La condamnation par des canaux diplomatiques des autodafés du Saint Coran en Suède et au Danemark prend de l'ampleur. En sus des dénonciations de ces actes offensant et blasphématoires par les organisations islamiques, plusieurs pays musulmans, tels que l'Arabie Saoudite, l'Iran, la Turquie, le Koweït, l'Irak, les Emirats Arabes Unis et l'Algérie, ont convoqué l'ambassadeur ou le chargé d'Affaires à l'ambassade de Suède au niveau de leurs capitales pour élever des protestations contre les autodafés qui prennent des airs de « guerre » contre le monde musulman. Au même titre que d'autres pays, le ministère algérien des Affaires étrangères a souligné dans un communiqué que «suite à la récurrence des incidents d'autodafé et de profanation du Saint Coran à Copenhague et à Stockholm, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a convoqué lundi l'ambassadrice du Danemark et le chargé d'affaires à l'ambassade de Suède en Algérie, afin de leur faire part de la protestation officielle de l'Algérie et de sa ferme condamnation de ces actes immoraux et inciviques qui visent tout ce qui est sacré pour les musulmans partout dans le monde». Considérant qu'il est inadmissible que la liberté d'expression serve de couvert pour protéger les auteurs de ces crimes odieux, en réponse aux arguments avancés dans ce contexte par les gouvernements suédois et danois qui autorisent ce genre de manifestations, et qui ne cessent de répéter face aux accusations des pays musulmans que l'autodafé du Coran n'est pas un crime, et que la liberté d'expression est inscrite dans la Constitution. L'Algérie a demandé aux autorités des deux pays de «prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher la récurrence de tels actes, honnis par toutes les religions monothéistes, les lois et les us internationaux». C'est presque le même langage usité par tous les pays musulmans qui ont convoqué ces ambassadeurs, même si certains sont déjà allés loin, l'Irak qui a expulsé l'ambassadrice de Suède et l'Iran qui n'a pas désigné un ambassadeur à Stockholm et ne veut pas recevoir d'ambassadeur de Suède à Téhéran. Cette réaction diplomatique unanime dans le monde musulman semble concertée et laisse entrevoir qu'une autre action diplomatique commune, plus tranchante, n'est pas à écarter. Si les autodafés du Coran se poursuivent, considérés comme des actes qui minent les relations entre les peuples et les Etats, il y a fort à parier qu'on va tout droit vers la dégradation des relations diplomatiques entre ces deux pays et tous les pays musulmans. La Suède et le Danemark peuvent-ils rester sans voix face à cette liberté d'expression qui nuit gravement à leurs relations diplomatiques avec le monde musulman ? Les opinions et les gouvernements dans le monde musulman attendent des « actions concrètes » de la part des autorités suédoises et danoises.
