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Le tribunal du «hirak» et l'oligarchie
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 25 - 04 - 2019

La chasse aux grosses fortunes soupçonnées de fraude, d'illégalité ou frappées du doute n'est pas une simple campagne de marketing politique de l'ANP. Elle symbolise l'engagement de l'ANP auprès du hirak. A la justice de faire son travail.
En soi, une «révolution» est une réaction à une situation d'injustice devenue la norme sociale et politique qui gouverne, gère un pays, un peuple. Cette réaction (révolution, mouvement, Hirak, révolte...) est marquée par des degrés de violence : elle peut se manifester par des marches, des grèves, de la désobéissance civile, et jusqu'à son extrême expression par les armes et le sang. Le peuple algérien a expérimenté et vécu des révolutions sous leurs différentes expressions: armée pour se débarrasser du colonialisme; de désobéissance civile lors de la crise de 1991-92, révolte armée suite à la crise de janvier 1992; manifestations , émeutes , grèves successives, marches et manifestations jusqu'à la fin de l'année 2018 et enfin marches pacifiques et citoyennes depuis ce mois de février 2019. C'est un long apprentissage à la fois organisationnel et politique auquel s'est attelé le peuple algérien dans sa quête de liberté et de justice durant toutes ces longues années. C'est dans ce sens qu'il faut interpréter tant la nature pacifique du «Hirak» que les première réponses du pouvoir politique en place par la mise en accusation via la justice des premiers symboles liés à la corruption, l'abus de biens sociaux, les délits d'initiés, le vol et la dilapidation des richesses nationales, l'abus de pouvoir etc.
En enquêtant, arrêtant, inculpant, écrouant les «célébrités» financières et gros hommes dits « d'affaires», le pouvoir, ici représenté par l'armée nationale populaire, répond à cet immense besoin de justice si longtemps dénié, méprisé par les gouvernants et gestionnaires successifs du pays. La «révolution» est une réaction à un ordre injuste, qu'à cela ne tienne, commençons par bannir cette injustice en l'attaquent au cœur en activant l'institution judiciaire afin qu'elle donne des gages au peuple: elle a entendu son cri et lui répond, sans délais, par les exemples les plus connus, les plus symboliques dont les noms de certains sont exposés et brandis sur des pancartes et slogans chaque vendredi comme dans une plaidoirie populaire devant le tribunal du «Hirak». L'arrestation et l'inculpation de certaines «fortunes « bâties ces dernières vingt années n'est, au final, que l'aveu du système de sa propre culpabilité dans la dangereuse dérive politique du pays qui menaçait de le conduire à la banqueroute et, n'était-ce l'arrivée du «Hirak», à l'explosion violente pour le coup avec des lendemains sombres, peut-être sanglants. Il était tant pour l'armée qui accompagne et gère dans des circonstances très complexes le soulèvement populaire de donner des gages de sa bonne fois et de son engagement auprès de son peuple. Après tout il est dans ses prérogatives constitutionnelles de protéger l'unité du pays et sa sécurité interne et externe.
Cependant, à ce stade de continuation du «Hirak», la vigilance doit-être double: ne pas verser dans l'autre extrême qu'est la «chasse aux sorcières», aux bouc-émissaires tous azimuts et surtout l'expédition et le bâclage des dossiers de justice pour calmer la colère du peuple. Dans ce cas nous aurons remplacé une injustice par une autre. Nous appliquerons la violence d'une injustice de laquelle nous nous plaignons depuis toutes ces longues années. C'est maintenant que le «Hirak» doit prouver à la fois son caractère pacifique et la noblesse de son combat: pas de vengeance aveugle, de lynchage, de haine ou de violence. Les cas des «célébrités fortunées» largement connues, commentées, accablées par la nature corruptible et abusive de leurs puissances financières sont sur la place publiques depuis longtemps et connues du citoyen lambda. Mais ce n'est pas une raison de les condamner d'emblée et sans un procès juste et équitable. Il doit en être de même pour les commis et gouvernants de l'Etat qui ont quelques liens avec ces fortunes ou ont eux-mêmes versé dans la dilapidation des biens de l'Etat ou abusé de leur pouvoir pour s'enrichir illégalement. Idem pour le corps de l'armée populaire dont certains de ses hauts gradés ont trempé dans la corruption et l'enrichissement illicite. Certains généraux et colonels sont sous enquête, d'autres incarcérés, d'autres recherchés et c'est une fois de plus, un gage de L'ANP en tant qu'institution cimentant l'unité du pays et sa sécurité de faire le ménage y compris dans ses propres rangs. Depuis l'indépendance, les gouvernants successifs de l'Algérie ont détruit toutes les organisations civiles de médiation ou d'intermédiation politique: syndicats, partis de l'opposition, associations civiles jusqu'à parfois de simple club professionnels. Aujourd'hui, il ne reste au pays comme seule «force» organisée que l'ANP. La chance de ce pays est que son armée est d'essence populaire et détient une légitimité historique lié au combat libérateur du colonialisme. Elle ne peut être comparée dans sa nature et sa mission aux armées d'Amérique latine par exemple qui ont été dans les années soixante-dix des instruments de domination et d'instauration d'un ordre dictatorial contre leurs peuples. Le traumatisme chilien de 1973 (renversement du gouvernement civil de Salvatore Allende) a longtemps était généralisé aux armées dans les pays du tiers-monde alors que certaines d'entre-elles étaient foncièrement engagées auprès de leurs peuples (Vietnam, Burkina-Faso, Algérie...). Cette proximité des revendications du «Hirak» et de l'Institution militaire chez nous ne veut pas dire la gestion politique du pays par l'ANP. C'est une jonction d'intérêts stratégiques conjoncturelle, une séquence d'alliance historique pour mener à bien l'issue du «Hirak».
Le contrat entre l'ANP et le HIRAK est clair: débarrasser les institutions du pays du cancer du népotisme, de la corruption et de l'abus de pouvoir. Cela prendra le temps qu'il faudra parce que la situation est complexe et les tenants de l'ancien ordre n'abandonneront pas facilement leurs privilèges et leurs pouvoirs indus. Eux et leurs relais élèvent et élèveront encore bien des obstacles, des pièges, sèmeront des doutes, des campagnes de fausses informations et de déstabilisation du Hirak . Ils s'accrocheront jusqu'au dernier «espoir» de garder une once du pouvoir et de sauver leurs peaux. Partant, l'erreur du Hirak serait de crier victoire finale trop tôt ou de douter de la seule institution qui peut encore fonctionner et protéger le pays: l'ANP. Car, si l'ANP avec tous ses défauts retire sa solidarité avec le Hirak ou, plus grave, se retourne contre lui, il n'y aura aucune issue heureuse pour le pays et son peuple, l'anarchie et la violence ne seront pas exclues et les forces contraires au Hirak crieront victoire ! Le destin de l'Algérie est au carrefour de choix stratégiques et il serait risqué de précipiter les choses et les événements.
Le «nettoyage» des mécanismes économiques, des institutions de l'Etat, des corps constitués se déroule graduellement devant nos yeux par des décisions symboliques fortes, par des messages subliminaux de l'ANP et par la continuation du Hirak sans violence. Il reste entendu que la phase ou étape proprement politique, celle d'un nouveau gouvernement civil de transition, une constituante ou instance collégiale, enfin qu'elle que soit sa nature est encore devant nous mais imminente. Elle sera civile et aura un cahier de charges lourd et compliqué à mettre en œuvre: préparation de l'élection présidentielle, législatives et locales, révision constitutionnelle, révision du code électoral etc. Et ce ne sera qu'une première étape avant de réformer bien d'autres codes comme celui de la famille, celui des marchés etc. En clair, mettre en place les instruments juridiques et institutionnels pour bâtir cet «Etat de droits» qui consacrera un système démocratique au sens plein du terme.
La tâche est donc ardue, longue, difficile.
Le pays rêvé par toutes les Algériennes et Algériens a besoin plus que jamais de patience, de sacrifices, de bâtir des consensus, de préserver le caractère pacifiste du Hirak et de ne pas sombrer dans la vengeance aveugle, la chasse aux sorcières en oubliant ce pour quoi il se bat : la Justice, rien que la justice pour tous sans exception.


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