est scandaleux. Il faut le dire, ce « cadeau » est souvent assimilé à une pension touristique. Il est peut-être temps de supprimer les stages de « recyclage » pour les enseignants de rang magistral et ne conserver que les congés scientifiques (participation aux colloques) ou peut-être pour reprendre les propos de Mohamed El Korso : « ces bourses doivent revenir prioritairement aux étudiants de doctorat (…). Je suggère au MESRS de supprimer purement et simplement les bourses dites de courte durée pour les remplacer par un 13ème mois à verser aux enseignants. A ce moment, on verra qui sont les véritables chercheurs et qui sont les pseudo-chercheurs. »
Ce sont là, les véritables défis du nouveau ministre de l'enseignement supérieur et de son staff pour changer les choses. Ses dernières sorties médiatiques incitent à l'optimisme dans un univers gangrené par les jeux suspects de la rente. Le ministre, tout seul, ne peut rien sans la mobilisation des universitaires qui devraient abandonner la posture de l'indifférence et participer activement à la mise en œuvre de projets efficients.


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