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Migrants subsahariens : gare au «syndrome de la jungle» !
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 06 - 10 - 2016

La jungle désigne depuis maintenant une dizaine d'années, les camps de migrants et de réfugiés installés à partir des années 2000 à Calais et Sangatte, aux abords de l'entrée française du tunnel sous la Manche et de la zone portuaire de Calais.
Cette jungle, l'appel d'air aidant, a la fâcheuse tendance à se remplir de migrants clandestins et les petites jungles se sont multipliées à l'infini sur l'ensemble du territoire français. Le problème agite le monde politique, jusqu'au président de la République François Hollande qui en a fait un thème de campagne, lui qui vient de déclarer : « nous devons démanteler complètement, définitivement le campement de la Lande. Il est, chacun doit le comprendre, une impasse pour les migrants. Il est aussi, je le sais, un terrain d'action pour les passeurs qui font croire à cette illusion qu'il sera possible de franchir la Manche ! ».
Sur le web, l'intérêt pour la question des réfugiés a explosé ; aujourd'hui, la jungle de Calais s'est invitée dans la campagne présidentielle de 2017 ; on parle d'un plan du gouvernement visant à répartir 12000 refugiés sur tout le territoire national. Comme de bien entendu, des élus et des populations s'y opposent, invoquant non seulement les problèmes sécuritaires qui en découleraient, de l'impossible cohabitation « réfugiés-Français », mais aussi les dépenses ainsi induites pour l'installation et la prise en charge des migrants. Et le problème risque de perdurer à défaut d'un consensus sur cette question.
En Algérie, il est aussi question non pas de réfugiés, mais de migrants subsahariens clandestins ; 17 000 d'entre eux, principalement Nigériens ont été, jusqu'à présent, rapatriés a annoncé. Noureddine Bedoui, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités Locales. Ce chiffre contredit, cependant, celui avancé par Saïda Benhabylès, la présidente du Croissant Rouge Algérien (CRA) qui a indiqué que seulement 15 000 ressortissants Nigériens ont été rapatriés dans leur pays depuis 2014, à la demande des autorités de Niamey qui soupçonnent l'existence de réseaux criminels nigériens qui exploiteraient ces personnes.
Plus que des soupçons, un réseau spécialisé dans la traite d'enfants a été démantelé à Tamanrasset. A ce propos, le ministre de l'intérieur répondant à une question en séance publique du Conseil de la Nation se rapportant aux pratiques maffieuses des migrants et autres incivilités qu'ils auraient commises, s'est voulu rassurant en précisant que « les ressortissants africains, en Algérie, font l'objet d'un suivi permanent par des commissions de sécurité locales et que des dispositifs d'alerte sont mis en place pour parer à toutes menaces y compris sur la santé publique ( allusion au virus Ebola ou encore au Sida) ».
Il n'en demeure pas moins qu'à ce jour, les autorités nationales ont longtemps occulté la réalité de la migration subsaharienne vers l'Algérie, considérant que les populations migrantes ne faisaient que transiter, à travers le pays, pour rejoindre l'Europe via le Maroc.
Il faut savoir, toutefois, que la migration inter régionale est constante depuis les années 1970, principalement entre l'Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie ; la migration en provenance de l'Afrique de l'Ouest quant à elle, n'a réellement, pris de l'ampleur qu'au début des années 2000. Les conflits locaux, par exemple, en Sierra Leone, au Libéria, en République Démocratique du Congo, au Nigéria, en Côte d'Ivoire et surtout au Mali ont joué un rôle important en désorganisant les flux migratoires intra-régionaux et en les redirigeant vers l'Afrique du Nord et vers l'Europe. Les derniers chiffres disponibles fournis par Abdelmalek Sellal faisaient état, au titre de l'année écoulée, de la présence de 20 000 migrants subsahariens en situation irrégulière et réfugiés, essentiellement originaires du Mali et du Niger. D'autres sources font état de chiffres nettement supérieurs.
Le Premier ministre, répondant d'ailleurs, à un journaliste qui le questionnait sur ce phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur, a déclaré que « le problème de migration clandestine vers l'Algérie pouvait perdurer en raison de l'insécurité qui prévaut dans les pays du Sahel ». Même si on relève que des migrants de 8 nationalités différentes résident de manière clandestine en Algérie, la migration subsaharienne est, essentiellement, malienne et nigérienne car les ressortissants de ces pays n'ont aucune peine à circuler, librement, dans le grand Sahara. Commerçants par le passé, ils s'adonnaient à l'économie frontalière du « troc ». C'était aussi des « saisonniers » qui venaient travailler ponctuellement dans les oasis du Sud. On appelait ce genre de déplacement « migration alternante ». Dans les années noires, à un moment où l'Algérie était durement frappée par le terrorisme, d'autres mouvements suspects de passeurs d'armes et de contrebandiers, en tous genres, ont commencé à prendre forme, ce qui a eu pour effet de perturber le système du « troc frontalier ».
Depuis c'est une autre forme de migration, pratiquée essentiellement, par des jeunes africains. L'Algérie, faut-il le dire, n'est pas, pour la majorité d'entre eux, leur destination finale :
* 40%, affirment les experts des mouvements migratoires, sont venus en Algérie pour travailler
* 40% sont dans une sorte de « transit » vers le continent européen ; ce sont les plus instruits et ils visent à s'installer en Espagne, en Italie ou en France
* 20% de ces migrants qui sont en Algérie voudraient rentrer chez eux, mais ne peuvent le faire. Il leur est impossible de partir en Europe ; retourner dans leur pays, c'est leur faire admettre leur « échec migratoire » et pour éviter cela, ils sont capables de prendre tous les risques en optant pour la « harga » ou en se présentant comme des « refugiés politiques ».
Il n'en reste pas moins que les migrants nigériens notamment, continuent à entrer dans notre pays pour y séjourner, vivre d'expédients et surtout mendier. Les Algériens, de manière générale, ont éprouvé beaucoup de compassion envers ces étrangers qu'ils aident au mieux, non sans s'interroger, disons-le, sur l'étrange facilité avec laquelle ils ont atterris dans la Capitale et les principales concentrations urbaines du pays. La multiplication des dispositifs de contrôle n'a pas, à l'évidence, réussi à juguler leur migration. Certains croient savoir que les migrants, en provenance du Niger, ne sont pas des refugiés de guerre ou des sinistrés de la sécheresse mais plutôt des mendiants professionnels qui se livrent à cette activité depuis toujours dans leur pays, à partir de la ville d'Arlit et d'Agadez. L'Algérie est, à l'évidence, leur nouveau terrain de chasse depuis qu'ils ont appris de la part de certains d'entre eux, revenus « fortune faite » au pays, que les Algériens sont généreux ; voilà pourquoi ils viennent, en masse, avec femmes et enfants. Pourtant, rien de la situation au Niger, actuellement, ne justifie ce déferlement de migrants sur l'Algérie.
Il y a également les Syriens, en grand nombre dans notre pays. L'Algérie leur a ouvert ses bras, eux qui ont fuit les combats se déroulant dans leur pays ; beaucoup d'entre eux ont refusé d'intégrer les structures d'accueil qui leur ont été préparées, notamment à Sidi-Fredj. Une partie de ces ressortissants syriens est, aujourd'hui, réduite à vivre d'expédients, voire à mendier aux portes des mosquées et leurs motivations restent, toutefois, indéchiffrables:
1. veulent-ils rester en Algérie ou poursuivre leur exil au Liban ou ailleurs dans le monde ?
2. s'apprêteraient-ils pour partie, comme 200 de leurs congénères, à rejoindre la Libye pour se rendre en Italie, après avoir établi une connexion et même plus, signé un pacte avec des milices libyennes ?
3. ce qui a fait dire aux services de sécurité qui les ont arrêtés, avec leurs complices algériens, qu'ils font partie d'un vaste réseau de financement du terrorisme, dans le cadre d'un plan financé par Daâch ?
Notre pays est, de nouveau, assailli par des grappes d'africains, nigériens et maliens majoritairement, qui ont élu domicile dans les rues ; à croire que le mouvement migratoire, même s'il a connu des reflux en 2014 à l'occasion de l'opération de retour enclenchée conjointement par l'Algérie et le Niger, reste malgré tout stable, voire en croissance continue car il s'installe dans la durée.
Le gouvernement, pour le moment, continue de tolérer cette migration clandestine, entrecoupée d'opérations ponctuelles, d'arrestations et de reconduites aux frontières, signe manifeste qu'il n'est pas disposé à la régulariser. Les pouvoirs publics sont pour « un règlement global » de l'émigration clandestine à travers, notamment, le développement des économies subsahariennes, et le renforcement de la stabilité interne des pays concernés. Avec les événements du Sahel, notre pays a renforcé la sécurité à ses frontières, tout en affirmant ne pas vouloir jouer le rôle de « gendarme » de l'Europe, comme l'a fait Kadhafi par le passé.
Pourra-t-il, pour autant, juguler les vagues de plus en plus nombreuses des migrants, notamment pendant la saison estivale propice aux mouvements migratoires, sans compter la ténacité hors du commun de ces personnes qui, autant de fois refoulées, réussissent souvent, avec femmes et enfants, à forcer les points faibles du dispositif sensé contrôler leur flux ?
Autre question, l'Algérie a-t-elle vocation à accueillir toute la misère de l'Afrique ? Auquel cas, il faudrait interroger les Algériens dont la patience n'a d'égale que la générosité dont ils font montre à l'égard des migrants clandestins livrés, faut-il le dire, à eux-mêmes ! Certes, il y a la nécessité de comprendre ici qu'on a à faire à des êtres qui méritent cet humanisme évident qui fonde l'existence même de notre civilisation ; qu'ils fuient la guerre et l'oppression, qu'ils recherchent un meilleur avenir économique, qu'ils tentent simplement d'améliorer leurs conditions, en prenant le risque de laisser leurs vies dans le désert du Sahara, devrait rappeler qu'il est dans la caractéristique même de chacun d'entre nous de toujours chercher à améliorer son sort. Difficile de reprocher à ces individus, à ces familles, à ces groupes, ce que nous serons les premiers à tenter, ce que nos harragas tentent, d'ailleurs, chaque jour, si nous avions à subir la même situation !
Il faut aussi rappeler et avec force, que la situation de ces migrants est créée au départ, par la déstabilisation et l'effondrement politique et économique de leurs pays d'origine ,des pays aux mains de potentats qui refusent l'alternance et s'accrochent au pouvoir quitte à brûler le pays. Avec la bénédiction des grandes puissances qui profitent de leurs richesses naturelles.
De ce qui précède, il faut dire que les cohortes des migrants iront croissant au regard de la crise économique globale qui n'en finit pas de durer et aussi des énormes disparités entre le Nord et le Sud de la planète, de la xénophobie ambiante, du changement climatique, de l'émergence de nouvelles guerres, et aussi du caractère insoluble des vieux conflits qui menacent d'exacerber ce problème de déplacement déjà massif. La mauvaise gouvernance et la corruption, sévissant notamment, en Afrique et dans le monde arabe sont à ajouter à ce constat.
Certes, l'approche des pays occidentaux reste répressive, mais ces déplacements de populations ont eu, au moins, le mérite de soulever la tragique question « du droit à la mobilité». Exigence revendiquée par nos propres harragas dont certains, rappelons-nous, y ont laissé leur vie ! Le monde se transforme donc aussi « par le bas », par « l'interstice », et par « l'action des exclus » écrivait Ali Bensaâd.
A la question fort épineuse que l'Etat et nos gouvernants se posent de savoir que faire de ces migrants clandestins qui s'amassent par paquets et s'essaiment dans tout le territoire national, il a été répondu « officiellement, l'Algérie s'interdit tout rapatriement de réfugiés étrangers installés sur son territoire, tant que la stabilité n'est pas rétablie dans leur pays ». La déclaration est attribuée à Saïda Benhabylès.
Il est certes vrai qu'il n'est pas de tragédie, comme celle, par exemple, des migrants subsahariens qui ne soit porteuse d'espérance. Notre gouvernement pourrait, toutefois, faire l'effort de «régulariser » tous ceux parmi les migrants qui, qualifiés, expriment le souhait de rester en Algérie pour y travailler, par exemple, dans le secteur de l'agriculture et du BTPH qui connaissent d'énormes déficits en matière de main-d'œuvre. Quant à ceux qui n'ont pas vocation à rester, ils doivent être reconduits aux frontières.
A exiger plus de fermeté au niveau des frontières, et demander, à minima, l'expulsion de tous ces africains en situation irrégulière, il va se trouver quelques «humanistes» pour dire qu'il ne faut surtout pas le faire, alors que la grande majorité d'entre ces subsahariens, n'a ni diplôme, ni formation encore moins un métier la rendant éligible au séjour régulier dans notre pays.
En France, durant l'année 2016, il n'y a pas eu une journée ou presque, sans que les médias locaux ou nationaux n'évoquent le sujet à tel point que 80% des Français indiquent que la gestion des migrants comptera lors de leur vote à l'élection présidentielle de 2017.
En Algérie, la question des migrants qui préoccupe de nombreuses franges de notre population en termes de sécurité publique n'intéresse guère la classe politique. Elle ne fait même pas débat !


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