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Les morts évitables du monoxyde de carbone
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 10 - 01 - 2021

L'arrivée de l'hiver et surtout la survenue de vagues de froid glacial poussent les gens à se réchauffer et parfois à utiliser tous les moyens pour essayer de garder la chaleur, comme obstruer tous les conduits de ventilation, recourir à des moyens de chauffage de fortune et se regrouper autour d'une source de chaleur comme un brasero (kanoun), un poêle à charbon ou un chauffage au gaz ou au mazout. Toutes ces sources peuvent dégager du monoxyde de carbone (CO), appelé tueur silencieux car c'est un gaz invisible, inodore et incolore. Des intoxications peuvent aussi survenir en plein été en cas de fuite de gaz dans des appartements bien cloîtrés.
Les surprises dramatiques sont fréquentes. De nombreux pays paient un lourd tribut annuel en vies humaines, victimes d'intoxication au monoxyde de carbone (CO).
Cette dernière est aussi la principale cause de décès par intoxication dans la plupart des pays occidentaux mais souvent pour d'autres raisons : le CO est responsable de 40% des suicides par intoxication aux Etats-Unis. En France même, ce gaz est responsable d'une centaine de décès annuellement. Ces derniers surviennent essentiellement durant les périodes de chute des températures. En Suisse, 23 décès et près de 130 hospitalisations liées au CO ont été recensés en 2006.
Elle constitue aujourd'hui la principale cause de décès par intoxication dans de nombreux pays et principalement au Maghreb.
La Tunisie enregistre entre 20 et 30 décès par intoxication aiguë au monoxyde de carbone, laquelle représente la première cause de mort par intoxication.
Au Maroc, le relevé épidémiologique effectué entre 1992 et 2007 recense 10.558 cas dont 66 cas de décès par an, soit 6 décès pour 1.000 intoxications au CO. Dans ce pays, l'intoxication au monoxyde de carbone est aussi la forme la plus répandue d'intoxication mortelle. Elle occupe la troisième place des intoxications déclarées au Centre antipoison avec 22,27% après les intoxications alimentaires avec 23%, et celles liées aux médicaments qui représentent 25%.
En Algérie, les intoxications par monoxyde de carbone sont beaucoup plus fréquentes. C'est peut-être une rançon de l'accès d'un fort pourcentage de la population au gaz. Suivant les dernières déclarations du ministre de la Transition énergétique, l'Algérie en consomme 40 milliards m3 par an, soit 300 millions de dollars sans compter les millions de tonnes de mazout.
Derrière chaque chiffre, un drame humain
Les services de la protection civile ont enregistré des chiffres affolants au cours des dernières années même si on note une petite tendance à la baisse du nombre de décès : 2013, 1.029 personnes ont été secourues et 208 sont décédées ; 2014, 1.075 ont été secourues et 160 sont décédées, 2015, 1.423 ont été secourues et 123 sont décédées et en 2020, plus de 2.000 personnes ont été secourues et 126 décès sont à déplorer. Tous ces décès ou tout au moins une grande partie auraient pu être évités.
Différente des autres formes de mort, la mort par monoxyde de carbone est traîtresse, elle s'enveloppe dans la chaleur que la victime tente de rechercher pour se protéger du froid. Elle survient durant le sommeil et le plus souvent en milieu familial. Les multiples informations ayant trait à ces accidents charrient avec elles beaucoup d'émotion : le 1er novembre 2020, un couple de nouveaux mariés décède à Bel-Abbès dans un appartement par asphyxie au monoxyde de carbone ; trois personnes de la même famille décèdent à Alger le 15 juin 2017 par intoxication au monoxyde de carbone ; trois femmes dont deux résidentes en médecine et une vétérinaire sont retrouvées mortes dans un appartement qu'elles louaient à Douéra, le 28 mars 2018, suite à une intoxication au gaz ; le 29 décembre 2018, cinq membres d'une même famille sont décédés à Djelfa suite à une intoxication au monoxyde de carbone, ce grave incident rappelle celui constaté le 17 janvier 2017 où cinq membres de la même famille ont trouvé la mort à Khenchela dans des circonstances identiques ; le 9 février 2019, 4 morts sont enregistrées à Alger dont une femme journaliste et son mari, toujours par intoxication de gaz, le 11 février 2019, c'est au tour d'une femme médecin de succomber au tueur silencieux à l'intérieur d'un logement de fonction situé dans l'enceinte même d'une polyclinique à Djiouia (wilaya de Relizane) ; apparemment aucune structure n'échappe à ce fléau puisque un décès d'une enfant de 9 ans a été constaté à l'intérieur d'un hôtel à Annaba en septembre 2017. Des catastrophes beaucoup plus graves auraient pu survenir si ce n'était la miséricorde divine et l'intervention de la protection civile, comme cela s'est passé dans une école primaire dans la localité de Houza Sediki, (Bordj Bou Arréridj) où 26 élèves ont failli périr à la suite d'une intoxication au monoxyde de carbone le 10 décembre 2017 ou encore tout récemment, le 6 janvier 2011 à Tiaret où onze personnes d'une même famille dont neuf femmes et deux enfants « ont été retrouvées inanimées, asphyxiées par des émanations de monoxyde de carbone, provenant d'un chauffe-eau défectueux » et secourues par les sauveteurs.
L'intoxication et ses conséquences
Schématiquement, le monoxyde de carbone (CO) est produit par la combustion incomplète d'un composé carboné mais en raison d'une quantité d'oxygène insuffisante dans l'atmosphère ambiante, il va devenir important. Le CO qui est inhalé entre en compétition avec l'oxygène dans sa liaison avec l'hémoglobine du sang et comme il a une affinité 250 fois plus grande que l'oxygène, il se fixe en priorité sur l'hémoglobine empêchant l'oxygène de le faire. Il s'ensuit donc une augmentation de CO circulant dans le sang, donc une intoxication qui se manifeste par des maux de tête (céphalées), nausées, vertiges, asthénie… L'intoxication peut être aiguë et importante et donner une perte de connaissance, un coma et un collapsus cardiorespiratoire et se terminer par la mort en peu de temps si la concentration ambiante en CO est importante ou des signes plus frustes, une baisse des performances intellectuelles, des difficultés d'apprentissage et une altération de l'acuité visuelle et auditive si l'intoxication en CO se fait à faibles doses mais de façon chronique.
Des complications peuvent apparaître, soit immédiatement au cours du stade aigu, elles touchent le cœur et les vaisseaux, les poumons, les muscles, les reins, le pancréas et le cerveau.
Ce que souvent les sauveteurs ne savent pas, des complications tardives peuvent apparaître chez les personnes considérées comme ‘'sauvées'', elles sont d'ordre neurologique comme des troubles de la personnalité et de déficits de mémorisation. D'autres signes neurologiques peuvent apparaître deux jours à cinq semaines après l'intoxication, sous forme de changements de personnalité et de troubles de l'humeur ou surtout un syndrome de Parkinson. Dans les cas d'intoxication modérée à sévère, un décès d'origine cardiovasculaire peut se voir au cours des dix années qui suivent l'incident de façon plus fréquente. Si l'intoxication touche une femme enceinte, le risque de mortalité/morbidité chez le fœtus est plus élevé.
Les agents de la protection civile étant les premiers sur les lieux doivent être équipés de détecteurs de CO pour identifier les zones à risque et éviter d'être eux-mêmes victimes d'une atmosphère polluée.
Seule la prévention
Les services de la protection civile, de la santé, de Sonelgaz lancent chaque année en début d'hiver des campagnes de sensibilisation contre ce grave fléau responsable de dizaines de morts évitables. Force est de constater que cela ne suffit pas à la vue du nombre important de victimes enregistré chaque année.
Ces services insistent tous sur les mesures suivantes :
• « Souligner la nécessité du contrôle tous les ans des installations de chauffage et de production d'eau chaude par un professionnel qualifié (chaudière, chauffe-eau, chauffe-bain, cheminée, poêle…) ;
• «aérer son logement quotidiennement pendant 10 minutes au moins et ne jamais obstruer les aérations du logement même en hiver ; «n'utiliser d'appareils mobiles de chauffage d'appoint que dans les pièces convenablement ventilées et par intermittence ; «ne jamais faire fonctionner un moteur de voiture dans un garage fermé ;
«respecter les consignes d'utilisation des appareils de chauffage ;
«ne jamais utiliser d'appareils non destinés à l'usage de chauffage : cuisinières, kanoun, tabouna».
Pourquoi ne pas recourir au détecteur de monoxyde de carbone ?
Les inventeurs ont mis au point un détecteur de monoxyde de carbone, il s'agit d'un tout petit appareil installé dans un appartement. Il sert à détecter toute élévation dans l'air ambiant de la concentration de CO, il avertit les occupants par un signal sonore et visuel. Des applications peuvent lui être ajoutées telle la possibilité de sonnerie de téléphone même à distance. Il existe plusieurs modèles en vente libre à partir de 3.000 dinars. Un modèle a même été mis au point par un Centre de recherche à Alger et pourrait être fabriqué en série par tout industriel.
La Fédération nationale de protection des consommateurs a souvent dénoncé l'absence de réglementation dans le domaine et la non-obligation d'installation de ces détecteurs chez les utilisateurs de chauffages domestiques. Faute d'une obligation réglementaire, les autorités se sont contentées à partir du 1er novembre 2020, à travers une instruction du ministère du Commerce, d'obliger les fabricants et importateurs à équiper les chauffages à gaz à usage domestique d'un détecteur de monoxyde de carbone (CO).
Cette mesure n'a pas empêché les dizaines de morts enregistrées depuis l'entrée en application de cette instruction parce qu'il s'agit d'une demi-mesure car elle ne prend pas en considération les dizaines de milliers d'équipements en service avant cette date. Il appartient donc aux pouvoirs publics, s'ils veulent éviter ces morts inutiles et ces drames récurrents en période hivernale et même durant toute l'année de rendre obligatoire ces détecteurs de CO dans toutes les habitations et d'instruire les services de Sonelgaz pour assurer leur installation, en répartissant leur coût sur les factures d'une année par exemple, et d'en garantir leur entretien.
En attendant, faut-il se contenter comme il a été suggéré de déposer une plainte contre X chaque fois qu'il y a intoxication au CO pour déterminer les responsabilités ou attendre la promulgation d'une législation drastique et dans l'intervalle aérer les maisons et « éviter le colmatage des dessous de portes qui servent dans l'aération » ?
*Professeur - Président de la Forem


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