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TLEMCEN: Il y a cent ans, la grande «Hidjra»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 26 - 04 - 2015


2ère partie
Cette vieille capitale maghrébine s'était, dans le passé, déjà inscrite dans l'histoire des Résistances en Algérie, subissant les épreuves de moments difficiles face aux hégémonies mérinides, espagnoles et ottomanes. Parmi les grandes dates de son passé, l'on retient les tentatives hégémoniques des Mérinides (XIVe s), lointains cousins berbères des Zianides, les ‘'zénata(s)'', qui lui feront endurer un siège unique de plus de sept années, causant la mort d'une grande partie de sa population. En 1553, le sac de la ville par les troupes espagnoles conduites par le gouverneur d'Oran, le comte d'Alcaudète, causant des pertes estimées à plus de deux mille morts, selon Marmol Caravajal, chroniqueur espagnol (1520-1600). En 1554, les Ottomans, venus bouter les espagnols, se sont emparés de la cité après une farouche et sanglante résistance armée… En 1656, une rébellion visant son indépendance fut réprimée de façon sanglante par l'Odjak de la hiérarchie turco-administrative et militaire. Durant la conquête coloniale, Tlemcen devenait le dernier bastion de la résistance de l'émir Abdelkader jusqu'à son occupation définitive, en 1842. Dans la stratégie politico-militaire de l'émir Abdelkader, Tlemcen occupait une place importante, c'est ce qui ressort des échanges entre lui et le général Bugeaud, au moment de la signature du traité de la Tafna, le 30 mai 1837: « Avez-vous ordonné de rétablir les relations commerciales avec Alger et autour des villes, demande le général Bugeaud, car les Français ne peuvent rester bloqués dans les villes. Pas encore répond l'émir Abdelkader, j'ai l'intention de la paix lorsque vous m'aurez mis en possession de Tlemcen, sinon je ne vois pas la nécessité de faire la paix ? Ce ne serait qu'une trêve».
A l'entrée des troupes fran-çaises, en janvier 1842, Tlemcen présentait l'aspect d'une ville comme frappée d'un séisme avec, partout, des ruines béantes et des amoncellements épars. Une bonne partie de la population avait fui vers le Maroc, à Fès, notamment. La cité Idrisside était depuis déjà longtemps devenue une terre d‘accueil des ‘'Ahl tilimsan ‘' (Gens de Tlemcen), déjà très nombreux, établis depuis des siècles, avec des liens étroits que l'histoire a tissé entre les deux vieilles cités. Les chefs turcs au pouvoir à l'intérieur du Méchouar et de nombreux ‘'Coulougli(s)'' choisissaient, au même moment, de se réfugier à Tunis encore sous le pouvoir des beys de la dynastie des Hussaïnides (1705-1957). Certes, bien avant, des mouvements de mécontentement, à différents moments de son histoire, avaient motivé d'autres exodes, voire en 1746, sous le règne de Pacha dey d'Alger où les habitants devaient fuir au Maroc, évitant les représailles turques après le soulèvement des «Hadar(s)» et des ‘'Couloughli(s) et également, pendant la révolte orchestrée par les ‘'Derqaoua(s) ‘' à l'appel de Abdelkader Bou Cherif, appelant à la guerre sainte contre les Turcs (1821-1822).
Cette ville conservait toujours sa forte identité culturelle en raison de son passé qu'ont illustré les grands savants des XIIIe et XIVe siècles, qui ont établi sa réputation de cité de l'esprit , voir entre autres Al-Abili (né en 1281), le maître à penser d' Ibn Khaldoun, le métaphysicien Mohamed es-Sanoussi (1424-1485), considéré comme un ‘'Moudjadid'' (rénovateur), connu aussi pour sa grande œuvre théologale, la ‘'Akida'' (article de la foi) , Abdelkrim al-Maghili (1425-1501) fondateur de la première université à Kano , au Nigéria, Ahmed al-Maqqari ( 1578-1632 m. au Caire), auteur de la Grande encyclopédie, incontournable pour la connaissance de l'histoire de l'Espagne musulmane ‘'Nefh et-tib‘' (Parfums d' Andalousie)…
La ‘' Hidjra'' ou l'émigration des Algériens au Moyen-orient a pris, plus qu'ailleurs en Algérie, une importance particulière à Tlemcen. En 1891, la population protestait solennellement contre le projet de service militaire en montrant qu'il faisait fi de la notion de droits et des libertés. En 1908, ‘'Les notables envoyaient une protestation, en septembre 1908, accompagnée de 17 pages de signatures très serrées où ils annonçaient leur intention de quitter l'Algérie plutôt que de devoir supporter la conscription ‘'. (Source : L'Algérie révélée…p. 88, Gylbert Meynier). En 1908, l'homme politique, conseiller général de Nédroma puis élu délégué financier Si M'hamed Ben Rahal rédigea un mémoire contre la conscription prévue par le décret du député Adolphe Messimy et se rendit à Paris pour défendre sans succès sa position et ce, à la tête d'une délégation qui sera reçue par le président de la République.
Le dernier grand acte de la ‘'Hidjra'' de 1911 s'est joué après le prêche prononcé par le muphti de la grande mosquée, Djelloul Chalabi, dans lequel il déclarait ouvertement s'opposer au service militaire en rendant licite l'exode : «le pays étant devenu, selon ses arguments théologiques, une terre d'infidélité». Messali Hadj, alors âgé de quatorze ans, était parmi les fidèles qui ont assisté à ce prêche rendu un vendredi et qui sera suivi d'émeutes qui ont duré plusieurs jours. La ville grondait non sans contaminer aussi d'autres villes du pays ... C'est alors que des dizaines de familles s`en allèrent, quittant le pays sans espoir de retour ‘'même si quelques unes d`entre elles y retournèrent deux, trois années après, n'ayant pu résister aux dures conditions de vie qui les attendaient en Syrie et en Turquie ‘' (Memoires, Messali Hadj). Ce fut le cas, entre autres, de la famille du maître de la musique andalouse Ghaouti Dib, le grand-père de l'écrivain algérien Mohamed Dib et qui, de retour, était soumise à des interrogatoires, suspectée de complicité avec les mouvements panislamiques en agitation dans le monde musulman. ‘'Pendant les premiers mois de 1921 , un certain nombre de familles qui avaient émigré en 1910-1911, en guise de protestation contre le service militaire étaient revenues à Tlemcen. Ces gens étaient surveillés par la police, mais cela ne les empêchait pas de parler beaucoup du charme de l'Orient, de la force morale de la Turquie et du réveil du monde arabe. Ils racontaient par le menu détail la guerre de 1914 en Orient et mettaient en relief la force de l'Islam et la grandeur de son avenir. Ces émigrants appartenaient à presque toutes les familles de Tlemcen et, sans le savoir, ils propageaient ainsi l'espoir au sein de toute la population. Mes promenades dans le haut de la ville et la fréquentation du café ‘'Bensmaïl'' me permirent de rencontrer un certain nombre de ces émigrants. Je me liai d'amitié en particulier avec trois d'entre eux : Mohamed Dib, Djelloul Dib et Mohamed Badsi… Nos parents étaient persuadés, en effet, que le redressement de l'empire ottoman entraînerait la libération de tout le Maghreb'' (Mémoires de Messali Hadj ).
L'appel à la ‘'Hidjra ‘' rencontra non seulement un appui, mais également des oppositions de la part de dignitaires religieux embarrassés par la consultation (fatwa) rendue par le muphti de Tlemcen ; tel était le cas de Cheikh Larbi Tchouar (1848-1955) (3). En opposant son refus à la ‘'Hidjra'', il en appelait au repli sur soi pour ‘'éviter l'abandon du pays''. Dans le climat de discorde créé par la ‘'Fatwa'' et en raison de son avis opposé, ce dernier fit l'objet ‘' de jugements sévères et souvent aussi d'insinuations'', témoigne Messali Hadj dans ses mémoires. Le soufi Larbi Tchouar, affilié à la zaouiya des ‘'Derqawa-Hibriya'', voyait dans l'appel à la ‘'Hidjra'' une décision hâtive, dure de conséquences pour l'avenir du pays. Messali Hadj manifestait un grand respect pour ce personnage vénéré qu'il compare à un saint et bénéficiant d'une grande estime populaire. Dans sa posture, Larbi Tchouar (1848-1956), fervent soufi, s'en tenait lui-même à la consultation-fatwa rendue par son maître spirituel Cheikh al-Habri (m. en 1899) des Bani Znasan (Maroc oriental) par laquelle il recommandait à ses disciples la poursuite de leur combat en approfondissant leurs convictions religieuses par ‘'les prières, la solidarité et l'union'', l'Algérie étant , selon son avis religieux, considérée comme ‘' Dar al Islam''. C'est auprès de cet ascète réputé pour son austérité hiératique, mort à un âge biblique, que le jeune Hadji, futur leader nationaliste, fut placé par son père pour apprendre le métier de babouchier (Source : Mémoires de Messali Hadj, Lattès, Paris, 1998).
Larbi Tchouar a fondé, en 1919, à Tlemcen, la première succursale de la zaouia ‘'Alaouiya''. Il est l'auteur de la première compilation des sapiences (hiqâm(s) et poésies, publiée en 1937 à Damas, de l'œuvre du grand savant-mystique andalou originaire de Séville Sidi Abou Madyan Choaïb (1127 -1192), sous l'égide de Cheikh Mohamed Belhachimi tilimsani, maître de l'ordre mystique des ‘'Shadiliyya-derqawâ (né à Tlemcen en 1881, mort à Damas en 1961), auteur entre autres, d'une œuvre sur la ‘'Akida des Ahl Sounna''(Librairie Taraqî). La question de la «Hidjra» était déjà là, bien avant le prêche du muphti Djelloul Chalabi, puisque plusieurs départs étaient signalés, dont celui de Cheikh Yellès Chaouche, le ‘'moqaddam'' de la voie mystique, ‘'Târiqa Derquaouiya-hybriya'' qui quittait le pays à destination de la Syrie accompagné de vingt-cinq de ses fidèles. Cheikh Ahmed Yellès Chaouche dit «Benyellès», mort en 1958 à Damas, était un disciple préféré de Cheikh Mohamed Bouzidi de Mostaganem (m. en 1908), maître à penser de Cheikh Ahmed al-Alaoui ( 1874-1934), à qui il a confié la direction de l'ordre soufi des ‘'Derquaoua-Shadiliya‘' en Algérie.
A suivre


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