L'être humain, assez souvent, est obnubilé par l'encombrant souci de soi, par la crainte que son opinion ne soit pas prise en compte, par la manie de vouloir avoir raison coûte que coûte. Et couramment tout ce qui ne participe pas au renforcement de sa pourtant subjective vision des choses, tout ce qui ne va pas dans le sens de ce dont il est d'ores et déjà convaincu, alors il s'en désintéresse, s'en moque ou le rejette en bloc. Pourtant, être le contradicteur le plus farouche de soi-même, être capable de se remettre en question, avoir l'honnêteté et le courage de reconnaître ses possibles erreurs de jugement, «considérer que la recherche de la vérité est plus désirable que sa conviction» (dixit le philosophe Raphaël Enthoven) est le propre des individus sages et lucides. L'homme humble et raisonnable est celui qui a intégré le fait de pouvoir se tromper mais sans renoncer pour autant à l'opportunité de s'amender ultérieurement. Dans tous les cas, il est bénéfique d'interpeller ses certitudes, de ne pas se donner raison automatiquement, de ne pas tomber dans l'autosatisfaction, bref de penser contre soi-même. «Rien ne nous trompe autant que notre jugement» disait le grand Léonard de Vinci.
