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Records et hiérarchies: Les impitoyables circonvolutions des compétitions sportives
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 08 - 2021

Lundi 02 août 2021. Jeux Olympique à Tokyo. Finale du 400 m haies. Un spectacle qui mérite une veille tardive, pour ceux qui suivent les jeux au coeur de la nuit sept ou huit méridiens plus à l'ouest de l'Empire du Soleil Levant.
Evénement rare : le jeune Norvégien Karsten WARHOLM, détenteur du record du monde, fait exploser son record, le faisant passer sous les 46 secondes, à 45'94.1
Un record du monde présente un intérêt pour la compétition, pour les jeux, pour celui qui l'a battu, ses amis, son pays, le club qui l'a formé... mais ce qui s'est passé ce jour-là dépasse l'anecdote sportive.
Des experts ont attiré l'attention sur les performances technologiques liées notamment aux pointes au carbone qui permettent une meilleure adhérence à la piste et à la qualité des chaussures spécialement fabriquées pour ces athlètes émérites, dont le prix dépasse, et de loin, les moyens des pays qui ne peuvent en offrir à leurs sportifs. Non. Ce qui s'est passé à Tokyo ce matin-là est plus singulier.
Lors de cette épreuve il n'y a pas eu un record, mais deux records battus.
Naturellement celui du Norvégien, mais aussi celui de l'Américain, Rai BENJAMIN qui l'a suivi à 23 centièmes de seconde.
En effet, le précédent record était à 46'70, battu par les deux athlètes. Le record olympique, lui aussi pulvérisé, était à 46'78.
Le plus remarquable, plus encore que ce record battu, était que les caméras et les journalistes présents autour de la piste, se sont agglutinés autour du Norvégien, éclatant de joie, ignorant totalement l'Afro-américain et sa performance, le regard un peu perdu qui ne comprenait peut-être pas comment son record ne lui concilie aucune audience médiatique.
La loi de la compétition hobbesienne, darwinienne est impitoyable : tout au premier et rien au second ni aux suivants. Derrière cette règle qui dépasse les enceintes sportives, il y a celle, sous le prétexte du dépassement de soi, du progrès sans limites, de l'innovation continue, de la primauté objet d'une révérence immodérée, qui broie les hommes et la nature depuis trois ou quatre siècles. Sans doute, cela relèverait-il d'un autre débat plus fondamental... Le fait est que la performance extraordinaire des deux athlètes à Tokyo est rare mais pas sans précédent.2
Les records au détour de l'histoire.
Les Jeux Olympiques d'été célébrés à Berlin en 1936, ont connu semblable situation.
Le 03 août 1936, sur le 100 m, Jesse Owens dispose de tous ses adversaires, en 10'3.
Le lendemain, Owens, âgé alors de 23 ans, décroche sa deuxième médaille d'or dans l'épreuve du saut en longueur sous les yeux d'Adolf Hitler. Dans son duel avec l'Allemand Luz Long, il prend l'avantage lors de son dernier essai qui est mesuré à 8,06 m, battant un nouveau record olympique. Le 05 août, l'Américain remporte sa victoire la plus nette sur le 200 m en 21'1, battant le record de la distance. Le plus intéressant est que, lors de cette épreuve, il ne fut pas le seul à le battre. Mark Robinson l'a aussi battu, mais avec quatre dixièmes (4 m environ) derrière Jesse Owens.
Une minuscule différence mais une conséquence considérable. Jesse Owens est devenue une légende qui a porté sur ses épaules bien plus que des records sportifs. Mark Robinson a fini sa vie professionnelle en complet anonymat comme gardien dans un collège pour Blancs à Pasadena où il meure le 12 mars 2000 à l'âge vénérable de 86 ans. Contrairement aux mythes férus de « Mal Absolu » et de réécriture manichéistes de l'histoire3, A. Hitler a sans doute bien des abominations sur la conscience, mais n'a jamais quitté le stade lorsque J. Owens a réalisé ses prouesses ni refusé de lui toucher la main. 4
De retour aux Etats-Unis, Owens est accueilli triomphalement. Il sera considéré comme un héros national, tout en restant un Afro-Américain donc privé de droits civiques dans une Amérique largement ségrégationniste. Le président américain d'alors, Franklin D. Roosevelt, occupé à sa réélection de novembre et soucieux de la réaction des Etats du Sud, refusa de l'accueillir à la Maison-Blanche. Son successeur, H. Truman, en fit tout autant.
En 1990, J. Owens reçut la médaille d'or du Congrès US par le président George HW Bush à titre posthume, en reconnaissance de ses résultats. Il a fini comme ouvrier d'entretien à l'université de l'Ohio.
La ségrégation était en vigueur au sein même de la délégation américaine qui participa aux JO de 1936 : Noirs et « Caucasiens » ont été séparés même dans le bateau qui les transporta en Europe. Certes, ce serait une mauvaise querelle que d'imaginer le moindre rapprochement entre les JO que le baron Pierre de Coubertin5 a incarné et couvert de son autorité en 1936 et ceux organisés à Tokyo dans les conditions épidémiques que l'on sait.
Il n'en demeure pas moins que cette recherche effrénée de la performance et de la primauté à tout prix, dans des compétitions incarnant la guerre et le marché, a un coût humain, social et environnemental exorbitant qui demanderait réflexion.
Notes
1 Aux Bislett Games, le 1er juillet 2021, le Norvégien fait tomber, en 46'70, le mythique record du monde du 400 mètres haies de Kevin Young, qui datait des Jeux de Barcelone en 1992.
2 A Tokyo, deux records du monde ont été battus le mercredi 04 août en cyclisme sur piste (en poursuite) par les Italiens (médaille d'or) et leurs adversaires Danois qui se sont contentés de la médaille d'argent.
3 Cf. « Jesse Owens, à Berlin en 1936 : ‘Un camouflet au racisme dans la capitale du racisme' ». Libération du 1er décembre 2018.
4 Owens, pour sa part, affirma dans ses mémoires qu'Hitler ne l'avait pas snobé et lui avait fait un signe de la main lorsqu'il était passé devant sa loge : « Quand je suis passé devant le chancelier, il s'est levé, a agité la main vers moi, et je lui ai fait un signe en retour. Je pense que les journalistes ont fait preuve de mauvais goût en critiquant l'homme du moment en Allemagne » (« When I passed the Chancellor he arose, waved his hand at me, and I waved back at him. I think the writers showed bad taste in criticising the man of the hour in Germany. »). Et Jesse Owens ajoute à ce propos : « Hitler ne m'a pas snobé, c'est notre Président qui m'a snobé. Le Président ne m'a même pas envoyé un télégramme. », ajoutant également « Après ces histoires d'Hitler qui m'aurait snobé, à mon retour aux Etats-Unis, je ne pouvais pas m'asseoir à l'avant des autobus, je devais m'asseoir à l'arrière, je ne pouvais pas vivre là où je le voulais », pointant du doigt la ségrégation raciale aux Etats-Unis de l'époque. ( Jesse Owens », Wikipedia)
5La question s'impose à l'écouter : «La glorification du régime nazi, a été le choc émotionnel qui a permis le développement qu'ils (les JO de 1936) ont connu.» argumentait-il. Toutefois, sous peine d'un raisonnement anachronique inopportun, ces citations doivent être replacées dans leur contexte. Le baron exprimait là une fascination (sic) pour le régime hitlérien, largement partagée par les classes aisées de son époque, inquiètes de l'influence grandissante du bolchevisme en Europe. Coubertin était par ailleurs opposé à la participation des femmes aux JO et en 1920 le CIO refusa la création d'épreuves féminines.


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