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Réfugiés : fiasco regrettable des négociations européennes
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 09 - 2015

L'Union européenne peine à prendre des mesures communes pour l'accueil La crise des réfugiés ne fait que commencer. Selon Frontex, l'agence européenne en charge de réguler les flux frontaliers, l'afflux des migrants vers l'Europe en 2015 jusqu'en septembre, 500 000 p., était bien supérieur à l'ensemble des migrants de l'année précédente (280 000 en 2014). Et les cadences se sont accélérées au cours de l'été, comme le montre certains chiffres recueillis : pour le seul mois d'août, 88 000 arrivées en Grèce, 52 000 en Hongrie, soit, dans ce pays plutôt rétif à l'accueil des réfugiés, vingt fois plus que l'an dernier.
Les crises au Proche-Orient sont à l'origine de cette augmentation massive du nombre de migrants et de réfugiés en 2015. Si l'on prend le seul cas de la Syrie, le HCR dénombrait en début d'année 11,7 millions de déplacés syriens (et 4,1 millions de réfugiés irakiens) sur une population initiale de 23 millions de personnes. Plus de la moitié des Syriens sont des réfugiés ! La situation est tellement catastrophique que l'agence des Nations unies reconnaît désormais automatiquement comme « réfugié » toute personne fuyant la Syrie.
Ces crises moyen-orientales, tout comme le cas libyen, sont loin d'être résolues. Des zones conflictuelles dans l'Afrique sub-saharienne par ailleurs, fournissent elles aussi leurs contingents de migrants forcés. En Europe même, l'Ukraine, en frontière directe avec l'Union européenne, est entrée dans une guerre civile loin d'être résolue. Le flux des réfugiés mondiaux a connu une accélération fulgurante depuis 2005. On comptait cette année-là 19,4 millions de réfugiés dans le monde. Début 2015, ils étaient 52,9 millions. Cette très forte augmentation résulte essentiellement de la multiplication des conflits - le HCR en a compté 14 au cours des cinq dernières années : huit en Afrique (Côte d'Ivoire, République centrafricaine, Libye, Mali, nord du Nigéria, République démocratique du Congo, Soudan du sud, Burundi), trois au Moyen-Orient (Syrie, Irak, Yémen) un en Europe (Ukraine) et trois en Asie (Kirghizistan, des régions de Birmanie et du Pakistan). Les régions du Proche-Orient et du Moyen-Orient, frontalières des principaux conflits concentrent à elles seules un tiers des réfugiés dans le monde (17,2 millions), accueillis notamment en Turquie (1,6 million de réfugiés, soit 223 pour 10 000 habitants) et dans le petit Liban (1,2 million, soit… 2 587 pour 10 000 habitants).
A titre de comparaison, la France comptait en fin d'année dernière 310 000 réfugiés ou demandeurs d'asile, soit 46 pour 10 000 habitants. L'Allemagne comptait 455 000 réfugiés fin 2014 (56 pour 10 000 h).
SOMBRE LUNDI 14 SEPTEMBRE
Ils doivent tenter de sauver leur vie et celle de leurs enfants : l'Europe voisine attire donc un grand nombre de candidats provenant d'Afrique ou du Moyen-Orient. Il faut être lucide, cela ne va pas sans créer des problèmes réels dans les pays d'accueil : création nécessaire de structures d'accueil, aide alimentaire et sanitaire, mobilisation des forces de sécurité mais aussi émergence de craintes ou de réactions xénophobes dans les populations de ces « pays d'accueil ».
Face à l'afflux soudain et massif de réfugiés, l'Union européenne, notamment à l'initiative de l'Allemagne en pointe sur la question de l'accueil de ces nouveaux réfugiés, avait cru trouver la bonne idée : la « méthode des quotas » ou la répartition égalitaire de ces réfugiés dans les 28 pays adhérents, en proportion de la démographie de chaque pays. La Commission européenne avait donc proposé un plan global d'accueil pour l'année jusqu'à mi-2017 répartissant les réfugiés déjà présents dans l'UE, à raison de 31 000 réfugiés en Allemagne, pays le plus peuplé d'Europe, 24 000 pour la France, 15 000 pour l'Espagne (etc.)… et 440 réfugiés pour le petit Luxembourg. C'était d'ailleurs le luxembourgeois Jean-Claude Junker, le président de la Commission européenne qui avait présenté la semaine dernière ce plan largement insuffisant par rapport aux chiffres déjà constatés mais équitablement réparti : ces réfugiés, « nous devons les accueillir dans nos bras » déclara-t-il à cette occasion, « le temps n'est pas venu d'avoir peur. C'est le moment de faire preuve de dignité humaine ».
Patatras ! Les discussions entre Etats-membres qui suivirent cette annonce furent orageuses : les ministres de l'Intérieur et de l'Immigration de l'UE, réunis à Bruxelles, n'ont pas réussi à se mettre d'accord. Dans la soirée du lundi 14 septembre, aucun consensus ne fut possible sur l'accueil et la répartition « solidaire » de 120 000 réfugiés aujourd'hui présents en Grèce, en Hongrie ou en Italie… La République Tchèque, la Slovaquie, la Roumanie, la Pologne et la Lettonie ont campé jusqu'au bout sur une position intransigeante.
L'Allemagne a été particulièrement agacée par la résistance de ces pays face à un plan qu'elle avait largement inspiré : l'attitude des pays « fermés » implique également un nombre plus grand des réfugiés pour les pays « ouverts ». Du coup, lundi matin, de colère, Angela Merkel annonce brutalement le rétablissement des contrôles aux frontières de son pays. Fini l'accueil à bras ouverts des réfugiés ! La volte-face de la chancelière s'explique aussi par des problèmes logistiques mal anticipés (Munich a dû en quelques semaines accueillir 63 000 réfugiés !) et par la grogne de son propre camp politique, une partie des conservateurs allemands étaient loin d'être enthousiasmés par cet afflux d'étrangers.
La décision d'Angela Merkel cependant, survient quelques jours seulement après qu'elle eut, toujours dans son style très directif, plaidé auprès de ses partenaires européens pour un accueil des réfugiés « sans limite de nombre ». L'Allemagne a justifié lundi sa décision de suspendre la libre circulation en Europe par « l'inaction » de l'UE. Pour l'instant, cela ne fait qu'accroître la confusion : l'Allemagne, favorable à l'accueil des réfugiés, ferme ses frontières. Son exemple fut suivi le même jour par les pays défavorables à cet accueil : l'Autriche, la Hongrie, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie ont immédiatement emboîté le pas, en cadenassant à double tour leurs postes frontières !
UN DEBAT DIFFICILE
Les réactions des populations européennes face au flux de refugiés mêlent le meilleur au pire. De nombreux Européens furent très sincèrement émus par le drame des naufragés de la mer Méditerranée et, il y a quelques jours, de nombreux pleurèrent devant la photo du petit Syrien découvert noyé sur une plage grecque. Les manifestations et gestes de solidarité furent nombreux. Mais dans un climat économique plus qu'atone et un chômage important dans l'ensemble de l'Europe, des réactions de craintes, de rejet, voire de xénophobie affichée existent aussi. Ce n'est pas un hasard si les attitudes les plus fermées ont été le fait des gouvernements des pays de l'est de l'Europe qui sont aussi les pays les plus pauvres de l'UE… Et une richesse relative n'est pas incompatible avec un égoïsme bien rentré : l'opulente Suisse n'est guère accueillante et l'Angleterre s'est déclarée d'emblée en dehors de tout accord de quotas.
L'Office des logements sociaux français a en début de semaine déclaré qu'il pouvait mettre 77 000 logements sociaux à disposition des réfugiés. Geste solidaire et généreux mais c'est une annonce qui a dû surprendre les centaines de milliers de mal logés qui patientent depuis des années pour accéder enfin à un logement social, sans parler des 250 000 personnes privées de tout logement ou SDF, recensées par l'INSEE. Et moi, et moi, et moi !
Le mauvais climat est encore renforcé par des fantasmes : « Afflux ingérable, cheval de Troie du terrorisme, l'UE première touchée… Fabulations et idées reçues sur les migrants sont légion, souvent relayées par les gouvernements » écrivait Libération qui, en juin dernier, désamorçait « 10 fausses idées » qui circulent sur les réfugiés. Un seul exemple : une déferlante incontrôlable de réfugiés sur l'Europe ? « Les migrants illégaux arrivés en 2014 représentent 0,05% de la population européenne » et les pays riches n'accueillent en réalité que 10% seulement des réfugiés mondiaux.
Le démographe François Héran confirme également la relativité des chiffres. Dans une France qui compte 66,3 millions d'habitants, si on la compare à un stade occupé par 10 000 personnes, explique ce démographe : « les migrations des dernières années y ont fait entrer 30 personnes par an, dont 10 étudiants, 13 conjoints ou enfants (regroupement familial), mais moins de 3 migrants au titre de l'asile et moins de 3 migrants au titre du travail »… Si l'on intègre les nouvelles mesures destinées à l'accueil des réfugiés, « notre enceinte de 10 000 personnes va grossir de 5 à 6 personnes supplémentaires par an », conclut François Héran.
POUR UNE EUROPE PLUS SOLIDAIRE !
Hors des fantasmes, la gestion d'un afflux important de refugiés est donc gérable dans le cadre européen. Mais à la condition de surmonter quelques difficultés notoires, certaines liées à l'importance soudaine de ce flux de population, d'autres relevant des fragilités de la construction européenne.
Les désaccords et les couacs des dernières rencontres des gouvernements sur le dossier montrent, s'il le fallait, que l'Union européenne n'a pas de politique commune en matière d'immigration, pas plus d'ailleurs qu'elle n'en a en matière de politique étrangère ou de défense. Et tout cela ne se bâtit pas en un jour. L'Allemagne et l'Autriche ont réclamé mardi la tenue d'un sommet européen exceptionnel sur les réfugiés dès la semaine prochaine. On craint le pire.
Un accueil efficace et durable de plusieurs centaines de milliers de refugiés nécessitent des investissements conséquents en matière de logement, de santé, d'éducation, d'emploi. Difficile à imaginer dans une économie hyper-libérale où les gouvernants ne cessent de rogner sur les dépenses sociales et où les déficits budgétaires sont vécus comme des péchés mortels. L'appel à la solidarité si souvent présent dans les discours politiciens et si souvent absent dans les pratiques concrètes, ne doit pas rester un vain mot. Il faut porter secours aux refugiés mais il faut également plus de justice sociale pour les populations les plus pauvres d'Europe qui reste le continent le plus riche de la planète ! Les Grecs auraient quelques mots à dire sur ce sujet…
Il faut également prendre en compte les différences notables qui existent entre les différents états membres. Angela Merkel a indubitablement défendu une politique généreuse mais l'une de ses motivations est son inquiétude devant la démographie allemande : pas assez de naissances, et la population allemande de 80 millions pourrait se réduire à 60 millions d'ici 4 décennies, faute d'apports migratoires… Etant donné que le pays est en situation de plein emploi, l'intégration des nouveaux arrivants sur le marché de l'emploi serait largement facilitée.
Dans beaucoup d'Etats européens, le chômage est important : « bien que l'absorption d'une population étrangère, représentant quelques centièmes de la population totale, ne semble pas être en mesure d'aggraver la situation économique du pays, les tensions sociales pouvant naître d'une telle situation de concurrence sur le marché de l'emploi sont autrement plus problématiques. La nécessité d'une baisse du taux de chômage en est le passage obligé » note Nicolas Goetzmann. Thomas Piketty, autre économiste, est encore plus précis : « le drame des réfugiés pourrait être l'occasion pour les Européens de sortir de leurs petites disputes et de leur nombrilisme. En s'ouvrant au monde, en relançant l'économie et l'investissement (logements, écoles, infrastructures), en repoussant les risques déflationnistes, l'Union européenne pourrait parfaitement revenir aux niveaux migratoires observés avant la crise ».
« Notre réponse à la crise des migrants définira notre histoire en tant qu'Européens », constate dans le même sens Dimitris Avramopoulos, le commissaire européen chargé du dossier


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