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Avec Ali Haddad, le pouvoir informel ne connaît plus de limites
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 06 - 12 - 2016


  Ali Haddad contre Ramtane Lamamra.
Le pouvoir informel gagne du terrain, en provoquant des crises cycliques.
L'Algérie avait Amar Saadani. Elle a désormais Ali Haddad. Dans le rôle de l'homme vivant dans la proximité du président Bouteflika, disposant de pouvoirs sans commune mesure avec ce que lui offrent ses fonctions officielles, le patron du FCE fait autant de dégâts que l'ancien chef du FLN.
Les deux hommes partagent nombre de points communs. Même si l'un s'est révélé à travers l'appareil politique et l'autre en étalant sa fortune, ils sont tous les deux produits du même système. Amar Saadani a été fabriqué, dans son créneau d'apparatchiks, par les appareils sécuritaire et politique des années 1990. Ali Haddad est un montage oligarque réussi du démantèlement économique et institutionnel des années 1990.
Au tournant du siècle, lorsque M. Abdelaziz Bouteflia est arrivé au pouvoir, il les a trouvés déjà installés. Il les a confortés, en vue de les utiliser plus tard. Malgré une traversée du désert durant le deuxième mandat, Amar Saadani est revenu en force pour prendre l'appareil du FLN et servir d'explosif pour dynamiter Toufik Mediène. De son côté, tout en bénéficiant de contrats juteux tout au long des quinze dernières années, Ali Haddad a mis sa fortune à disposition du cercle présidentiel, finançant partiellement les campagnes électorales du président Bouteflika, avant de prendre le FCE, déboulonnant Rédha Hamiani et écrasant Issaad Rebrab, le patron le plus médiatique du pays.
La faute de trop
Le parallèle ne s'arrête pas là. MM. Saadani et Haddad sont devenus les symboles du pouvoir informel de ce quatrième mandat. On attribuait autant de pouvoir à Saadani dans les complots et manœuvres d'appareil qu'on en attribue à Ali Haddad dans les réseaux d'affaires.
Aveuglé par ce pouvoir, Amar Saadani a fini par confondre ses propres intérêts avec ceux du cercle Bouteflika. Certes, il rendait service en tirant à vue sur les adversaires présumés du chef de l'Etat, mais il a fini par faire des dommages collatéraux en tirant sur ses propres adversaires, qui n'étaient pas forcément ceux du président de la République. Ce qui l'a mené à sa perte, avec une mise à l'écart en douceur. Et comme toujours, l'homme qui fait preuve d'un grand courage pour attaquer les hommes que le chef de l'Etat voulait éliminer s'est montré extrêmement docile quand la décision est venue d'en haut. Il s'est retiré sans faire de vagues, attendant la prochaine séquence.
Quant à Ali Haddad, il a commis un impair d'une rare gravité. Surestimant son propre pouvoir, il a bousculé les hiérarchies politiques et protocolaires, pour finir par agacer. Une première fois en juin 2016 en annonçant une prochaine révision de la loi sur la retraite alors que le dossier, encore en gestation, n'était pas encore mûr. Il a alors contraint Abdelmalek Sellal à une série d'acrobaties, afin de gérer un dossier explosif, sagement réglé par un arbitrage du président Bouteflika, qui a eu recours à un compromis acceptable pour toutes les parties.
Couac et clash
Cette fois-ci, pourtant, Ali Haddad a franchi une nouvelle ligne que nombre d'analystes qualifient de ligne rouge. Lors du forum d'affaires africain organisé à Alger, il a grillé les règles protocolaires et de bienséance en montant à la tribune pour prononcer son discours avant le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. Trop, c'est trop, a estimé le Premier ministre Abdelmalek Sellal qui a aussitôt quitté la salle, suivi des autres membres du gouvernement, et créant une crise inédite : le gouvernement est cette fois-ci doublé par une organisation patronale, chose inacceptable en Algérie.
En fait, la crise couvait depuis longtemps. Mais après cet incident, les langues se sont déliées. On apprenait alors que le FCE et le ministère des Affaires étrangères se disputaient depuis longtemps le parrainage de ce forum. L'organisation d'une telle manifestation est totalement impossible sans le concours de l'administration du ministère des Affaires étrangères. Ramtane Lamamra, le Mr Afrique, pouvait se sentir d'autant plus offusqué qu'il voit mal une sorte d'arriviste, parachuté à la tête du FCE par les grâces du quatrième mandat, lui ravir les honneurs de ce forum. Circonstance aggravante, non seulement Ali Haddad s'incruste pour tenter de doubler l'administration bien rodée des Affaires étrangères, mais il tente de s'approprier le forum.
Faute politique
Sa maladresse tombe au plus mal pour lui comme pour M. Lamamra. Celui-ci fait face à une autre offensive, autrement plus délicate à gérer : la tentative de retour du Maroc au sein de l'Union africaine et un vent de fronde qui souffle dans une partie de l'Afrique visant à remettre en cause la présence de la République sahraouie dans le concert africain. Les pressions marocaines sont fortes et bien coordonnées : forte poussée économique marocaine en Afrique, lancement de l'idée d'un gazoduc allant du Nigeria vers l'Europe en passant par le Maroc plutôt que par l'Algérie, etc. Avec tous ces éléments, l'attitude de M. Haddad n'est plus une simple maladresse, elle devient une catastrophe diplomatique et économique.
A partir de l'incident de samedi 3 décembre, il n'est plus possible de garder le silence. Il faut crever l'abcès. Un sacrifice est nécessaire. Une tête doit tomber. Ali Haddad est tout désigné pour servir de fusible.
Va-t-il être débarqué ? L'idée circule avec insistance, même s'il est difficile pour le cercle autour du président Bouteflika de se débarrasser d'un homme qui a été si docile. Et qui a rapidement fait son mea culpa en rendant hommage au gouvernement.
Réduire le pouvoir informel
Ce n'est pourtant pas le sort de M. Haddad qui inquiète, mais ce que révèlent ces couacs dans l'organisation du forum d'investissements africain. Le fonctionnement en dehors des institutions est devenu affaire courante. De multiples centres de pouvoir, au niveau central comme au niveau local, régentent la vie des Algériens, en dehors de toute couverture légale. Cette manière de faire est devenue un handicap sérieux dans la gestion du pays.
C'est tout un pan de la diplomatie algérienne qui a pris un coup avec l'intrusion de Ali Haddad : les partenaires africains risquent de se détourner de l'Algérie au profit du Maroc, la crédibilité de M. Lamamra risque d'être érodée, sans parler de M. Sellal, si tant est que le Premier ministre lui-même croie encore qu'il a une quelconque crédibilité.
Il ne s'agit donc pas de remplacer M. Haddad par un autre patron plus rodé aux affaires de l'Etat. L'enjeu est d'une autre dimension. Il s'agit de ramener le pays à un fonctionnement institutionnel. Car Ali Haddad n'est pas le problème, il en est seulement l'une des manifestations les plus apparentes. Mais rétablir un fonctionnement institutionnel, c'est remettre en cause les fondements mêmes du pouvoir algérien. Ce qui montre bien que les Haddad et Saadani ont encore de l'avenir. Ils porteront simplement d'autres noms.


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