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UN HOMME, DES FEMMES
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 25 - 05 - 2017

Livres Beaux rivages. Roman de Nina Bouraoui. Hibr Editions, Alger 2017 (Editions Jean-Claude Lattès, Paris 2016) 800 dinars, 245 pages.
Une histoire simple, universelle, que le quinzième roman de Nina Bouraoui, écrivaine franco-algérienne désormais consacrée. L'histoire d'une femme... et d'un homme. D'une femme indépendante et expérimentée qui se retrouve aimant et amante d'un homme tout aussi indépendant et tout aussi expérimenté.
Huit ans de vie... (presque) commune, l'une habitant Paris, lui Zurich, heureux de se retrouver (presque) régulièrement pour jouir de la vie et de leurs corps.
Hélas, toutes les (presque) belles et grandes histoires ont une fin, pas toujours heureuse pour l'un des deux, en général la femme.
C'est alors la séparation (à cause d'une autre femme, bien sûr, peut-être plus jeune, peut-être plus belle, en tout cas plus attirante)... mais non la rupture, l'une attendant le retour de l'amant prodigue, l'autre ne pouvant se détacher d'une femme longtemps aimée et toujours respectée.
Une histoire au sujet simple et (presque) banal, mais c'est aussi et surtout, et c'est ce qui est intéressant, la philosophie de l'amour «libre» et la psychologie des êtres éperdus et perdus ou, tout simplement, l'histoire du bonheur, de la «trahison» (l'infidélité), de la «descente aux enfers», de la jalousie et même de la haine (la femme «voleuse» devenant plus importante que le coupable lui-même), puis la recherche de solution(s) pour se relever et «s'en sortir».
L'Auteur : Nina (de son vrai prénom Yasmina). Née en 1967, de père algérien, originaire de Jijel, et de mère française. Etudes moyennes et secondaires en Algérie. Auteure déjà de quatorze romans dont son premier livre, La voyageuse interdite, prix du Livre Inter en 1991 (une entrée par la grande porte dans le monde littéraire) et Mes mauvaises pensées, prix Renaudot en 2005.
Extrait: «Une chose engendre une chose qui engendre une autre chose, mais on reste toujours à l'origine du geste. Telle est la vérité, la seule vérité» (p 13),
Avis : Un roman d'amour... certes moderne mais qui se vit à l'ancienne. Concerne toutes les femmes... d'ailleurs et d'ici. Déprimant parfois, encourageant à la fin. Se lit seul (e)... et en cachette de l'être aimé (e). Se lit facilement et rapidement malgré les longues phrases, toujours claires (exemple de la plus longue qui va de la p 28 à la p 33).
Citations : «L'amour n'est ni un travail ni un édifice, et s'il l'est, il a des fissures. On ne retient personne dans un château clos. La liberté que l'on donne à l'autre vaut toutes les promesses» (p 48) , «Ils sont nombreux sur Internet à remplir, à augmenter leur propre vie par celle des autres» (p 49), «L'amour est triste et pauvre quand il s'abîme, combien le désir est vain quand il naît de la vengeance» (p 90) , «L'amour est ce qu'il y a de plus incertain : sublime dans son envol, hideux quand il se brise sans prévenir» (p 131)
La religion de ma mère.Roman de Karim Akkouche (Postface de Gary Klang). Editions Frantz Fanon, Tizi Ouzou, 2017 (Editions Michel Brûlé, Québec 2017), 600 dinars, 212 pages.
C'est l'histoire bien triste d'un jeune homme, Mirah, bien sous tout rapport (jeune, beau, diplômé, travaillant dans une entreprise bien côtée, résidant depuis huit ans au Canada) mais qui découvre, brutalement, l'amour fou qu'il porte à sa mère... qui vient de mourir.
Il regagne le pays natal. L'Algérie ? Non, la Kabylie ( ?!). Pour assister aux funérailles.
Là, tout remonte à la surface... dans un pays qu'il avait fui (le terrorisme, encore !) et qu'il ne reconnaît plus. Un véritable cauchemar. T.o.u.t. En tout cas, c'est ce qu'il voit, c'est ce qu'il comprend. Ce qu'il croit être. Ce qu'il rencontre... L'histoire d'une décomposition individuelle. Avec le décès de la mère, c'est tout le monde (réel ou virtuel) qui s'écroule ne laissant que des déchets qu'il voit comme un «véritable asile d'aliénés» : Un père devenu fou, un frère policier se tranformant en djihadiste (plutôt en brigand), une copine de jeunesse se prostituant, des parents qui mendient dans les rues de la ville... Et, bien sûr, les inévitables maladies de la corruption, de la langue kabyle ignorée...
Tout y passe, un véritable règlement de comptes qui ne dit pas son nom. En fin de compte, un livre de colère et de haine. Et l'histoire d'un «héros» qui, en perdant sa mère, venait de perdre son pays et ses racines.
L'Auteur : Né en 1978, établi au Québec (Canada) depuis 2008. Poète, romancier, dramaturge, déjà auteur d'un roman, «Allah au pays des enfants perdus». Auteur, il y a peu, et objet d'une polémique par voie de presse en raison de ses prises de position politiques. On dit que... on dit que... La recherche d'un «buzz» ?
Extrait: «L'Algérie est nourrie au mensonge identitaire. Le mensonge identitaire a engendré l'amnésie. L'amnésie a enfanté la haine de soi. La haine de soi a généré le complexe du colonisé. Le complexe du colonisé a produit les hommes du ressentiment. Les hommes du ressentiment ont accouché des enfants de la violence « (pp 43-44), «Nous sommes des Africains pas tout à fait africains. Nous sommes des Blancs pas tout à fait blancs. Notre vraie couleur, c'est la liberté. Notre vrai avenir, c'est le passé (p 86).
Avis : Un style «mitraillette» alternant monologue et récit, selon Gary Klang, l'auteur de la post-face. Donc facile à lire, facile ( ?!) à comprendre, malgré l'impression d'un «fourre-tout» facilité par ce type d'écriture. A l'image de la personnalité confuse et «en voie de folie» du narrateur ? Lecteurs déjà fragilisés, attention, risque de contagion !
Citations : «Vivre en exil, c'est errer au milieu d'un champ où les fleurs n'ont pas d'odeur» (p 31), «L'amour, le vrai, le fou, c'est comme l'argent : ça n'a pas d'odeur. Même quand ça pue, ça sent toujours bon» (p 124)
Ombre sultane. Roman de Assia Djebar. Hibr Editions, Alger 2014 (Editions Albin Michel, Paris 2006), 850 dinars, 232 pages.
Deux femmes. Hadjila et Isma. Une sultane et une ombre.
L'une heureuse, aimée et aimante décidant par elle-même de son sort et de son amour. L'autre, malheureuse, mal-aimée et non aimante, cherchant la voie de la libération.
Deux femmes dans une société «bloquée» ; une société faisant peu cas de la femme ; une femme réduite à son seul rôle de «pondeuse d'enfant», d'objet de jouissance physique pouvant être facilement remplacée par... trois autres, enfermée par la force des us et les traditions, entre quatre murs, avec pour seule fenêtre une verrière donnant passage à un bout de ciel.
Deux femmes, l'une, Isma, comprenant et voulant aider l'autre à se «libérer» d'un homme, le même, l'ex-époux, toujours fou amoureux, père de deux enfants, et nouvel époux d'une jeune fille naïve, Hadjila, issue d'un bidonville, mais qui arrivera, peu à peu mais en cachette, sans le voile, à découvrir le «monde libre».
Deux femmes contre un homme... une même révolte. C'est ce qui est superbement (prose poétisante à l'appui) conté par l'auteure qui a su transmettre toute l'émotion (et la douleur et les espoirs et les luttes souvent invisibles) d'une population féminine opprimée mais toujours résistante sinon rebelle. Opprimée par l'homme qui, malgré ses connaissances scientifiques, n'arrive que difficilement, ou pas du tout, à se sortir de l'empire des habitudes et des mœurs... et des mères. La femme, toujours !
L'Auteur : Née Fatma-Zohra Imalayène. Elle n'est plus à présenter. Dix romans, deux recueils de nouvelles (dont un prix Marguerite Yourcenar), deux récits, un essai, deux films longs métrages, deux pièces de théâtre... membre de l'Académie française, prenant le siège vacant de Georges Vedel décédé... et devenant (le 22 juin 2006) une des huit femmes membres ; décédée le vendredi 6 février 2015... et inhumée à Cherchell, sa ville natale. Traduite dans vingt-trois langues.
Extraits: «Un homme ivre a le droit de dériver, mais une femme qui va «nue» sans que son maître le sache, quels châtiments les transmetteurs de la Loi révélée, non écrite, lui réserveront-ils ?» (p 132), «Nourrir les fils le jour, nourrir l'époux la nuit, et qu'ils puissent tous boire la lumière du vaste jour ! Les nourrir inlassablement, les nouer irrémédiablement pour maintenir nos rênes invisibles. Là aboutit notre destin d'enfance dans le vide de l'enfermement» (p 185), «A la démarche de chaque femme dans la rue, je peux dire désormais son histoire, sa durée, sa généalogie : dire si elle circule depuis trois siècles ou depuis trois jours» (p 224).
Avis : A lire absolument et surtout à méditer... comme toute l'œuvre de Assia Djebar.
Citations : «La mère de l'homme, ennemie ou rivale, surgit dans les strates de nos caresses» (p 83) , «Sur nos rivages, l'homme a droit à quatre femmes simultanément, autant dire à quatre ... blessures» (p 135), «Hammam, comme un répit ou un jardin immuable. Le bruit d'eau supprime les murs, les corps se libèrent sous les marbres mouillés» (p 212).


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