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Maghreb : L'unité, enjeu majeur au XXIe siècle
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 07 - 2015


2ème partie
LE MAGHREB, UN CHOIX POLITIQUE, ECONOMIQUE ET CULTUREL DETERMINANT DE L'AVENIR
Le Maghreb médian fut quant à lui, au moyen âge arabe, le berceau d'une grande activité de l'esprit sur des sujets philosophiques et scientifiques aussi bien en mathématiques qu'en astronomie avec un grand sens pratique. De la période de sa brillance, il est cité les noms de grands savants dont l'œuvre a laissé une forte empreinte dans l'orientation de la pensée, nous citerons entre autres Ahmed al-Abderry, plus connu sous le nom d'Al-Abili, né en 1282 à Tlemcen, mort à Fès. Son enseignement marquera certes profondément le génie de cette période avec des disciples au Caire, à Béja en Tunisie, à Fès, Marrakech, Tlemcen parmi lesquels le célèbre Aderrahmane Ibn Khaldoun (1332-1406) et son frère Yahia (1331-1379), Ech-Charif al-hassani, Ibn Marzouk al-Djad (1310-1379), Said al-Okbani, Ibn Arafa (1316-1401)… impliqués, pour la plupart, à fond dans une observation très subtile des phénomènes de l'histoire et de la religion avec des traités et des commentaires où la logique, la déduction sont à l'honneur. Leur mobilité de l'esprit s'est imposée pour faire école en termes de progrès dans les études voire plus tard, l'œuvre remarquable de Cheikh Benyoussef Sanoussi, auteur de la «Akida», ou article de la foi.
Les textes «sanoussiens» répondent à des critères aristotéliciens de démonstration prenant souvent l'allure d'une mosaïque traitant de sujets d'un accès, que seuls dignes sont en mesure de les acquérir. Ces grands hommes constituent des repères symboliques à tout l'effort de relecture qui doit être entrepris pour la connaissance, en vue d'une construction fructueuse du Maghreb de l'esprit, de la science, des arts… Ceci explique le succès au moyen âge arabe des savants-faqih, cadis, mouderrès maghrébins en Orient au Caire, al-Qods (Jérusalem), Damas, Médine, Béjaïa, Tlemcen, Fès, Tunis. Du fait des migrations, l'histoire a façonné cette complémentarité entre le Maghreb et l'Andalousie d'où cette complicité entre les savants, les poètes, les artistes. L'histoire du Maghreb est une page qui nous laisse plein d'admiration pour également des poètes et des musiciens élégants qui ont produit des goûts, créant un art distinct qui nous parle encore car façonné par l'esprit maghrébin. De l'identité maghrébine, il est tentant de la chercher non seulement du côté de l'histoire ou de la religion mais également du côté de la sensibilité, c'est-à-dire de l'art. Les genres maghrébins empruntant à la musique ancienne, à savoir: le ‘'malhoun'', le ‘'hawzi'' originellement connu sous le nom de ‘beldi'', le ‘'mahdjouz''… sont d'une palette émotionnelle inégalée, inspirés des œuvres des grands poètes-compositeurs. Ils sont l'émanation d'un art profond d'une sensibilité maghrébine avec comme vecteur le dialectal, idiome officieux. Les œuvres des poètes Said al Mandassi, Mohamed Nedjar, Lakhdar Benkhlouf, Mohamed Ben M'saib, Ahmed Bentriqui, Djilali M'tired, Laddour al Alami, Boumédiène Bensahla… sont des témoignages riches de ce Maghreb de la chanson et des traditions artistiques d'essences populaires. La musique andalouse, héritage de Cordoue et de Grenade, agglomérée dans les vieilles maghrébines cités, fait partie aussi de la légende dorée de ce Maghreb. Au plan religieux, il est nécessaire aujourd'hui de renouer avec la recherche théologique de la sensibilité culturelle et spirituelle, maghrébine.
Il existait un véritable orgueil maghrébin, d'où le terme «Maugrabin» utilisé par le courant orientaliste né au XVIIIe siècle en Europe avec les philosophes de Lumières pour désigner les Maures raffinés, soucieux du travail bien fait. Au Maghreb, la liberté de pensée et d'expression connut le plus d'épanouissement au point de pousser les juifs persécutés et même les chrétiens dissidents à y venir chercher refuge, à l'exemple, aujourd'hui, des démocraties les plus modernes. Avec son territoire pris entre la mer Méditerranée et le Sahara, il est ce coin du monde où la coexistence des religions dites «tolérance» et là, bien avant l'Europe où elle ne se développe qu'au XIXe s. seulement. Toutes les influences se sont exercées dans le sens d'un tempérament et un caractère spécifiques favorisant une cohabitation dans la différence.
De ce passé religieux, les villes prestigieuses du Maghreb gardent des vestiges fabuleux de mosquées, de palais, de médinas avec leurs fondouks, leurs mosquées, leurs bains, leurs fours, harat, riat, et ksour… Des lieux de mémoire antique dans le Maghreb dont les vieilles cités d'Algérie ont payé le prix de vastes démolitions, au prétexte d'un urbanisme moderne. Pendant l'occupation coloniale, les médinas en Algérie surtout ont vu leurs vieux édifices rasés sous les coups de pics et dont on tente aujourd'hui d'en exhumer les traces. Le pays en était, ainsi, flétri dans sa chair, comme dans son âme. Dans son combat, le héros national Abdelkader a compté dans sa lutte, sur la solidarité maghrébine. Des hommes d'armes, des chefs ou caïds étaient nombreux à figurer parmi son premier cercle, voir Mohamed Benouna issu d'une famille d'intellectuels et de commerçants de Fès qui, nommé caïd, fut chargé de pourvoir en armes les camps de l'émir, à partir du port déchu aujourd'hui, d'Arghgoul, une ancienne escale phénicienne érigée au VIIIe s. comme capitale, celle des «Soulaymaniine», du nom de Souliman, frère de Idriss 1er, fondateur de la ville de Fès. Il bénéficia de l'aide des Rifains et des habitants de la région frontalière des Béni-Znassan. Du temps de l'émir Abdelkader, l'Algérie comptait dans les villes, une communauté de Maghrébins atteignant un cinquième de sa population. Les plus importants phénomènes migratoires enregistrés dans le Maghreb se situent entre les XVIe et XVIIe siècles enfin, au XIXe s. avec une forte migration frontalière au début de la colonisation.
Le chef rifain Abdelkrim al-Khattabi (1882-1963) comptait dans sa guerre rifaine de nombreux compagnons d'armes d'origine algérienne parmi lesquels nous citerons Haddou Benhaddou des M'çirda, un médersien polyglotte devenu son ministre des Affaires étrangères ou encore le grand voyageur Moulay Hassan al-Baghdadi, futur muphti de la grande mosquée d'Alger, son secrétaire particulier…
Toujours dans les temps modernes, les élites urbaines sous la houlette des «Jeunes-Algériens » et des «Jeunes-Tunisiens», de la nouvelle génération, pendant l'occupation y jouèrent un rôle important, prélude à un vaste mouvement politique et intellectuel de résistance à forte rhétorique politique et culturelle civilisationnelle. Leur élan à caractère moderniste devait certes accompagner des changements substantiels dans les mentalités et les comportements sociaux en Algérie et en Tunisie, avec une influence sur l'ensemble du Maghreb. En Algérie, ce mouvement modéré de la jeunesse exerça une forte prégnance de leurs idées sur les forces montantes du mouvement national, la troisième décade du XXe siècle. «Le manifeste était en germe dans le Jeune-Algérien», écrivait le professeur Abdelkader Mahdad (1896-1944), membre du comité directeur des AML et membre fondateur des AML et de l'association des Oulamas algériens, cité par Ferhat Abbas dans son livre. Messali Hadj, très jeune, habité par une sorte de mystique patriotique, fut, lui-même, fortement marqué par l'ébullition de la société algérienne sous la férule de la jeune élite maghrébine formée à la double école arabe et française.
La « Hidjra » rendant licite l'exode à l'annonce en 1908 de la conscription des Algériens allait enflammer les débats sur la colonisation. Le projet de pénétration française au Maroc constituait le motif principal de cet exode impliquant les «foqaha(s)» conservateurs et les jeunes de l'élite engagée profitant de l'évènement pour engager le débat sur les droits, les libertés politiques… Les pères de famille refusaient certes que leurs enfants figurent parmi les contingents militaires d'une conquête. Ce moment s'inscrit dans la mémoire du pays en général et des villes telles Tlemcen, Mascara, Constantine… où la ‘'hidjra'' fut la plus massive. A ce propos, Bénali Fekar, le premier docteur ès sciences politiques, économiques et juridiques, journaliste, leader du mouvement des Jeunes-Algériens, premier politologue maghrébin, écrit déjà, en 1905, dans «al-Misbah», hebdomadaire créé par son frère aîné Larbi, instituteur à Oran: «… qu'il était sage pour la France de repousser toute idée d'une intervention avouée contre ce pays».
La «Hidjra» fut une sanglante aventure religieuse et politique. Vieux, femmes et enfants allaient prendre la route de la Syrie, de la Turquie, de l'Egypte et de la Palestine, vendant leurs terres, donnant leurs biens, cédant leurs échoppes avant de quitter les villes. Nombreux mourront dans les cales de navires sur les chemins de l'exil. Ce sont les émigrés de retour de la «Hidjra» et son aventure qui animèrent encore les débats sur la colonisation. La solidarité maghrébine est aussi là, à cet instant, marqué par ces départs, vécus comme un grand évènement politique, sans doute le plus important du début du XXe siècle, au Maghreb. Le mouvement de la jeune élite en Algérie et en Tunisie, en prenant, au fur et à mesure, le mouvement de la parole, allait créer une nouvelle attitude de l'esprit par rapport aux vieux turbans, connus pour leur conservatisme, fut un courant légitimiste et rénovateur avec un esprit ouvert prônant la liberté de penser, de s'organiser, de communiquer par l'intermédiaire de journaux, de cercles ou nadis… Dans le Maghreb tripartite, les jeunes marquant l'émergence de la nouvelle élite ressentaient pour obligation morale d'offrir aux Maghrébins l'instruction, remplaçant cette fois la résistance des armes et cela pour accéder à la liberté et à la modernité.
A suivre...
* Journaliste-écrivain Ancien rédacteur en chef régional de l'APS


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