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Une histoire de pomme de terre
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 23 - 03 - 2017

Quand on suit les déclarations de nos pouvoirs publics relatives à la pomme de terre, on est rassurés de voir notre pays amorcer la diversification des exportations. En effet, selon ces déclarations, l'Algérie à exporté en 2016, des quantités non négligeables de ce tubercule vers les pays européens.
Tout le monde s'est dit que cette fois-ci, à défaut des autres produits qui, de par leurs prix élevés, la pomme de terre retrouvera sa place dans l'assiette des Algériens. Ce soulagement collectif n'a été qu'éphémère, la pomme de terre s'est fait remarquer par son absence sur le marché, ce qui a alimenté les discussions publiques. La place publique, au lieu de produire une opinion publique notamment sur les compétitions électorales imminentes, devient le lieu où on discute de la patate. Avouons-le, nous sommes descendus trop bas. Pour sauver la situation, les pouvoirs publics reviennent pour rassurer la population en menaçant les spéculateurs par l'inondation du marché. Cette «sortie» des pouvoirs publics n'est pas nouvelle puisqu'elle se répète à chaque pénurie. De ce fait, le problème ne réside pas dans l'absence sur le marché de tel ou tel produit mais, dans le discours menaçant des pouvoirs publics devant un problème récurent. C'est comme si les pouvoirs publics sont incapables de tirer les leçons du passé.
Avant de nous exprimer sur ces déclarations, nous allons voir le périple de ce tubercule natif de la cordillère des Andes (Amérique du Sud) il y a près de 7000 ans et qui à traversé les temps et les continents pour devenir incontournable dans notre alimentation. Voici son histoire.
Petite histoire de la pomme de terre
Savez-vous que ce n'est pas par hasard que les jardiniers lui ont donné les noms de Désirée, Charlotte, Agatha, Monalisa, la belle de Fonteney, Céline, Vanessa…Ces belles appellations sont autant de preuves d'amour que les jardiniers portent pour la pomme de terre.
Sur les bords du lac Titicaca, les Aymaras (tribus incas, vivant entre la frontière de l'actuel Pérou et la Bolivie), sont les premiers à cultiver la pomme de terre. Ils l'aimaient tellement qu'ils l'ont appelé PAPA. En 1537, le conquistador espagnol Gonzalo Jiménez de Quasada (15091579) que Cervantès aurait pris pour modèle dans Don Quichotte découvre la pomme de terre. Mais à cause de sa forme ils l'appellent truffe. La pomme de terre part à la conquête de l'Europe. Elle fut introduite en Espagne et se diffuse dans les Etats pontificaux sous le nom de «Taratoufli» (petite truffe). Elle aurait été cultivée pour la première fois en Ardèche (France) vers 1540. C'est Olivier de Serres (1539-1619), un passionné de l'agriculture et père de l'agronomie moderne, qui l'étudie sous un angle scientifique et découvre ses qualités nutritives. Qualités qui font que la pomme de terre soit réservée à l'alimentation des animaux. Il faut attendre le 18ème siècle pour que ses qualités soient enfin reconnues pour la consommation humaine.
Antoine-Augustin Parmentier (1737-1813), pharmacien des armées de France aux Invalides, la recommande pour résoudre la famine qui ravageait l'Europe. Au fait, Parmentier déclare avoir survécu grâce à la pomme de terre alors qu'il fut emprisonné en Prusse pendant la Guerre de Sept Ans qui opposa, de 1756 à 1763, l'Angleterre et la Prusse à la France, l'Autriche, la Russie, la Suède, l'Espagne et des princes allemands. Heureux de sa découverte, Parmentier la fit planter dans les jardins des Invalides. Louis XVI, roi de France, au cours d'une visite aux Invalides, remarqua les fleurs blanches de la plante. On lui affirma qu'il s'agissait d'un caprice de Monsieur Parmentier qui croyait que la racine de cette plante sauverait le monde de la faim. Conscient de la gourmandise des rois de France, Parmentier offre un dîner au roi et à la reine en 1785 au cours duquel ne sont servis que des plats comportant des pommes de terre. Appréciant ces plats, le roi Louis XVI soutient Parmentier dans son action en faveur d'une popularisation de la pomme de terre. Il offrira lui-même à ses convives un menu où figuraient comme une grande nouveauté les pommes de terre appelées alors «parmentières». Depuis, la pomme de terre est semée dans plusieurs régions de France, elle aura le privilège d'être gardée par les soldats de la couronne comme l'a voulu le monarque. Finalement, «la pomme de terre, légume à bestiaux ne serait pas si mauvaise puisque le roi envoie sa troupe pour la garder. Et pourquoi le peuple n'y aurait pas droit», disaient les commentaires.
La pomme de terre se popularise en France et en Europe, puis dans le monde entier. Son importance était devenue telle qu'en Irlande, vers 1850, une avarie provoqua la mort d'un million de personnes et l'émigration en Amérique d'un million d'autres. Voilà pour l'histoire tumultueuse de ce tubercule que le destin a rendu indispensable pour notre quotidien.
La production mondiale de pomme de terre
La production mondiale de la pomme de terre est en pleine évolution. Jusqu'aux années 1990, la plupart des pommes de terre étaient cultivées et consommées en Europe, en Amérique du Nord et dans les pays de l'ex-Union soviétique. Depuis lors, la production et la demande en pomme de terre ont enregistré une forte croissance en Asie, en Afrique et en Amérique latine, où la production est passée de moins de 30 millions de tonnes au début des années 60 à plus de 170 millions de tonnes ces dernières années.
Aujourd'hui, trois grands pays monopolisent la production mondiale de pomme de terre. La Chine, l'Inde et quelques pays européens. La Chine nouvelle sur le marché mondial produit à elle seule 98 millions de tonnes, récoltées sur une surface de 5 millions ha. Les autorités chinoisent promettent de doubler la surface cultivée en pomme de terre (10 millions ha, soit 30 tonnes/ha contre 14,3 tonnes actuelles) d'ici 2020. En dehors du riz, la pomme de terre sera l'aliment de base pour le peuple chinois. L'Europe consacre 130 millions d'hectares pour la pomme de terre en 2016 soit une évolution de 5% par rapport à 2015. Elle exporte aussi pour presque 18 millions de tonnes.
La pomme de terre en Algérie
La date d'entrée de la pomme de terre en Algérie n'est pas confirmée mais, selon certains historiens, les premières plantations remontent au dix-neuvième siècle (reste à confirmer). Elle est cultivée principalement pour l'exportation vers le marché français et n'est devenue un produit de large consommation locale qu'après l'indépendance. Aujourd'hui, elle représente la première culture maraîchère du point de vue superficie et production. C'est pourquoi les pouvoirs publics incitent les investisseurs à valoriser ce produit. Avec une production moyenne annuelle de 4,5 millions de tonnes, l'Algérie commence à devenir un véritable producteur de pommes de terre. Les prévisions du secteur de la pomme de terre misent sur une augmentation supplémentaire de la production de 2 millions de tonnes d'ici à 2019. C'est ainsi que beaucoup d'opérateurs se sont lancés aussi bien dans la production, le conditionnement, la transformation et même l'exportation. Alors qu'au lendemain de l'indépendance l'Algérien avait un mode alimentaire basé essentiellement sur la consommation de pâtes, aujourd'hui le mode culinaire a changé, passant de la large consommation des dérivés des céréales aux légumes. Ce changement traduit l'évolution du mode de vie inhérent au développement de la société. Alors qu'elle était de 25 kg par habitant dans les années 1960 et de 40 kg dans les années 1980, aujourd'hui la consommation annuelle moyenne est de 106 kg par habitant, selon des chiffres fournis par le ministère du secteur. Ces moyennes sont encore faibles mais une consommation moyenne par habitant de 86 kg/an en Europe ou de 63 kg/an en Amérique du Nord laisse penser que la consommation peut encore nettement augmenter dans les pays en développement. La consommation de la pomme de terre par habitant en Algérie, supérieure à la moyenne mondiale, suggère que l'Algérien l'utilise comme aliment essentiel. A défaut des viandes et des autres produits frais dont les prix restent chers, l'Algérien moyen n'a que la pomme de terre comme substitut. Par conséquent, l'importance de la consommation moyenne par habitant reflète la baisse du pouvoir d'achat et donc du niveau de vie.
Après les céréales et le lait, la pomme de terre est le troisième produit de large consommation. Pour les deux premiers produits, le marché doit son équilibre à l'importation (près de 3 milliards de dollars pour les céréales et plus de 1 milliard pour le lait par an). La pomme de terre n'a pas fait l'objet d'importation depuis quelques années. Des efforts louables ont été déployés pour encourager la production locale et assurer une autosuffisance en pomme de terre. Cependant, les pénuries cycliques de ce produit suscitent des hausses de prix importantes qui provoquent l'indignation des ménages à revenus modestes. Cette situation est, nous semble-t-il, due au fait que la pomme de terre est plus lucrative et spéculative que les autres produits. Ce qui attire les opérateurs en quête d'un enrichissement rapide. Il est souvent constaté que le prix final de ce produit sur le marché est de 5 fois supérieur au prix auquel le producteur vend. De ce fait, des marges importantes sont prélevées au détriment du producteur et du consommateur faisant fi de l'opération de déstockage décidée en janvier 2017. On assiste ces derniers jours à des pics de 90 et 100 dinars soit le double des prix affichés en décembre 2016.
Devant cet échec du système de régulation mis en place, les pouvoirs publics menacent d'inonder le marché. Il se trouve que c'est cette menace qui pose problème. A défaut de maitriser un secteur, les pouvoirs publics recourent à l'intimidation. Cette attitude qui relève d'une suffisance non contrôlée n'est pas propre aux responsables en charge du secteur agricole, elle est habituelle à tous ceux qui sont dans les rouages du pouvoir. N'a-t'on pas vu des étudiants grévistes menacer par l'année blanche ? N'a-t'on pas vu un ministre menacer les médecins ? A défaut de maitriser son secteur et d'écouter l'autre, on brandit la menace au nom de la puissance publique. Non messieurs, c'est juste votre incompétence qui vous donne l'illusion d'avoir raison à tous les coups.
Pour revenir aux patates, on ne vous demande pas d'inonder le marché, on vous demande juste d'être à la hauteur de la fonction pour laquelle l'Etat vous a mandaté. C'est à ce prix que la patate reviendra à un prix accessible.
*Professeur, université de Tlemcen


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