Bien qu'il existe des alternatives moins coûteuses et moins désagréables pour traiter l'anémie et les carences en fer, l'on continue en Algérie à favoriser la transfusion sanguine en dépit de ses coûts élevés et de ses aléas. Le Pr Fadila Madaci, chef de service de gynécologie obstétrique au CHU Bab El Oued, a appelé à la nécessité d'agir en amont à travers des diagnostics précoces, qui passent par la réalisation tout simplement d'un bilan sanguin, notamment pour les sujets à risques (les femmes enceintes, les femmes en âge de procréation et les enfants). Intervenant hier, lors d'une session de formation organisée par les laboratoires Hikma, sur la carence en fer, au profit des journalistes, Mme Madaci a regretté le fait que «la carence en fer est souvent sous-estimée, et elle est souvent source de fausses croyances et de retard de diagnostic, parfois aux conséquences fâcheuses». Sachant que si la carence en fer n'est pas sérieusement prise en charge, elle peut impacter l'activité cardiaque et la concentration et par conséquent elle peut altérer le rendement au travail et la qualité de la vie d'une manière générale. Le Pr a alerté sur les conséquences de l'anémie et les carences en fer chez les enfants et l'adolescent. En précisant que la carence en fer est souvent sous-estimée, alors que le fer joue un rôle décisif pour le développement cognitif de ces derniers. Une carence en fer peut avoir comme conséquence de «mauvaises performances scolaires, par le fait que la carence en fer peut provoquer un retard cognitif et moteur, et des problèmes liés à la concentration et de la mémoire». Le Pr a regretté le manque de suivi chez les femmes enceintes, notamment en dehors des grandes villes. En précisant «on détecte une anémie martiale au septième mois de grossesse, alors que pour traiter l'anémie, il faut quatre mois». Elle poursuit «ce retard de diagnostic et bien évidemment de traitement engendre des complications chez les femmes enceintes et les parturientes». En précisant «ce qui explique le recours excessif à la transfusion sanguine en dépit de son coût élevé lié à la prise en charge et à ses risques». Et d'affirmer que la transfusion sanguine nécessite déjà des dons de sang, sans parler de son indisponibilité parfois. Elle rappelle ses aléas, notamment le risque de développer des infections. Avec le risque de développer une iso-immunisation, pour non compatibilité du groupe sanguin du patient avec les sous-groupes sanguins des donneurs, à long terme. Enfin, le Pr recommande de réduire le taux de recours aux transfusions sanguines en privilégiant les alternatives existantes. C'est-à-dire faire un diagnostic précoce et traiter les carences en fer à temps. Un diagnostic qui repose sur la réalisation d'un bilan sanguin, précise-t-elle, des analyses poussées qui ne se limitent pas à chercher le taux d'hémoglobine dans le sang, mais il faut aussi analyser le taux de la ferritine, c'est-à-dire chercher le taux de fer stocké dans les différents organes, afin de prévenir à temps une forte anémie et ses conséquences. En se référant aux données de l'OMS, Issam Frigaa, Pr en hémobiologie et transfusion sanguine au CHU Mustapha, a affirmé que «la carence en fer est la principale cause d'anémie, qui est la carence nutritionnelle la plus répandue dans le monde, touchant 33% des femmes qui ne sont pas enceintes, 40% des femmes enceintes et 42% des enfants».