L'enjeu énergétique est au cœur d'une guerre économique mondiale qui prend forme à l'ombre du conflit en Ukraine. Les affrontements militaires, qui jouent avec la vie des Ukrainiens, cachent mal les volontés d'un Occident qui cherche à dominer le monde sur le plan économique, en s'attaquant aux géants Russe et Chinois qui lui font de l'ombre. Mais, l'Occident a montré ses faiblesses dans ce domaine où il se retrouve otage, presque à la merci d'un marché mondial de l'énergie, qu'on connaissait très volatil, avec des prix qui ont frôlé les 140 dollars en mars. L'Europe, notamment, paie les frais de cette guerre énergétique, sur le plan du gaz, qui lui est livré par la Russie, et le pétrole, qui obéit à l'offre et la demande, avec un prix de baril qui s'est envolé, ces derniers jours, à cause de la guerre en Ukraine. Impossible de trouver ses marques pour une Europe otage des manœuvres de la puissante Amérique, qui encaisse mieux le choc énergétique grâce à ses capacités de production du pétrole et du gaz. Pourquoi alors les Etats-Unis n'aident-ils pas leurs alliés européens dans cette phase difficile ? Les compagnies pétrolières américaines ne font pas dans le sentiment, et écoulent leur production au prix de référence du marché mondial. Le Président Biden n'a pas manqué de critiquer leur « avidité », estimant qu'« aucune entreprise américaine ne devrait tirer profit de la pandémie ou des agissements de Vladimir Poutine pour s'enrichir aux dépens des familles américaines ». L'Amérique a bien essayé de venir en aide à ses alliés européens en renforçant leur approvisionnement en GNL, sans arriver à satisfaire la demande au niveau du vieux continent, dépendant à 40 % du gaz russe. La Russie reste, aussi, le principal fournisseur en pétrole brut de l'Union européenne, ainsi que du charbon. La hausse du prix du baril s'est automatiquement répercutée sur le prix de l'essence à la pompe. Et, à ce niveau des effets de la guerre en Ukraine, les citoyens européens et américains ne restent pas insensibles. La colère des populations, exploitée par les opposants politiques, est immédiatement dirigée contre les gouvernements, sommés de trouver des solutions urgentes pour faire baisser le prix de l'essence et permettre à d'autres de se chauffer sans débourser tout le salaire. Pour le moment, les gouvernements mettent en œuvre la solidarité, avec des aides aux foyers pour se chauffer et aux automobilistes pour faire le plein d'essence, mais il ne s'agit que de solutions temporaires, voire de colmatages. Le président américain a décidé, pour la première fois, de puiser un million de barils / jour dans les réserves stratégiques dans une tentative d'influer sur le cours du pétrole. En vérité, la décision du président américain est d'ordre purement interne, cherchant seulement à faire baisser le prix de l'essence à la pompe et tranquilliser les Américains. Le cours du baril sur le marché mondial ? Le prélèvement sur les réserves stratégiques des Etats-Unis, ainsi que sur les réserves de pétrole de plus de 30 pays membres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), a permis de faire baisser hier, le prix du baril aux alentours de 104 dollars, mais la baisse en elle-même n'est que symbolique. Car, tant que les pays membres de l'Opep+ refusent d'augmenter le niveau de production, le prix du pétrole restera toujours cher dans cette atmosphère mondiale.