La Russie tente une percée dans le domaine de l'énergie nucléaire au Maghreb et au Moyen-Orient. C'est le chef du secrétariat du Forum de partenariat Russie-Afrique, Oleg Ozerov, qui a exprimé cette tendance, le 29 mars dernier, en déclarant que la Russie a beaucoup à offrir à l'Afrique dans le domaine de l'énergie nucléaire. Vraiment pas de refus pour de nombreux pays qui cherchent à acquérir cette technologie du nucléaire civil. Même si la Russie, par le biais du géant russe de l'atome civil, l'entreprise Rosatom, presque l'équivalent du géant gazier Gazprom dans le domaine de l'énergie nucléaire, a conquis de nombreux marchés à travers plusieurs pays depuis plusieurs années, s'imposant en tant qu'entreprise qui compte le plus grand nombre de projets de réacteurs nucléaires sur le globe, il fallait bien commencer à chercher de nouvelles ouvertures avant que les sanctions contre Moscou ne touchent à ce secteur sensible. Dans ce cadre, il faut savoir que les sanctions énergétiques, dont le boycott du gaz et du pétrole russes, ne concernent pas le domaine du nucléaire, et la Russie, par le biais de l'entreprise Rosatom, continue encore, en 2022, à alimenter plusieurs réacteurs dans des pays de l'Union européenne. Des statistiques du Royal United Services Institute'(Royaume-Uni), publiées en février révélaient que les achats de combustible et de technologie nucléaires russes par l'Union européenne ont atteint en 2022 leur plus haut niveau depuis trois ans. Comment se fait-il que ce domaine soit épargné des batteries de sanctions décidées par l'Union européenne contre la Russie ? Selon les explications des spécialistes, pour remplacer le gaz russe, on peut toujours trouver des solutions de rechange sans grande peine et en peu de temps, alors qu'il est impossible de faire de même pour le combustible nucléaire, tant la chaîne d'approvisionnement reste lourde et complexe. Voilà le secret qui empêche les Occidentaux de sanctionner le nucléaire russe. Mais pas indéfiniment. Les Russes le savent bien, et c'est pour cette raison qu'ils se préparent à cette éventualité en multipliant les tentatives de leur présence en Afrique et au Moyen-Orient. La Russie développe ainsi ses liens avec les pays du Maghreb et du Moyen-Orient dans le domaine du nucléaire civil. Une centrale nucléaire de construction russe est en service en Iran, où une deuxième est en chantier et une troisième en projet, plusieurs autres sont en chantier en Egypte et Turquie, et trois autres centrales en projet, notamment en Arabie Saoudite, où Rosatom a manifesté sa participation à l'appel d'offres pour la construction de la première centrale nucléaire dans ce pays. Il s'agit, comme on le voit, d'ambitions de l'entreprise Rosatom de s'implanter fortement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, et on se demande si d'autres puissances garderaient les bras croisés dans cet environnement vital d'intérêt stratégique ?
