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Reportage : Fruits et légumes - Une hausse et des explications
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 27 - 09 - 2017

Ce qui est impressionnant et tout aussi déroutant dans toute quête, toute investigation, tout «sondage» du marché par simple recueil d'opinions des deux bouts du comptoir, pour tenter de cerner les raisons de cette flambée de la mercuriale, c'est cette divergence d'avis.
Ce désaccord total. Cette large bande passante qui nous propose des tas d'explicatifs discordants, y compris chez les professionnels d'un même maillon du circuit, si tant est qu'on puisse parler de «circuit» en matière de commerce de fruits et légumes chez nous.
Dans un seul marché de gros, dans un même hangar, dans un même pavillon spécialisé dans la même «gamme» de produits agricoles frais, on risque de virer à tout vent, changer du tout au tout, basculer de la chose à son contraire, et ce rien qu'en passant d'un mandataire-grossistes à son voisin immédiat. Bien que proposant le même éventail de denrées, provenant de la même source, approvisionné par le même fournisseur ou démarcheur, ou via l'auto approvisionnement parfois, au même tarif au dinar près à l'achat comme à la revente, les deux opérateurs, que seul un mur de box sépare, empruntent des chemins tout à fait différents pour expliquer l'actuelle envolée des prix. Fait loin d'être un coup de vent du reste, une conjoncture inattendue et passagère, tant plusieurs indices à l'avant-veille de la rentrée sociale le prédisaient et tant des prévisions convergentes l'inscrivent déjà dans la durabilité.
Dans la quête d'éléments de réponse au pourquoi de ce énième emballement de la mercuriale, le point de départ «logique» pour remonter le circuit de distribution local ne pouvait être autre que le marché de gros de fruits et légumes d'El-Kerma. Ce site commercial considéré à juste titre comme le premier jalon du pôle agroalimentaire en devenir à Oran-Sud, géré par une entreprise publique de wilaya au statut d'EPIC et qui en est à sa cinquième année depuis son ouverture en remplacement des anciennes halles centrales de Cité Petit, réduites en poussières afin d'en récupérer le foncier de haute valeur. Interrogé en premier, le directeur de l'entreprise gestionnaire, qui a toujours un œil sur la bonne marche de la structure et l'autre sur la marchandise entrante/sortante et la grille des prix, est catégorique : «Les détaillants sont les principaux responsables de cette hausse des prix injustifiée et injustifiable». Pour lui, «le manque, voire l'absence de contrôle qui incombe aux services du commerce, a laissé le champ libre aux détaillants qui imposent des mages bénéficiaires dépassant tout entendement».
Pas de problème d'approvisionnement du marché de gros
Il réfute à coups d'états de trafic journalier et mensuel de marchandises transitant par le marché de gros d'Oran et distribué sur les différents marchés de détail et autres points de vente à travers le territoire de la wilaya, et même au-delà. «Il n'y a pas le moindre manque ni petite perturbation en approvisionnement du marché de gros. Au contraire, on enregistre une légère hausse, en termes de tonnage, tous produits confondus, durant septembre par rapport aux mois d'avant. Au 25 septembre, notre marché a été ravitaillé en équivalent des quantités globales recensées durant tout le mois d'août, soit, en termes de produits locaux, 8.388 tonnes de légumes et 4.299 tonnes de fruits et en termes de produits d'importation, 592 tonnes de fruits, les bananes exclusivement. Et les prix ? Le premier gestionnaire du marché de gros d'Oran reproduit les chiffres et laisse à tout le monde le soin de comparer (avec les prix sur le marché du détail) et d'apprécier : «Je prends le bulletin du lundi 25 septembre, en précisant qu'il s'agit de prix réels prélevés sur place et de visu par nos agents. La pomme de terre blanche (136 tonnes de quantité entrante) vendue dans une fourchette de 45 à 55 DA le kilo, le même tubercule mais de type rouge (7,5 tonnes) cédée entre 35 et 40 DA. La tomate à 120-140 DA le kilo, l'oignon à 20-30 DA, la laitue à 60-70 DA, le concombre à 40-55 DA, la carotte à 40-45 DA, le navet à 90-110 DA, l'aubergine à 40-50 DA, la courgette à 80-100 DA, la betterave à 80-90 DA, le chou-fleur à 140-150 DA, le haricot vert à 150-220 DA, le poivron à 50-55 DA, l'ail à 320-400 DA, le piment à 80-110 DA…Pour les fruits locaux, la poire est proposée entre 100 et 150 DA le kilo, le citron à 100-120 DA, le raisin à 100-120 DA, la pomme à 120-200 DA, la pastèque à 35-50 DA, le melon à 30-70 DA, la pêche à 120-220 DA, les dattes à 450-800 DA, la prune à 250-700 DA, la figue à 90-150 DA. Quant aux fruits d'importation, ils se limitent aux bananes uniquement, avec 1,1 tonne réceptionnée durant la même journée et cédée à 400-600 DA le kilo prix de gros et demi-gros».
Les détaillants au box des accusés
L'explication basée sur le dividende «trop excessif» que tirent les revendeurs au détail mise en avant par le directeur du marché de gros, tout comme bon nombre de mandataires qui y exercent, est au moins difficilement réfutable au regard des prix pratiqués aux étals. Prenons quelques échantillons de produits de référence. La pomme de terre est vendue chez les légumiers au bas mot à 75 DA le kilo. Et jusqu'à 85 DA parfois, soit par une petite opération de soustraction, une marge bénéficiaire de 30 DA au kilo ! Rien ne peut justifier ce gain facile, très facile même, de 3.000 DA sur un seul quintal (pratiquement 3 à 4 caisses) de pomme de terre à elle seule. Pour la tomate et la courgette, les deux autres produits phare de cet épisode brûlant du feuilleton essoufflant de la mercuriale, l'effet dopage des prix est bien pire, avec des marges atteignant un pic de 70 DA sur le kilo. «C'est du vol !», commente à voix basse un père de famille qui faisait ses emplettes au marché de la Bastille, qui ne trouve aucune explication rationnelle -du moins- à ce doping des prix, d'autant que le marché de proximité de la ville le plus éloigné des halles centrales d'El-Kerma se trouve à 15 km tout au plus. Pour un autre «consommateur» rencontré au souk d'El-Hamri, «il ne faut pas faire porter le chapeau au détaillant à lui seul, car le mandataire n'est pas innocent non plus». Ce dernier, selon ses dires, se trouve être «l'acteur principal, mais dans le rôle du méchant, en ce mauvais film», puisque «c'est lui qui dicte ses prix à la source, son fournisseur qu'il soit démarcheur qui achète la récolte sur pied ou en plein champ ou, rarement, l'agriculteur lui-même, ne revient que plusieurs jours après livraison pour encaisser l'argent sur la base de la seule bonne foi des déclarations du mandataire-priseur, qui peut donc lui raconter n'importe quoi, un faux prix, une déperdition de marchandise conséquente à une mévente et à un dépérissement…»
Quand la LF-2017 se mélange avec fruits et aux légumes
De l'avis d'un mandataire, en revanche, «il y a une baisse de l'offre sur le marché de gros d'Oran, notamment en ce qui concerne la pomme de terre, dans la mesure où celui-ci n'est approvisionné depuis quelques semaines qu'à partir des régions de Mostaganem et de Mascara, alors qu'il était ravitaillé auparavant également par Aïn-Defla et Oued Souf, notamment. Pour des raisons de meilleure rentabilité, nos fournisseurs du Centre, de l'Est et de Sud-Est ont boudé la destination Oran. Quand il y avait surabondance de récolte en pleine et en fin saison, ils ratissaient large et Oran représentait pour eux un marché bis, un déversoir du trop-plein de production. Plus maintenant, depuis la période hors-saison». Les prix hors de portée, ces jours-ci, des fruits et légumes, à l'instar des viandes et des autres denrées alimentaires en général, font dire à cette mère de famille, enseignante de son état, rencontrée à l'entrée du marché du quartier populaire de Petit Lac : «Des légumes, une viande et un dessert, un slogan faisant plus spot publicitaire que nécessité nutritionnelle, pour faire d'une assiette, un repas équilibré, c'est du moins ce que nous prescrivent les nutritionnistes et les médecins, pour assurer une bonne et saine alimentation à nos enfants. La réalité est bien sûr tout autre, le panier des chefs de famille devient difficile à remplir pour satisfaire cet équilibre alimentaire. La pomme de terre, aliment de référence, a atteint le prix de 70 dinars, la tomate est passée de 140 à 180 dinars, voire 200 dinars. Mais où va-t-on comme ça ?».
Des commerçants, quant à eux, trouvent toutefois des sorties en s'innocentant. Dans le bafouillage, certains arrivent à balbutier en avançant le fait que cette augmentation est décidée par… la loi de finances 2017. Ahurissant. Surréaliste, surtout. Pour d'autres, il y a aussi cette explication -un peu tirée par les cheveux- : «Le commerçant qui s'aventure à alimenter le marché de gros à partir des fermes lointaines, risque de subir des pertes en gros en perdant aussi bien la marge bénéficiaire que son fonds de roulement, c'est-à-dire son capital».


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