La Caisse nationale de retraite (CNR) «traverse une situation financière difficile», avec des déficits importants tant au niveau des recettes que des dépenses qu'elle n'assure qu'avec des prêts de l'Etat. C'est ce qu'a affirmé hier mercredi à la radio nationale son directeur général Slimane Mellouka, qui a souligné qu'elle est 'dépendante des cotisations, qui lui sont reversées par la CNAS, la CNAC et d'autres organismes''. En fait, explique-t-il, 'les recettes de la Caisse n'arrivent plus à prendre en charge les dépenses depuis 2014 et jusqu'à l'heure actuelle''. 'Bien sûr, des solutions ont été mises en place pour honorer de manière régulière et systématique les pensions'' de retraite, précise M. Mellouka, qui a détaillé que la CNR reçoit sous forme de cotisations reversées par la CNAS des recettes de 600 milliards (mds) de DA, en plus de la 'contribution de l'Etat, qui compense les petites pensions, et au total on a 700 mds de DA de recettes de l'Etat et de la CNAS''. Dans une brève rétrospective des problèmes financiers que traverse la CNR, son directeur général rappelle qu'''il y a le problème des départs en retraite précoce dans les années 1997 avec le plan d'ajustement structurel (PAS) imposé par le FMI, soit une première baisse des cotisations''. 'Depuis 2005 et 2006, le retour à l'âge légal pour la retraite a commencé à être discuté, puis en 2010 il y avait une embellie financière avec une hausse des salaires, et donc il y avait des cotisations suffisantes pour répondre au besoin, qui permettait de payer les pensions de retraite''. 'En 2012, il y avait également une autre augmentation importante des salaires avec effet rétroactif, qui a fait qu'en 2013 et 2014 la CNR avait les moyens financiers nécessaires pour prendre en charge les dépenses de l'époque''. 'Et donc, rappelle-t-il, beaucoup de gens sont partis en retraite de manière précoce, causant une saignée importante à la CNR avec plus de 200.000 dossiers, et en 2016 il y avait même près de 300.000 dossiers d'intentions de départ à la retraite''. M. Mellouka poursuit qu'en 2015, 'on a dû ajouter 1% de cotisations sociales passées à la branche retraite, qui passe à 18,5%. En 2018, on a dû recourir à l'aide de l'Etat, soit 500 mds de dinars pour régler ce déficit et en 2019 une autre disposition, qui prévoit un prêt de 600 mds de DA pour les deux tranches de l'exercice 2019 pour répondre aux besoins, avec un différé de 20 ans pour trouver d'ici là les mesures pour rééquilibrer le système et honorer les dettes vis-à-vis de l'Etat''. Même s'il évacue la question de 'la menace sur le système de retraite'', le DG de la CNR relève qu'''il est clair que l'Etat réfléchit à mettre des mécanismes comme celui de la loi de finances de 2018, en sus des 500 mds de DA, avec l'article 109, qui a prévu la mise en place d'un taux de 1% sur la fiscalité douanière, ce qui nous a permis d'engranger en 2018 près de 35 mds de DA, et il sera récurrent pour les années à venir''. En tablant sur le retour du système de cinq cotisants pour un retraité, M. Mellouka n'a pas manqué de pointer du doigt le problème 'de la sous-déclaration et de la non-déclaration des travailleurs par des employeurs, ce qui engendre des difficultés en matière de recettes, soit environ 43% de travailleurs non déclarés. Et donc il faut mettre en place les mécanismes juridiques pour assurer le recouvrement de cette perte financière''. Pour autant, M. Mellouka a assuré qu'il n'est pas prévu de recourir au Fonds spécial de retraite, alimenté à raison de 3% de la fiscalité pétrolière, car ce fonds, qui est de 500 mds de DA, 'n'a pas les capacités financières de prendre en charge le déficit. Ce n'est pas un montant assez suffisant pour le verser dans le processus, et ce fonds est pour les générations futures, et pas à court terme''. Par les chiffres, le déficit de la CNR, selon son directeur général, s'est accentué depuis 2015 et augmente régulièrement de 100 milliards par an avec des départs en retraite cumulés. 'Il est passé de 250 mds de DA en 2015 à 350 mds de DA en 2016, puis à 470 mds de DA en 2017 et nous sommes à peu près à 560 mds de DA pour 2018''. Pour autant, il reste optimiste et estime que le déficit de la CNR va se stabiliser dans 'les années à venir, car ce déficit est en régression: on a reçu moins de 80.000 dossiers de départs en retraite pour 2018. Il y aura une stabilisation du déficit, on prévoit un passage à 610 mds de dinars de déficit en 2019, alors que le recul de l'âge de départ va stabiliser le déficit de la CNR''. La Caisse de retraite gère près de 3,2 millions de pensions.
