Il aura fallu le retour de Ouyahia aux affaires pour que l'opinion publique soit éclairée, même sous un seul angle, sur les intentions du pouvoir en place, Bouteflika en premier. Qu'a dit exactement Ouyahia d'aussi exceptionnel pour lui accorder un crédit que beaucoup lui dénient. Ouyahia n'a tout simplement rien dit de nouveau, se contentant de reproduire le discours officiel ambiant mais avec cette particularité de distance qui lui confère une certaine légitimité. Le nouveau boss du RND a abordé le sujet d'actualité en écartant toute velléité de succession filiale. Justement, à propos de Saïd Bouteflika, il affirmera que le frère du chef de l'Etat ne nourrit pas spécialement d'ambitions présidentielles. La conférence de presse de celui qui est toujours ministre d'Etat, directeur de cabinet de Bouteflika, a été l'occasion de revenir sur les malentendus de ces derniers jours et un rappel à l'ordre à l'opposition. Dans un discours volontiers consensuel, Ouyahia rappellera sa mission de commis de l'Etat et assumera publiquement son image d'homme des sales besognes au service de l'Etat. Un rappel pour mieux préparer son offensive à travers un consortium de partis acquis au président de la République, seule voie, selon l'ancien chef du gouvernement, pour renforcer la voix de la majorité et contrebalancer la force de l'opposition. Ouyahia s'est montré catégorique sur certains dossiers, tranchant dans le vif, particulièrement à propos de la transition consensuelle voulue par le FFS et excluant de fait des élections anticipées demandées par l'opposition. S'il refuse de lier son retour à un agenda politique faisant de lui un outsider dans la course à la succession de Bouteflika, préférant plutôt évoquer des «raisons internes», ses réponses mêmes invitent à la réflexion. Le fait d'afficher son soutien à l'institution militaire, Gaïd Salah et Toufik en tête, ainsi qu'au patron des patrons Ali Haddad, objets de toutes les critiques, prouve si besoin est que la sortie médiatique de Ouyahia se veut consensuelle, loin de toute polémique. L'homme n'est pas sorti des sentiers battus mais a néanmoins tenu à éclaircir les choses sur le dossier du gaz de schiste. En abordant cette question sensible, le SG du RND, le premier à se prononcer ouvertement sur le sujet depuis la fin des incidents de In Salah et les manifestations de soutien aux populations du Sud à travers le territoire national, a clairement laissé entendre que l'option du gaz de schiste est inéluctable. Il mettra en avant la situation économique du pays ainsi que la baisse des prix du pétrole sur les marchés mondiaux. Il a pris en exemple les USA allant à contre-courant et accusant au passage la France sans la nommer d'avoir exercé des pressions sur l'Algérie pour geler le projet d'exploitation des énergies non conventionnelles et opter pour le nucléaire.