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Le tout Etat bureaucratique, suicidaire, frein au développement des énergies créatrices
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 10 - 08 - 2017

A la lumière des nouvelles orientations économiques, surtout depuis la promulgation de la loi de finances complémentaire 2009 à ce jour où la majorité de l'investissement avec la règle des 49/51% généralisable à tous les secteurs stratégiques et non stratégiques, est financée sur fonds public, l'échec patent de l'économie de guerre vers les années 1991/1992 que certains voudraient renouveler cette malheureuse expérience face à la baisse drastique du cours des hydrocarbures, le patriotisme économique, à ne pas confondre avec le nationalisme chauviniste, sectaire, s'assimile-t-il au tout Etat lorsqu'on sait que l'assainissement des entreprises publiques en Algérie a coûté au Trésor public des dizaines de milliards de dollars entre 1971/2017 avec des résultats très mitigés, ou à un rôle plus accru de l'Etat régulateur, différence de taille pour toute politique économique fiable devant tenir compte de cette dure réalité, une économie de plus en plus globalisée: favoriser l'efficacité économique pour une croissance durable reposant sur l'entreprise qu'elle soit publique ou privée dans une économie ouverte et son fondement le savoir, tout en garantissant le principe d'équité.
1- L'Algérie, depuis des décennies, souffre d'une crise de gouvernance qui accroît la méfiance alors que sans confiance aucun développement n'est possible devant dépasser l'actuelle sinistrose. La clarté et la cohérence d'une démarche positive pour le pays doivent analyser les forces sociales, économiques et politiques pour sa mise en œuvre et poser clairement le futur rôle de l'Etat en Algérie dans le développement économique et social. C'est un débat indispensable pour tout développement dans le cadre d'une vision stratégique 2017/2030 qui devra favoriser l'efficacité économique pour une croissance durable reposant sur l'entreprise qu'elle soit publique ou privée, locale ou internationale, au sein d'une économie ouverte et son fondement le savoir, tout en garantissant le principe d'équité, les politiques parleront de justice sociale. Afin d'éviter ce changement périodique du cadre juridique des investissements, du manque de cohérence et de visibilité, du fait de la neutralisation des rapports de force, la politique gouvernementale se trouvant ballottée entre deux forces sociales antagoniques, la logique rentière épaulée par les tenants de l'import et de la sphère informelle malheureusement dominante et la logique entrepreneuriale minoritaire.
Cela explique également que l'Algérie est dans cette interminable transition depuis 1986, ni économie de marché ni économie administrée, expliquant les difficultés de la régulation, l'avancée des réformes étant inversement proportionnelle aux cours du pétrole et du cours du dollar, les réformes depuis 1986 étant bloquées ou timidement faites avec incohérence lorsque que le cours s'élève. Et dans ce cadre, peut-on parler de stratégie industrielle au sein d'un monde en plein et perpétuel bouleversement, le défi principal des gouvernants en ce XXIe siècle étant la maîtrise du temps ? La logique des différentes organisations, passage des fonds de participation, puis en holdings, puis aux sociétés des participations de l'Etat (SGP) et récemment en groupes industriels, a-t-elle obéi à une logique économique ou à une logique administrative de partage de la rente ? Dans quelles filières l'Algérie a-t-elle des avantages comparatifs en dynamique et non en statique en termes de coûts/qualité ? Et tout cela renvoie à l'urgence d'un large débat national sans exclusive à la fois sur le futur modèle de consommation énergétique du fait de l'épuisement des ressources et sur le futur projet socio-économique de l'Algérie 2017/2020/2030.
2- L'objectif stratégique est de favoriser la croissance au sein d‘une économie ouverte. La dure réalité, comme le montre l'analyse de l'évolution de l'économie mondiale, ne signifie pas la fin du rôle de l'Etat régulateur car le marché a besoin d'être encadré. Aussi la nouvelle politique socio-économique algérienne devra reposer sur trois éléments fondamentaux complémentaires. Premièrement, tenir compte de l'adaptation aux mutations mondiales irréversibles avec l'avènement de la quatrième révolution économique 2020/2030. Je pense fermement que l'Algérie ne dispose pas d'autres alternatives que l'adaptation à la mondialisation dont les espaces africains et euro-méditerranéens constituent son espace naturel. Prétendre que la mondialisation aliène le développement du pays et les libertés, c'est ignorer une évidence: sans insertion dans l'économie mondiale, l'Algérie serait bien davantage ballottée par les vents des marchés avec le risque d'une marginalisation croissante. La compétition dans une économie globale fait que chacun a le monde pour marché et tous les consommateurs pour clients. La traduction d'un monde ordonné autour de la production est largement dépassée. Et l'introduction en lice de l'Inde et surtout de la Chine dans le commerce mondial représente une vraie révolution, caractéristique de l'unification des conditions de production dont la valeur ajoutée augmente mais dont les distances entre la production et la consommation diminuent avec la révolution dans le domaine du transport et des télécommunications.
Deuxièmement, il y a lieu de garantir les grands équilibres macro-économiques par une monnaie stable et par la réduction des déficits publics, ces deux conditions étant une condition nécessaire mais non suffisante, évitant la hausse des prix sur des structures de monopole inchangées, (l'économie de marché ne signifiant pas hausse des prix, ce qui se passe actuellement). Troisièmement, approfondir les réformes institutionnelles et micro-économiques qui accusent un retard important au sein d'un monde de plus en plus interdépendant. La conception passée sur une superposition forte entre secteur public, entreprise publique, monopole, activité limitée du territoire national doit faire place à l'efficacité de gestion, à la concurrence des services collectifs. La nouvelle politique socio-économique en Algérie devra être marquée en ce début du XXIe siècle par l'innovation, mais également éviter qu'une économie qui produit la richesse ne détruise les liens sociaux dans un univers où la plupart des structures d'encadrement (famille, religion, syndicat) sont faibles, surtout en Algérie où bon nombre d'organisations sont des appendices bureaucratiques sans impact de mobilisation mais monnayant leur soutien contre une fraction de la rente pétrolière et gazière.
3- Il n'y a pas de citoyens sans projet social et il n'y a pas de projet économique durable qui ne soit pas lié à un projet social. Il s'agit de restaurer à l'Etat sa vocation naturelle, le soumettre au principe d'efficacité, conçu selon une démarche démocratique, la puissance publique dépendant trop des corporations rentières, ce qui conduit à un éparpillement et un accroissement des dépenses de l'Etat qui ne sont pas proportionnelles à leur efficacité. En fait, l'objectif stratégique est de redonner confiance à la population algérienne en instaurant un Etat de droit, base du retour â la confiance passant par des actions concrètes de lutte contre la corruption, le favoritisme, le régionalisme, les relations de clientèle occultes qui ont remplacé les relations contractuelles transparentes, l'application de la règle de Piter qui fait que l'on gravite dans la hiérarchie en fonction de sa servitude et de son degré d'incompétence.
Aussi, il s'agit de mettre en place des mécanismes nouveaux dans le domaine politique, économique et social, afin de lier l'efficacité économique, loin de tout monopole public ou privé, et l'équité pour garantir la cohésion sociale, loin de tout populisme. Aussi, les réformes économiques indispensables pour s'adapter au nouveau monde qu'aux mutations internes impliquent l'instauration de l'économie de marché (démocratie économique) qui est inséparable de l'Etat de droit et de la démocratie sociale et politique. Or le bilan de ces dernières années est mitigé: il faut tirer les leçons. Il y a l'urgence d'objectifs politiques plus précis et une nouvelle organisation institutionnelle, afin de donner plus de cohérence et une accélération de ce processus complexe mais combien déterminant pour l'avenir du pays. L'expérience de bon nombre de pays en transition vers l'économie de marché peut fournir des enseignements utiles pour atténuer le pouvoir bureaucratique rentier dominant en Algérie.
4- C'est que le pouvoir bureaucratique est le frein essentiel au développement en Algérie, expliquant les raisons du faible flux d'investissements étrangers et du privé national hors hydrocarbures pourtant indispensables pour renouer avec la croissance et donc d'atténuer les tensions sociales me semble être essentiellement imputable non pas à l'aspect sécuritaire qui s'est nettement amélioré, mais au système bureaucratique sclérosant tant central que local, étouffant les énergies créatrices.
Une étude du FEMISE réseau euro-méditerranéen - traitant de la région MENA dont l'Algérie pose la problématique des raisons de la faible performance socio-économique et notamment du tissu économique en rapport aux nouvelles mutations mondiales. La myopie de certains dirigeants, en panne d'idées, serait d'assimiler le patriotisme économique avec le retour au tout Etat bureaucratique. En fait, le but du bureaucrate est de donner l'illusion d'un gouvernement même si l'administration fonctionne à vide, en fait de gouverner une population infime en ignorant la société majoritaire. D'où cette mentalité d'éviter un dialogue serein et de donner l'illusion d'une bonne gouvernance par de l'activisme dans un monologue lassant avec ses propres collaborateurs, distribuant des points d'autosatisfaction à l'image de Narcisse qui, coupé du monde, se regardait chaque jour dans une glace et affirmait, je suis le plus beau, je suis le seul à avoir raison, cette attitude ne pouvant que conduire le pays au suicide collectif. Le pouvoir bureaucratique sclérosant a ainsi trois conséquences nuisibles au développement en Algérie:
1re conséquence, une centralisation pour régenter la vie politique, sociale et économique du pays;
2e conséquence, l'élimination de tout pouvoir rival au nom du pouvoir bureaucratique;
3e conséquence, la bureaucratie bâtit au nom de l'Etat des plans dont l'efficacité sinon l'imagination se révèle bien faible.
En résumé, pour éviter toute mauvaise interprétation, le bureau, au sens du grand sociologue Max Weber, est indispensable au fonctionnement de la société étant au service de l'économie et du citoyen. Pour l'Algérie, l'entrave principale au développement trouve son explication en une gouvernance mitigée, provient de l'entropie impliquant la refonte de l'Etat, largement influencée dans ses nouvelles missions par l'internationalisation de l'économie. Le défi majeur donc pour l'Algérie est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires pour contrôler et réduire cette entropie à un niveau acceptable, afin de réaliser cette transition stratégique d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures supposant un profond réaménagement au niveau de certains segments du pouvoir assis sur la rente pour les orienter vers les segments créateurs de richesses durables.
*Docteur d'Etat (1974), professeur d'université en management stratégique, expert International.


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