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Algérie, le Hirak : du passé composé au futur conditionnel
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 03 - 2020

C hercher à connaitre le passé, ce n'est pas toujours pour l'encenser, c'est parfois pour l'accabler et s'interdire de le reproduire. La décennie 1990, prélude au fléau bouteflikien, fait partie de ces pans d'histoire dans lesquels toute âme saine se doit de « butiner », non par esprit vengeur, mais pour y puiser sagesse et remède au mal qui ronge le présent. C'est en tout cas le sens de ce qui suit.
Afin d'éviter que la révolte d'octobre 1988 ne sorte de l'ornière qui lui était destinée, les manœuvriers de l'époque ont pensé avoir tout orchestré pour rester au gouvernail, tout en donnant l'impression de libération du champ politique. Mais les élections auxquelles ils furent contraints ont montré une réalité qui les a surpris au plus haut point. Ne voilà-t-il pas qu'un trublion populiste dénommé FIS, nébuleuse née du vide stérile des entrailles du FLN et de l'indigence politique et spirituelle, déjoue tous leurs pièges, y compris celui du découpage électoral, s'emparant non seulement des municipales mais aussi du premier tour des législatives. Le système FLN n'imaginait pas que sa créature, dressée pour mordre du démocrate, allait lui filer entre les doigts, lui qui tenait à « bipolariser » ces élections pour s'en servir comme repoussoir. Mais tel est pris qui croyant prendre, voilà que ces Algériens qu'il a habituellement roulés et qu'il considère avoir définitivement enfarinés,lui opposent une fin de non-recevoir, un vote sanction en faveur de novices « barbus » dopés aux coran, hadith et sunna. C'est dire combien fut lourde sa faute d'avoir été si éloigné des préoccupations populaires jusqu'à l'incapacité d'anticiper sur les évènements.
A bourrer les urnes on finit par être bourré soi-même. Affolés, les décideurs se crurent alors obligés, pour sauver prioritairement leur peau et accessoirement le reste, de tout remettre en cause en jurant qu'on ne les reprendrait plus, en tous cas jamais dans un processus électoral dont ils n'en maitriseraient pas totalement les leviers.
Voilà donc ce FIS si assoiffé de califat, stoppé net au bord de l'abreuvoir. Certains applaudirent, arguant du fait « qu'il s'agit d'un parti qui, une fois au pouvoir, outrepasserait les règles du jeu démocratique ; que pour lui la source du pouvoir n'est que divine et que les élections ne sont pas l'expression de la démocratie (qu'il rejette idéologiquement), mais seulement un moyen pour régner ad vitam aeternam ». D'emblée ces pseudo-démocrates se rangent du côté des « éradicateurs ». Pour d'autres, il aurait fallu laisser le processus électoral aller à son terme et juger sur acte. Ceux-là avancèrent l'argument que casser un processus électoral c'est perdre définitivement la démocratie, qu'en cas d'écart liberticide du nouvel élu le Président de la République avait toute latitude de dissoudre l'assemblée. Si la mauvaise foi des premiers est criarde, l'ignorance des seconds quant à la place du Président dans l'échiquier politique est tout simplement sidérante. En fait les dés étaient déjà pipés. Pour les islamistes le « salut » du peuple est de l'ordre de l'immanence, il ne saurait se déciderdans l'urne ni s'enfermer dans la temporalité d'une mandature. Quant àl'Etat profond il ne s'est jamais vu cédant les rênes. L'avenir le démontrera, les maître du moment, ceux qui se disaient sauveur du pays n'en avaient cure, « démissionnant » deux Présidents et assassinant un autre sous les caméras de la TV. Pour autant, le débat sur l'interruption du processus électoral ne fut jamais clos (si tant est qu'il ait été ouvert un jour), mais force fut de constater qu'il donna l'occasion à l'aile djihadiste de FIS de s'en abreuver pour découdre avec un pouvoir qui ne demandait que ça, tant il tenait à se débarrasser une fois pour toutes de la seule force susceptible de le contrecarrer. S'en suit alors une explication par le fer et par le feu. Un scénario quasi consensuel entre deux anges exterminateurs, ne concevant chacun sa propre existence que par l'annihilation de celle de l'autre. « Auréolé » du statut de « taghout », le pouvoir ne fit rien pour décourager les plus radicaux islamistes à rejoindre le maquis, sachant, après avoir écarté les « politiques », que c'est dans la confrontation armée qu'il a le plus de chance de les anéantir. La suite fut dramatique : Dix ans de mitraille, des dizaines de millier de morts et disparus, comptabilisés au compte pertes et profits. Finalement si l'un s'estima vainqueur, l'autre ne s'avoua jamais vaincu et la paix fut scellée avec des repentis ignorant la repentance. Un quart de siècle après, le peuple occupe la rue, l'islamisme n'a pas disparu et la dictature est toujours là. Sans mea culpa d'aucune part, comme il est interdit d'ouvrir la trappe du puits de la « tragédie nationale » pour que sorte la vérité, il ne reste pour tout un chacun qu'à conclure à une responsabilité conjointe et solidaire des belligérants, et ce n'est pas les renvoyer dos à dos que de les mettre, tous les deux, face au miroir de l'histoire afin que chacun se reconnaisse dans sa propre image. Conjoints et solidaires ils le sont.
Ceux qui mettent les morts et disparus sur le compte exclusif des « janviéristes » se trompent lourdement, de même ceux qui les imputent au FIS. Il s'agit en fait de deux faces de la même médaille, ennemis dans la lutte pour le fauteuil, compères dans la criminalité subséquente. Concurrents dans la lutte pour la rente, complices dans son partage. Si confirmation il faut, il suffirait alors d'interroger l'actualité dont le hasard, une fois de plus, donne à voir des ex islamistes en armes et un haut commandement de l'ANP, se retrouvant dans une même communauté de destin puisque le premiers à avoir appelé à soutenir la démarche du second et son « élection » du 12/12, n'est autre que l'ex chef de l'AIS, signataire de l'accord ayant permis à ses ouailles de descendre du maquis pour s'épanouir dans le monde des affaires. La boucle est ainsi bouclée.
Le conflit de la décennie noire opposait deux entités d'égale cruauté : « Eradicateurs » et islamistes radicaux. Entre les deux, le peuple, victime expiatoire d'un conflit qui lui fut imposé, quand bien même les 30 % du corps électoral qui ont donné leurs voix au vainqueur, tout comme les 51 % qui sont restés à la maison, portent « l'anathème » d'avoir mal voté pour les premiers et, pour les seconds, celui d'avoir, par leur abstention, privé de leurs voix les démocrates. C'est là le seul écart de ce cher peuple et il le paiera cash car ce sera finalement lui le pourvoyeur de cadavres. C'est lui qui aura souffert dans sa chair, souvent sans savoir d'où viennent les coups, tout en vaquant stoïquement à ses occupations, évitant ainsi au pays l'effondrement que beaucoup pensaient inéluctable. Finalement si vainqueur de la tragédie il y a, ce ne peut qu'être lui, et ce n'est que justice qu'aucun des va-t-en guerre n'ait réussi, aux yeux de l'opinion, à tirer gloire ou légitimité de ses « hauts faits d'arme ».Bien au contraire, devant l'histoire et les consciences, chacun les porte comme souilles de sa forfaiture. On parle ici des hauts responsables, des commanditaires, pas des combattants du petit peuple que l'on a envoyés au casse-pipe, sacrifiés pour défendre Dieu ou sauver le système. Leur mémoire à eux, tout comme celle de nombreux autres innocents pris dans la nasse, se doit d'être honorée en tant que victimes de la folie de deux monstres totalitaires, sanguinaires, dont leur dernier pied de nez au peuple aura été de finir par s'entendre sur son dos.
Un accord entre gens en armes, pas entre « politiques », conforté par les concorde et réconciliation nationales, effaçant d'un coup d'éponge toute responsabilité autant d'un côté que de l'autre et laissant une plaie béante dont la non cautérisation handicapera sérieusement la construction du futur. Aussi, et c'est là le premier enseignement de l'histoire, ce peuple qui a payé lourdement de sa personne, devant l'insolvabilité et l'impunité de ses débiteurs, ne peut qu'être dans le ressentiment et, subséquemment, dans la suspicion voire le rejet de tout ce qui peut provenir des auteurs d'un tel traumatisme. Il a désormais pris conscience que ni des uns ni des autres ne proviendrait la solution puisqu'ils en sont le problème. Aujourd'hui, il est dans la rue à crier « dawlamadaniamatchi ‘askaria ». Si à aucun moment il ne s'est cru obligé d'ajouter « walaislamia », c'est pour la simple raison qu'il s'agit là d'un sujet qui risque de diviser alors que l'heure est à l'unité face à un pouvoir qui ne demande qu'à profiter de toutes les béances pour s'infiltrer. D'autant que la carte islamiste, tout comme celle berbériste, est précisément de celles dont il se sert dès que les circonstances le lui permettent. Mais ce n'est pas parce que ce problème est pour le moment occulté qu'il ne faudrait pas, tôt ou tard, le mettre sur la table. Balayer en mettant tout sous le tapis n'est pas sain. Toute la question sera alors de savoir quand et comment. En attendant, il y a d'ores et déjà quelques acquis capitalisés à utiliser le moment venu : En premier lieu la conscience que si la donnée islamique est une réalité sociologique elle se saurait constituer un projet politique. Le peuple Algérien a compris qu'avoir adopté l'Islam n'implique pas la soumission au califat, lequel au demeurant n'est nulle part prescrit dans son texte fondateur ; que mise à l'abri du politique sa religion n'est pasantinomique avec la démocratie. Sentiment conforté par des garde-fous nés des dérives passées, lesquelles ont laissé une telle empreinte dans l'ADN de tout Algérien que nul n'est prêt à revivre la décennie noire, quelles que soient les promesses édéniques qui en seraient au bout. En conséquence, le combat actuel contre la dictature militaire n'aurait aucun sens si c'est pour remettre en selle l'obscurantisme religieux et permettre la résurgence de ceux qui naguère brandissaient le coran scandant « la mithak la doustur, kayenallahkayenrrassoul ». En deuxième lieu, l'expérience a rendu aux Algériens, notamment les jeunes, cette lucidité leur permettant de distinguer les vessies des lanternes. En ce sens ils ont compris qu'en fin de compte l'islamisme n'est rien d'autre qu'un opportunisme politicien, souvent complice du militarisme. Un tremplin dont se sert un ordre sectaire pour imposer sa domination.Le wahhabisme et assimilés en sont les exemples types et la caution de Dieu derrière laquelle ils se cachent ne sert qu'à masquer les ambitions personnelles des uns et des autres, souvent étayées par des trahisons retentissantes, y compris à l'égard de Dieu, relevant du sacrilège plutôt que de la sacralité. Il y a en dernier lieu cette arme imparable parce qu'entre des mains désarmées. Il s'agit de la voie inédite choisie par le Hirak qui a fait de la silmya son mode d'expression, excluant donc naturellement tout recours à la violence, y compris celle sensée conduire sur les sentiers de Dieu. Ces points assimilés par la majorité du peuple et confirmés à chaque marche sont autant de « faqou » permettant de bâtir en contournant les obstacles susceptibles de compromettre la finalité démocratique du combat hirakiste
En conclusion : Il apparait que le Hiraka bien identifié son ennemi du moment et n'imagine pas la rue comme un lieu d'échange d'une dictature militaire contre une théocratie. Que certains islamistes manifestent pour faire tomber le système, c'est tout bénéfice pour lui et il est, de ce fait, dans la normalité qu'ils pensent à s'aménager un espace de débat dans le paysage politique. Mais ceci ne saurait se concevoir, conformément à la logique hirakiste et aux mots d'ordre dominants, que sous condition que leur militance ne soit pas corrosive au point d'altérer le message « novembro-soummamien », ni les ressorts universels sur lesquels reposent la démocratie et les droits de l'homme. La démocratie a ses préalables qui ne sauraient s'accommoder ni de la violence ni de lois n'émanant de la volonté populaire. Elle a aussi ses principes qui, rappelons-le, sont pour l'essentiel inscrits dans la déclaration universelle des Droits de l'Homme, adoptée à Paris le 10 Décembre 1948 par l'Assemblée Générale des Nations Unies et à laquelle l'Algérie indépendante a adhéré en la reprenant, dès 1963, en l'article 11 de sa constitution.


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