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«La situation énergétique de l'Algérie face à la concurrence internationale »
INTERVIEW DU PROFESSEUR ABDERRAHMANE MEBTOUL A RADIO FRANCE INTERNATIONALE RFI
Publié dans Réflexion le 12 - 06 - 2013

Question 1 : Après l'attaque terroriste d'In Amenas, les sociétés étrangères sont –elles réticentes à rester en Algérie ?
La sécurité est posée pour l'ensemble du Sahel, et le terrorisme est une menace planétaire. Pour certaines firmes, le gel de ses activités est momentané, étant mue par la seule logique du profit, certes tenant compte des contraintes tant politiques que socio- économiques. D'autant plus que l'assiette fiscale de la nouvelle loi des hydrocarbures algérienne de 2013 modifiant celle de 2006, repose sur la profitabilité pouvant inclure des charges additionnelles comme la sécurité. Si certaines sociétés à l'avenir devaient aller ailleurs, c'est que le taux de profit est plus avantageux. Il faudra être pragmatique et il appartiendra alors aux autorités algériennes d'adapter le cadre juridique. Je pense qu'en ce mois de juin 2013, que s'il y a attentisme de certaines compagnies, cela est dû à la situation politique spécifique de l'Algérie à la veille de l'élection présidentielle d'avril 2014.
Question 2 : L'Algérie n'est-elle pas confrontée à l'épuisement de ses réserves ?
Il est utile de rappeler que le pic pourrait selon l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles, se situer vers 2015-2025 pour le pétrole, 2025-2045 pour le gaz et 2100 pour le charbon et que 98 % des exportations de l'Algérie sont issues des seuls hydrocarbures et important environ 70/75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées. Ceux-ci ont généré quelque 600 milliards de dollars de recettes en devises entre 2000 et 2012, selon les bilans de Sonatrach. Concernant ses exportations de gaz , l'Algérie peine toujours à maintenir le niveau des volumes exportés au-dessus de 60 milliards de mètres cubes, un seuil qui était bien conservé entre 2001 et 2008 et les prix élevés cachent une baisse du volume encore que le Ministère de l'Energie rassure avec la mise en exploitation courant 2O14 des nouveaux gisements mais tout reste une question non d'offre mais de demande face à la crise mondiale qui sera de longue durée. Pour calculer la durée de vie des réserves en Algérie, il s'agit de prendre en compte l'évolution des coûts et des prix internationaux, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables. La durée de vie des réserves est également influencée par le volume tant les exportations que de la forte consommation intérieure du fait du bas prix du gaz, un des plus bas au niveau du monde, bloqués par la décision du 30 mai 2005. Selon la déclaration du PDG de Sonatrach en date du 24 février 2013 les réserves algériennes en gaz conventionnel sont de 2000 milliards de mètres cubes gaz, loin des données euphoriques de 4500, soit 1,3% des réserves mondiales, encore que certains experts préconisent de limiter les gaz torchés et utiliser les techniques de récupération notamment au niveau du gisement pétrolier d'Hassi Messaoud pour accroître les réserves. Mais le problème est de déterminer les coûts additionnels pour la rentabilité tenant compte de la concurrence. La consommation intérieure en 2012, selon le Creg est de 25/30 milliards de mètres cubes gazeux et avait extrapolé environ 50 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2017/2020. Mais ce montant a été calculé avant l'annonce des nouveaux projets consommateurs d'une grande quantité de pétrole et de gaz. Mais avec ce paradoxe, les ménages étant les plus importants consommateurs d'électricité que les entreprises montrant une désindustrialisation du pays, loin donc des normes internationales, posant la problématique des subventions généralisées et non ciblées. La consommation intérieure risque d'être fortement augmentée après les décisions courant 2012 d'installer d'importantes capacités d'électricité fonctionnant au gaz. En effet, suite aux coupures récurrentes d'électricité, il a été décidé de doubler la capacité d'électricité à partir des turbines de gaz. Sonelgaz dans son programme 2012/2017 vise à investir, avec l'appui du gouvernement pour lui permettre d'augmenter sa production de 8.000 Mégawatts supplémentaires, portant le total à 12.000 Mégawatts pour un montant de 36,55 milliards d'euros. Dès lors, avec cette augmentation de la consommation intérieure, du fait de la décision de ne pas modifier les prix intérieurs, il y a risque d'aller vers 70 milliards mètres cubes gazeux horizon 2017-2020 de consommation intérieure, dépassant le volume des exportations de 2012.Si l'on prend l'hypothèse d'exportation de 85 milliards mètres cubes gazeux et 70 milliards de mètres cubes gazeux de consommation intérieures, il faudrait produire dès 2017 entre 155 milliards de mètres cubes gazeux supposant d'importants investissements dans ce domaine, limitant le financement des secteurs hors hydrocarbures et donnant une durée de vie de 13 ans maximum soit horizon 2026, en cas de non découvertes de réserves rentables économiquement.
Question 3 : Sonatrach fait face à la concurrence internationale et notamment américaine (gaz et pétrole de schiste, ne va t- elle pas perdre des parts de marché ?
Il n'y pas que la concurrence américaine si elle devait se vérifier. Se pose tout le problème de savoir si face à la concurrence notamment russe, Sonatrach a une stratégie gazière devant prendre avec sérieux Gazprom principal conçurent de l'Algérie. Concertant le gaz conventionnel, il y aura lieu de tenir compte de la concurrence du Qatar, de la donne libyenne qui avec des réserves de 1500 milliards de mètres cubes gazeux non exploitées et des nouvelles découvertes en Afrique. La stratégie de Gazprom à travers le Nord Stream qui permet l'acheminement de gaz russe en Europe pour une capacité de 55 milliards de mètres cubes gazeux et le projet de South Stream, concurrent direct de l'Algérie, il doit alimenter en gaz russe l'Europe occidentale, notamment la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie, la Slovénie et l'Autriche, la Grèce et l'Italie, via la Mer Noire et les Balkans, d 'une capacité de 63 milliards de m3 de gaz, L'ensemble de ces projets remet en cause le projet algéro-italien Galsi dont le cout ramené aux capacités et à l'investissement par rapport au South Stream serait supérieur de près de 15% et posé le problème de sa rentabilité, devait relier directement l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux, pour un investissement entre 2,5 et 3 milliards de dollars initialement, mais dont le coût en mai 2013, approcherai actuellement 4 milliards de dollars alors que la mise en service était prévue pour 2014 Pour le cas américain, le recours massif à la fracturation hydraulique sans oublier la Chine dont les réserves de 25.OOO milliards de mètres cubes gazeux équivalentes à ceux es USA, mais étant confrontée à une pénurie d'eau, pourraient devenir le premier producteur mondial de pétrole ainsi que de gaz à la fin de la décennie, selon le directeur adjoint de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), encore qu'il faille vérifier concrètement ces prévisions que certains experts mettent en doute, invoquant les extrapolations hasardeuses de l'AIE des réserves en Mer Caspienne. Cet essor a fait chuter les cours du gaz naturel sur le marché américain, désormais inférieurs à 3/5 dollars par million de BTU contre 9-10 dollars en Europe et entre 12- 15 en Asie, où la catastrophe de Fukushima a fait bondir la demande japonaise en gaz. En fait, je ne pense pas que les compagnies américaines sont vendre à 3⁄4 dollar le MBTU. Il est dans l'intérêt de ces compagnies de s'aligner pour le gaz sur le prix européen quitte à baisser de quelques points afin de gagner des parts de marché. Pour le pétrole du fait de sa rareté, dans les années à venir si la production américaine est consistante, le baril devrait tourner autour de 90 dollars à prix constants. Donc le problème se pose pour le gaz dans la mesure où pour l'Algérie le prix de cession pour les canalisations doit être entre 10/11 dollars et 14/15 dollars pour le GNL. D'une manière générale cela pose un véritable problème pour l'Algérie qui fonctionne sur la base d'un cours de 110 dollars le baril où nous assistons à des distributions de traitements sans contreparties productives pour calmer transitoirement le front social. Par ailleurs, des enjeux stratégiques pour l'Algérie dont les recettes pétrole/gaz en provenance des USA, sont estimées fonction de l'évolution du cours des hydrocarbures entre 18 à 2O milliards de dollars soit 25-3O% des recettes de Sonatrach. Effectivement le problème qui e pose est ce que l'Algérie ne va-t-elle pas donc perdre des parts de marché avec l'arrivée de ce nouvel exportateur? D'autant plus que le cartel OPEP n'aura plus une influence déterminante, horizon 2020. En effet, la part de l'OPEP qui représente 3O% de la commercialisation de pétrole au niveau du marché mondial risque de diminuer et donc son influence, la Russie et les USA étant hors OPEP. Pour le gaz, n'existant pas de cartel, et donc de marché mondial (devant généraliser les GNL) , du fait de la segmentation avec la prédominance des canalisations, chaque producteur agira en fonction de ses intérêts immédiats.
Question 4 : Quel est le devenir de la coopération énergétique entre l'Algérie et l'Europe ?
Sonatrach a des canalisations qui alimentent via l'Europe à travers l'Italie par Transmed (capacité de 27 milliards de mètres cubes gazeux qui devait être portée à 34) et l'Espagne par Medgaz (8 milliards de mètres cubes) ayant une part de marché entre 13/15% derrière la Russie et la Norvège. Sonatrach a toujours été un acteur fiable dans l'approvisionnement. Mais n'oublions pas que dans la pratique des affaires, il n' y a que des intérêts et non des sentiments, devant aller vers une coopération juste qui ne pénalise ni les producteurs, ni les consommateurs, d'autant plus que l'investissement est très capitalistique et à maturation lente.. Concernant le GNL, dont les capacités prévues sont de 35 milliards de mètres cubes gazeux courant 2014, l'Algérie pourra-t-elle du fait des faibles capacités et de la déperdition de ses cadres, avoir été par le passé leader dans ce domaine, concurrencer le Qatar, l'Iran proche de l'Asie et les canalisations russes vers l'Asie , tenant compte du coût de transport devant contourner toute la corniche d'Afrique pour arriver en Asie , liant forcément son marché à l'Europe ? Et c'est là que rentre la concurrence et les décisions du Conseil européen qui vient d'approuver l'accord énergétique stratégique entre l'Algérie et les 27 pays de l'Union européenne le 15 avril 2O13 , accord qui sera ensuite ratifié par le parlement européen, et signé à Alger à l'occasion d'une visite du commissaire européen à l'Energie. Les négociations sur ce contrat interviennent donc dans un contexte particulier, marqué par des bouleversements profonds de la carte énergétique mondiale comme analysé précédemment et le nouveau mémorandum insistera sur la déconnexion des prix du gaz et du pétrole qui n'est plus en vigueur depuis au moins trois années et qu'adviendra-t-il des prix du gaz algérien aussitôt les contrats à moyen et long terme arrivés à expiration, l'Europe faisant pression pour une baisse des prix ? Rappelons que dans le cadre de la renégociation de contrats de gaz à long terme par le groupe italien Edison qui a été repris par le groupe français EDF, Sonatrach a perdu en mars 2013, une affaire d'arbitrage où le groupe italien a obtenu la révision à la baisse des prix d'un contrat de fourniture de gaz naturel et ce sur décision, rendue par la Cour d'arbitrage de la Chambre de commerce internationale avec un impact estimé à environ 300 millions d'euros (390 millions de dollars) sur l'Ebitda (excédent brut d'exploitation) du groupe Sonatrach en 2013.Et entre mai et juin 2013 , l'Italie, l'Espagne ont annoncé, invoquant la crise économiques( est ce l'unique raison ?) qu'ils ne pouvait importer la quantité prévue de gaz d'Algérie.
Question 5 : Quelles sont les actions du Ministère algérien de l'Energie face à cette transition énergétique ?
La transition énergétique renvoie à d'autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale. Il ne suffit pas de faire une loi car le déterminant c'est le socle social Cela pose la problématique d'un nouveau modèle de consommation énergétique influant d'ailleurs tant sur la recomposition du pouvoir économique mondial et que sur les gouvernances locales. Dans ce cadre le Ministère de l'énergie algérien privilégie le mix énergétique autour de quatre axes supposant d'ailleurs une révision des prix autour de la création de la chambre de péréquation pour ne pas pénaliser les couches défavorisées et les secteurs inducteurs.-Le premier axe l'Algérie a décidé d'investir massivement à l'amont pour de nouvelles découvertes avec un investissement de 71 milliards de dollars de dépenses prévues dans le secteur de l'énergie sur la période 2013. Le second axe est le développement des énergies renouvelables. Le montant de l'investissement public consacré par l'Algérie à la réalisation de son programme de développement des énergies renouvelables, à l'échéance 2030,qui était au départ fixé à 6O milliards de dollars s'élèvera, selon le Ministère de l'énergie, à 100 milliards de dollars environ 70 milliards d'euros pour 36.000 mégawatts. Encore que le problème pour l'Algérie, aura-t-elle les capacités d'absorption et la maitrise technologique pour éviter les surcouts et la maitrise du marché mondial. Ne sera-t-il pas préférable de réaliser ce projet grandiose dans le cadre de l'intégration du Maghreb, pont entre l'Europe et l'Afrique, marché naturel du Maghreb et de l'Europe, continent à enjeux multiples qui horizon 2O3O, tirera la croissance de l'économie mondiale? Le troisième axe, l'Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 Les réserves prouvées de l'Algérie en uranium avoisinent les 29.000 tonnes, de quoi faire fonctionner deux centrales nucléaires d'une capacité de 1.000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, selon les données du Ministère de l'Energie. Et enfin le quatrième axe est l'option du gaz de schiste introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures de 2013 réserves selon l'AIE de 6000 milliards de mètres cubes gazeux et entre 12.000 et 17.000 selon le Ministère de l'Energie. En Algérie, devant éviter des positions tranchées pour ou contre, un large débat national s'impose, car on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au Sud du pays. L'Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l'eau étant un enjeu stratégique au niveau méditerranéen et africain, doit être opéré un arbitrage pour la consommation d'eau douce, un milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d'eau. ( source - interview RFI- Paris France)


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