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L'heure du bilan du baccalauréat 2015 est venue
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 16 - 06 - 2015

Avant de parler du bilan du baccalauréat 2015 parlons des candidats et leur cursus scolaire. Plus de 50% sont nés en 1998 et sont le fruit des deux wagons de la cinquième et sixième année primaire et représentent le premier échantillon de la réforme en Algérie.
Ces candidats ont dès le début étudié dans des classes surchargées, victimes d'un système scolaire et d'une réforme décriée par tout le monde. Ces conditions qu'on a à maintes fois dénoncées tels que les classes surchargées, le manque d'encadrement, la montée de la violence, l'impunité, le seuil des programmes à tous les niveaux et non pas uniquement en terminale, les cours particuliers, les grèves dues surtout à un entêtement des deux parties «enseignants et tutelle» ainsi que l'apport négatif des parents d'élèves qui ne pouvait permettre à l'élève de passer son baccalauréat dans de bonnes conditions car le niveau ne pouvait que baisser et l'élève n'acceptait plus aucune autorité.
Cet échec scolaire la «baisse du niveau» se sont développés surtout à partir des années 90 pour s'amplifier avec la nouvelle réforme de l'Education. Pour en clarifier les raisons et le degré de réalité, il faut distinguer les évolutions perçues localement dans tel type de classe ou d'établissement et ce qu'on sait plus globalement des acquis des élèves en Algérie d'après les enquêtes et comparaisons effectuées. Je commence par ce deuxième point. Dès l'année 2008, la suppression des barrières sélectives pour l'accès en seconde par le fusionnement de la cinquième année et la sixième année primaire, ainsi que la suppression du baccalauréat technique dans les lycées technologiques ont entraîné une nette diminution des durées d'études. Tous les élèves n'en ont pas tiré le même profit, mais l'effet d'ensemble est que «le niveau diminue».
Ce qui est paradoxal c'est de prétendre vouloir «la réussite de tous» sans veiller à garantir partout de bonnes conditions d'apprentissage. Faire sauter des verrous sélectifs et bombarder les enseignants d'injonctions culpabilisantes, cela ne pouvait qu'engendrer plus de sentiments d'échecs et de crispations dans les établissements mêmes les plus connus pour leur taux de réussite. Car «ouvrir les portes» sans aménagements tenant compte des inégalités de recrutement, provoque la fuite d'une partie croissante des familles de leur responsabilité et des enseignants vers la retraite. En effet, dans cet espace ultra hiérarchisé, les surcroîts d'échecs sont dus à des processus de ghettoïsation mais aussi à des «sauts d'exigence», quand des élèves arrivent dans des établissements de plus haut niveau sans que leur entourage sache prévoir et amortir le choc. On comprend alors pourquoi ce ne sont pas seulement les plus démunis qui sont touchés. L'essor des pratiques d'évitement conduit aussi la majorité des établissements à promouvoir des «bonnes classes» destinées à retenir les meilleurs élèves, ce qui rend les oppositions bon/mauvais omniprésentes. Surtout en zone urbaine s'intensifie ainsi au sein même de l'établissement une logique de sélection et de classes de niveau qui attise les tensions et creuse les inégalités. Donc, toute la société est responsable de cet état de fait et de ne plus se jeter l'éponge et d'accuser l'autre pour chercher le bouc émissaire de cet échec. Le temps est venu de sauver ensemble ce qui peut être sauvé.
Maintenant essayons de voir ce qui s'est passé au baccalauréat 2015 en Algérie et ce qui se passe dans l'éducation en général.
POURQUOI LES ELEVES ONT-ILS TRICHE, SANS PARLER DES MOYENS UTILISES ?
Ce phénomène ne peut nous laisser indifférents. La tricherie est un mal sournois qui guette tout élève. Pourquoi triche-t-on ? Qui triche ? L'effort est-il toujours récompensé ? Autant de questions qui peuvent orienter notre réflexion. Tout le monde s'insurge contre elle, et pourtant elle est toujours pratiquée. En Algérie plus de 75% des élèves trichent car ils refusent l'effort et la réflexion. Les moyens faciles pour gagner de l'argent dans la société se sont répertoriés chez les élèves et les étudiants pour tricher.
La première tricherie a été apprise par les parents à leurs enfants, dès le primaire en acceptant les cours particuliers de leur progéniture chez le même enseignant de classe dans le but de garantir la réussite quels que soient les moyens utilisés. L'enfant comprend petit à petit que son père a utilisé un nouveau moyen de corruption légal pour sa réussite. Ces enfants font de moins en moins d'efforts en classe et perturbent leurs camarades dans des classes surchargées et deviennent de plus en plus agressifs non pas seulement vers leurs camarades mais aussi envers leurs enseignants, la société et même leurs parents qui seront dépassés avec le temps. L'école ne sanctionnant plus les tricheurs, leur nombre ne cesse d'augmenter ; nous retrouvons des élèves nuls ne savant même pas écrire leur nom avec des notes excellentes sans que ni l'enseignant ni l'administration ne prennent note de cet état. Toute sa scolarité de la première année primaire à la terminale, il a triché pour réussir dans au moins 50% des matières enseignées. Arrivé au baccalauréat la tricherie est devenue une matière enseignée dont le coefficient est très élevé puisqu'il dépasse celui des matières dites essentielles. Ajouté à cela le grand nombre de matières enseignées qui permet à ce phénomène de se développer encore plus.
Pour l'élève habitué et dopé par les jeux électroniques par internet, la tricherie est un jeu et un défi qu'il a mis en place.
LES RESEAUX DE TRICHERIE
L'addition des réseaux sociaux et des nouvelles technologies ne fait pas bon ménage pour les autorités. En revanche, elle fait le bonheur de nombreux étudiants. La triche au bac a défrayé la chronique, de nombreux sujets ont été dévoilés dès le début des épreuves. Non pas que cela ne soit pas déjà arrivé, le phénomène est juste extrêmement accentué de par la rapidité et la simplicité de ces nouveaux protagonistes.
Pour le cas du bac 2015, les candidats expliquent que toute l'année leurs smartphones les ont accompagnés pendant les divers contrôles et devoirs. Indubitablement, avec des fonctions comme la photographie, la recherche web, les PDF et une discrétion à toute épreuve, ces téléphones tout-en-un sont des armes de pointe pour les tricheurs.
Pour le bac, un nombre de sujets impressionnants a été divulgué sur les réseaux sociaux (Facebook) avant les épreuves officielles et sont souvent faux. Le cas de l'exercice de mathématiques n'était que le sommet de l'iceberg ; on cite aujourd'hui les épreuves d'histoire géographie, d'anglais, de physique, et de SVT. De même, les candidats ne se sont pas contentés de poster uniquement les sujets, profitant des possibilités d'Internet et de mise en ligne simplifiée, ils ont posté les cours répondants aux questions et également des axes de correction, voir des corrections complètes.
C'est sur des groupes Facebook que les sujets étaient mis en ligne et dévoilés aux yeux de tous, ces groupes étant «privés» seuls les élèves y avaient accès et pouvaient filtrer les personnes entrantes. C'est pourquoi les autorités n'ont pas eu vent des premières fuites.
Une enquête est bien sûr mise en place, mais trouver la source n'est pas le seul problème. Pour un maximum d'équité, les nouvelles technologies (smartphones, tablettes…) et réseaux doivent faire l'objet d'une vérification.
Des élèves qui parviennent à tricher toute l'année sont bien la preuve qu'il y a un sérieux problème. On rabâche aux plus jeunes les dangers des réseaux, mais il serait bon d'éduquer le corps pédagogique aux conséquences possibles de leurs emplois et aux multiples possibilités qu'offrent ces nouveaux produits.
POURQUOI LES MATHEMATIQUES SONT L'ENFER POUR 75% DES ELEVES
L'élève issu de la réforme arrive en seconde sans les abc de la logique mathématique, mais avec d'excellentes moyennes. Il aborde son tronc commun normalement avec tous les pré-requis lui permettant de faire une très bonne année et poursuivre sa scolarité sans problème. Mais dès le premier contrôle, 80% de ces élèves n'arrivent plus à suivre et sont confrontés à la réalité malgré le fait que ce premier trimestre en seconde est globalement bâti sur les abc du calcul mathématique. L'enseignant de seconde, pour ne pas décourager son élève, est obligé d'abaisser le niveau des contrôles. Ajouté à cela le programme non assorti pendant ce trimestre qui devait être déjà étudié avant. L'élève, pendant toute cette année, n'est pas préparé à des raisonnements mathématiques lesquels ont été enlevés du programme pour être remplacés par des calculs souvent avec la machine scientifique. Cela nous donne des élèves qui ne savent pas calculer sans leur machine à tel point que la simple opération 2x3 est faite à la machine ; alors que pouvons-nous attendre de ces enfants en mathématiques ? Et à chaque devoir, l'élève trouve ou bien le sujet trop long ou bien trop difficile car il n'utilise aucun raisonnement mathématique et utilise la mémorisation et les recettes de cuisines des cours particuliers pour résoudre les sujets dont le niveau a beaucoup baissé.
Maintenant, lorsque le candidat du baccalauréat 2015 dit que le sujet de maths est difficile ou bien très long, ce n'est pas une surprise pour les professeurs de mathématiques car c'est du déjà-vu et vécu.
Autre chose. Lors de l'orientation de la seconde en première année scientifique, nous avons plus de 50% d'élèves qui n'ont aucun profil. Alors, on les met tous en 1ère AS sciences. En 1ère AS sciences 95% des élèves sont admis en terminale dont plus de 70% n'ont pas de moyenne en maths. Alors, comment peuvent-ils réussir l'épreuve de mathématiques ? Telle est la réalité. Pour les Lettres, on oriente les élèves qui devraient faire une formation professionnelle mais on les garde jusqu'à l'âge de 16 ans pour les mettre à la rue, une fois ayant dépassé l'âge de scolarisation. Le problème se pose aussi pour la branche technique mathématique et gestion-économie. La seule branche homogène est sans nul doute la branche mathématiques.
Donc l'échec à l'épreuve de mathématiques est un problème d'orientation, de programme et de niveau des élèves.
POURQUOI ACCUSE-T-ON LES ENSEIGNANTS D'AVOIR MAL SURVEILLE ?
Là aussi on s'attardera sur les mauvaises conditions vécues par les enseignants pendant l'exercice de leur fonction. Ils n'ont plus aucune autorité sur les élèves, ces derniers trichent de force et arrivent même à menacer, insulter ou agresser leurs enseignants sans qu'il n'y ait aucune suite ou sécurité. Aujourd'hui certains enseignants n'ont pas peur pour eux devant ces menaces mais pour leurs enfants. Il ne faut pas fuir la réalité qui est amère puisque ni la loi ni la tutelle ne garantissent la sécurité à l'enseignant. Encore plus, la tutelle a obligé des enseignants malades chroniques ou tout simplement malades à surveiller, ce qui est aberrant et incompréhensible. Tout cela a poussé certains enseignants à faire un travail sans motivation aucune. Mais la tutelle n'a pas compris qu'aujourd'hui, l'enseignant n'est plus motivé et qu'elle devrait trouver une solution dans ce sens et non pas utiliser la menace.
LE BACCALAUREAT EN ALGERIE A BESOIN D'UNE RENOVATION
L'élève d'aujourd'hui ne peut faire un travail de synthèse efficace pour autant de matières en terminale et, de ce fait, il doit surtout se concentrer sur certaines matières en terminale. Donc, il est primordial que le baccalauréat se passe en deux jours et demi pas plus, pour garantir une concentration totale et diminuer le stress que vivent les candidats. Le baccalauréat peut se dérouler en deux parties, l'une en 1ère AS et l'autre en terminale. Ainsi, l'élève pourra avoir plus d'heures dans les matières de spécialité en terminale. L'autre nouveauté, il faut abolir les sujets au choix pour ne pas perturber l'élève et augmenter les coefficients dans les matières dites essentielles.
Il est temps d'introduire un baccalauréat technique et un baccalauréat professionnel.
LA SANCTION
La sanction, seule vraie remède pour limiter la tricherie. Mais elle ne doit pas se faire uniquement au bout du parcours mais dès les premières années, c'est-à-dire au primaire, allant par exemple à l'expulsion pendant quelques jours ou le changement d'établissement et en obligeant les parents à payer les dommages causés par leur enfant dans la dégradation de la société.
* Porte-parole du CLA et professeur de mathématiques au lycée Colonel Lotfi d'Oran


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