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Il a vingt ans d'existence aujourd'hui - LE QUOTIDIEN D'ORAN : Le devoir de vérité
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 12 - 2014

Quelle autre propice occasion aurait pu mieux offrir au Quotidien d'Oran, qui boucle aujourd'hui vingt ans, de tenter de mettre à nu les bases de l'architecture qui lui a permis une passionnante traversée du temps pour devenir un des plus respectés journaux algériens ?
Présenté depuis sa naissance comme un spectre aux contours indéfinis, il a été trituré à toutes les sauces pour lui prêter souvent des appartenances les plus incongrues. Tout au long de sa progression, le devoir de vérité devenait imparable pour interpeller une nécessité de clarification et effacer toutes les fausses supputations. Ce devoir recommandait une obligation de sincérité mue par le respect et la reconnaissance que nous devons à tous ceux qui ont accompagné et porté sur leurs dos Le Quotidien d'Oran vingt années durant.
Très peu, dans ses environnements proches et lointains, de ses amitiés supposées ou déclarées, de ceux qu'ils dérangent et qui ont suivi son parcours, savent que le journal n'a entrepris ses premiers pas avec dans sa tirelire que 4 millions de dinars seulement et nombreux sont ceux qui ignorent qu'il s'est lancé dans l'aventure avec quelques tables usées, six vieux ordinateurs primaires prêtés et deux appareils téléphoniques de brocante. La cave qui lui faisait office de siège avait la particularité de se plier au très désagréable enfumage permanent que lui imposait un groupe électrogène nourri au gasoil avec un tintamarre assourdissant qui mettait à mal tout le personnel et les habitants voisins. Gîte partagé, ruine retoquée à crédit par l'OPGI que tous se promettaient de fuir à chaque alerte à la bombe que l'on disait viser le journal.
Très peu aussi savent que Le Quotidien d'Oran a entamé son voyage avec une branlante 205 d'un travailleur, vieille de dix ans, corvéable à merci et arrachée à ses enfants. Du transport du personnel aux reportages, contraignant après l'extinction des lumières, une partie des cadres et du personnel presque au lever du soleil, à rejoindre à pied leurs chaumières en empruntant le trottoir où furent assassinés, dans cette période commune des malédictions, Rachid Baba Ahmed et Alloula. Leurs sangs sur les murs n'avaient encore séché et rappelaient à chacun des passages nocturnes que la folle aventure relevait d'une passion sans nom. Que de fois nous nous étions trouvés plaqués contre des arbres, les bras en l'air pour être fouillés au nom d'une conjoncture très obscure au cours de laquelle on ne savait plus qui faisait quoi. Ombres et piétons suspects traversant les nuits de la douleur d'un pas mal assuré avec des étendards imprécis, voguant à contre-courant des supplices et des supplications.
C'est que l'exercice valait le coup d'être tenté. A fortiori, quand il n'est tendu que par la nécessité de se nourrir d'un pain propre gagné à la sueur du front.
Aucune stratégie préétablie, encore moins dictée n'avait été établie avant le lancement du premier numéro, un 14 décembre 1994 et l'on se disait que si le journal arrivait à un tirage de 30 000 exemplaires/jour, le pari serait gagné.
Au bout de quelques années, il atteindra 200 000 et nous avions été les premiers étonnés. C'est qu'il n'y avait eu comme préalable au départ qu'une patience illimitée et une volonté à toute épreuve enfantant un superbe esprit de bienveillance chez tous ceux qui en ont fait le leur. La majorité des actionnaires comme les lecteurs, diffuseurs et annonceurs le transformeront en lustre qui éclaira avec une objectivité rare leurs jours pendant vingt ans. Il réveillera aussi les foudres destructrices et perverses de tout bord de ceux qui pensaient trouver en lui un instrument corvéable, n'acceptant pas qu'il soit placé au-dessus des hommes et des éphémères acquis.
Sa carapace voulue d'intégrité et d'acier n'a pas non plus cédé au miroitement des milliards enfouis dans des sacs poubelles de différentes odeurs pour qu'il enfourche des canassons boiteux et pour qu'il s'égare dans des chemins douteux.
La faculté offerte aux journalistes de créer leurs propres journaux qui s'était présentée au début des années 90, était une aubaine et se présentait comme une revanche sur une sclérose qui avait interdit pendant plusieurs décennies à un métier passionnant voulu par essence et définition universelle, parcours de vérité. Une première expérience avait avorté. L'équipe qui s'y était engagée, trop farinée par la mentalité du secteur public de l'époque et marinée dans le mirage des bolides alléchants avait très vite flanché, laissant derrière elle la conviction que pour un projet quel qu'il soit, il fallait d'abord la mise en avant d'une sérieuse patience et d'un sacrifice conséquent. L'évidence d'un mariage de raison entre des financiers et des professionnels était devenue toute nue. Lourd défi quand tout le monde ou presque se terrait et quand chacun se méfiait de son ombre. Impossible, sinon difficile broderie en dinars des objectivités terre à terre de faux sponsors près de leurs sous avec une idée forte qui se présentait comme une objection de conscience. Quelques-uns avaient même ri sous cape étouffant à peine leurs envies de crier à la plaisanterie. Ils avoueront plus tard qu'ils regrettaient d'avoir tourné le dos à un sacerdoce construit sur l'éthique, le droit et la justice.
Au commencement une réunion organisée à la volée, à la chambre de commerce d'Oran. J'étais tombé du ciel m'avait-on dit ! « Oran n'a rien et Oran a besoin d'un grand journal ». Tout un vaste programme diffus qui supposait de secrètes réunions passées d'états généraux mais qui en vérité s'avérerait plus tard une simple humeur de bavards. Quelques-uns manœuvrant des idées confuses autour de la création d'un parti politique, quelques autres brandissant une volonté floue d'imposer une affirmation régionale.
On m'assigna de facto de ne m'occuper seulement du support technique et certains jugeaient qu'un journaliste inconnu « tombé du ciel » ferait mieux de mettre des ornières pour ne se focaliser que sur le ramassage de ceux qui seraient chargés que de la réalisation technique du produit. Un membre de la chambre d'industrie avait été chargé, lui, de procéder au montage financier en battant le rappel de tous les industriels de la région.
Le hasard a voulu que ce membre soit plus préoccupé par ses propres acrobaties financières que par la mission dont il a été chargé, ne pouvant se départir des fortes préoccupations avec lesquelles il était encombré et s'investir à plein temps dans un montage aussi nouveau, l' esprit toute part et les mains liées. Il s'est contenté de me dresser une liste restreinte d'éventuels souscripteurs qui en disait long sur un petit esprit clubard, totalement opposé à la large vision sur ce que devait être une haute œuvre au service d'une libre et saine expression plurielle.
Tenter de donner un sens à la pratique d'un des plus beaux métiers du monde ne pouvait se limiter à la prise en charge exclusive des états d'âme de quelques coqs en mal de notabilité. Pour dépasser toutes les arrière-pensées et les convictions approximatives solliciter un large rassemblement politique et social le plus hétérogène possible s'imposait pour ne permettre de s'orienter que vers le seul intérêt commun. Quels qu'aient été les penchants politiques, les fortunes, les origines natales des éventuels actionnaires, il n'y avait qu'un potentiel intérêt solide et objectif susceptible de les réunir autour d'un tel projet. Il ne pouvait être que celui d'une grande et haute idée porteuse de paix, de progrès et de sérénité.
Dépasser le factuel et s'éloigner des égoïsmes temporels devaient être son crédo pour ne prendre en charge que les préoccupations objectives de la population et ne se soucier que du destin commun de tous les Algériens. Les arrière- pensées autour d'une rentabilité marchande et le souci des bénéfices financiers devaient être proscrits et le journal se voulait avec le visage d'une fondation, entreprise particulière qui appartiendrait à tout le monde à l'écart des militantismes qui ne sont fertiles que pour les égoïsmes particuliers. Construite comme on érigerait une petite citadelle blindée, refusant la prosternation aux pieds des hommes et de l'argent et ne prenant en charge que les prières pour une dignité commune. Pour ne pas sombrer dans la perversité des attraits corruptifs, ce rare et unique dénominateur commun était le seul gage pour un large rassemblement qui nourrissait le paradoxe d'unir des hommes et des femmes aux idées et visions quelques fois opposées sur la société algérienne et sur le monde et tenter de scruter sans passion avec des regards intelligents les profondeurs de la nature humaine pour n'en tirer que les sucs pour le bonheur.
Le Quotidien d'Oran serait d'abord une oeuvre culturelle, tribune ouverte à toutes les forces de progrès et un miroir fidèle pour tous les faits et gestes quotidiens de l'ensemble de la société. S'il devait être un organe politique, il ne serait que l'arme de la justice sociale et un humble instrument du droit.
La gageure tenace voulait que les natifs de Souk Ahras, de Tizi-Ouzou, de Ghardaïa, d'Oran, de Mascara ou de Tlemcen s'entendent sur un instrument fondamental qui serait au-dessus de toutes les différences de contingences, facteurs de désunions et qui ne servirait qu'à donner un sens noble à la citoyenneté.
Cette trame était base essentielle et seul argument tangible convaincant et acceptable, pour parcourir toutes les grandes villes et frapper à toutes les portes pour inviter tous ceux censés être séduits par un haut exercice de civisme et de patriotisme.
Capitaines d'industrie connus, anciens ministres, médecins, avocats, ex-officiers supérieurs, personnalités politiques historiques, honorables fonctionnaires dans l'ombre et modestes épiciers avaient été invités à se mettre autour d'une table pour un mariage qui paraissait contre nature.
Se devait d'être érigé un autre pilier structurant. Pour éviter toute mainmise sur le futur journal, nul ne pouvait s'engager avec la détention de plus de cent actions ne pouvant être cédées qu'au journal dans son entité. Nombreux s'étaient demandé à quoi pouvait rimer la décision de fixer l'action à mille dinars et pourtant d'humbles natures avaient trouvé l'idée séduisante pour participer modestement dans le projet. Des entreprises, personnalités morales, ont rejoint le regroupement avec la même limite participative. Quelques-uns, au cours de ce périple de vingt années, par penchants mercantiles ou par réelle nécessité ont dû quitter le navire en cédant leurs parts au seul journal, règle figée et fixée dans les statuts. Une fois lancé, les services de sécurité ont eu du mal à comprendre ses soubassements et les infortunés services des renseignements généraux en charge du dossier avaient eu toutes les peines du monde à expliquer dans leurs rapports expédiés à Alger les tenants d'un tel rassemblement.
L'image tenace et décalée d'une petite équipe trouble-fête investie totalement par une incroyable âme d'artiste ne passait pas et les « services » avaient versé dans d'invraisemblables supputations à mille lieues d'une réalité toute simple.
L'alliance d'un ancien haut représentant du GPRA et du FLN auprès de Mohamed V avec un ex-chef de région de l'ALN autour d'anciens baroudeurs plusieurs fois condamnés à mort et celle d'autres personnalités connues et d'intéressés anonymes pour une aventure intellectuelle pouvait prêter à toutes les croyances. Pour peu que les bravades verbales dépourvues de consistance, dans les salons et les cafés soient développées pour préfigurer les contours d'un serpent des mers qui intriguait et inquiètait sérieusement. Pourtant l'ambition ne répondait à aucun plan de bataille et avait été élaborée pour un produit professionnel honnête, patriote et placé bien plus haut que les guéguerres politiciennes et les guerres de sérail. Les mailles d'acier rigide qui allait envelopper la structure juridique d'une société par actions bien trop originale devait la prémunir des moindres passions personnelles, des manœuvres de clans et des bravades politiciennes souvent primaires et spontanées.
S'il devait en y avoir une, la ligne éditoriale s'ancrerait dans le long terme pour s'inscrire en lettres d'or sur du marbre comme la parallèle de la marche réfléchie et raisonnée de tout un peuple à la recherche laborieuse de la sienne. Rester attaché au respect de l'autre et à l'écoute de tous les avis avec l'effort de ne pas attiser les haines et se démarquer sans cesse des a priori et des vérités préétablies dans un monde en éternelle ébullition.
Vingt ans depuis, nous en sommes toujours là. Avec la même mire allergique aux solidarités passagères et aux soutiens éphémères, tentant de forger une stature au-dessus des petites et des grandes mêlées nationales. Le désintérêt financier et l'empreinte caritative qui nous ont guidés ne nous ont pas empêchés cependant d'acquérir un nouveau siège, notre propre imprimerie et des assises pour de futurs projets. Toujours avec la même constance et le réel capital inestimable acquis et qui n'a pas de prix : la crédibilité pour s'inscrire profondément dans la distance et dans le temps.


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