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Docteur Melica Ouennoughi à Sétif Info : l'histoire de la déportation algérienne en Nouvelle-Calédonie
Publié dans Sétif Info le 28 - 11 - 2008

r Melica Ouennoughi, l'invité de ce mois de novembre, répond aux questions des internautes à travers cet entretien réalisé par A. Nedjar pour Sétif Info.
- Bienvenue Docteur Melica Ouennoughi, présentez-vous tout d'abord aux lecteurs de Sétif. Info.
Je suis diplômée d'un doctorat attribué pour ce travail de recherche portant sur l'histoire des Algériens et Maghrébins de Nouvelle-Calédonie et ce travail vient tout naturellement contribuer au développement historique de notre pays l'Algérie sur les questions des migrations maghrébins du 19ème siècle autour des populations algériennes, du devoir de mémoire culturel social et historique, ainsi que des mouvements de résistance qui consolident le travail en cours de la construction historique de l'Algérie.
L'anthropologie Historique et archiviste, permet justement de répondre à ces questions anciennes des migrations et à ces mouvements de résistance que l'on retrouve fortement ancrés dans la culture de l'Algérien. Sa généalogie fait partie de son patrimoine culturel et nous avons pour cela des tas d'écrits (kitàb) et d'archives disponibles pour traiter ces questions historiques. La méthode initiée est basée sur les livres anciens tels que Ibn Khadoun, Ibn Rush, Ibn Sina et les nombreux ouvrages d'histoire du 11ème siècle provenant des chercheurs arabes.
Comment vous est venue l'idée de consacrer vos travaux de thèse de doctorat à la question des déportés algériens en Nouvelle Calédonie ?
Lorsque aucun travail scientifique n'a été entrepris jusqu'en 1998, il revient au chercheur d'ouvrir le dossier et de l'inscrire en fichier des thèses.
Mes travaux dans une région himalayenne région ont porté sur une culture ancienne du droit coutumier « panchayàt » (conseil des sages) dans une vallée à plus de 4000 mètres d'altitude, fort d'emprunts de l'ancien caravansérail, par l'étude de son itinéraire depuis le Rajasthan et en amont depuis l'ancienne Al Andalous. Tout au long de mon DEA, j'ai pu constituer un itinéraire sur ces traçabilités historiques inconnues jusqu'alors puisque les travaux avaient toujours été portés sur les Indes coloniales à l'arrivée des Anglais, seuls les chercheurs indiens travaillent sur les périodes plus anciennes les concernant notamment autour de la période de l'arrivée des seldjoukides par exemple avant l'empire anglais. Pour ma part, je n'ai pas hésité à pousser plus en amont mes recherches historiques et mes premiers travaux se sont développés entre le British Muséum et Library de Londres, lieu prestigieux pour les chercheurs, et les archives indiennes puisque j'avais appris la langue locale des ces montagnards afin de mieux cerner leurs discours et les transcrire. Ce qui fait que pour la première fois, je donnais des informations précieuses autour de cartographies anciennes provenant des sources arabes indiennes qui recoupaient fortement le terrain.
Tout naturellement l'histoire des Algériens de Nouvelle-Calédonie devait se développer à partir de l'anthropologie historique qui, par les faits étudiés de la transmission orale, permettent de remonter l'histoire au départ du 11è siècle et même avant, afin de repérer les lieux, les toponymies, les emprunts culturels, les anciennes routes caravansérail, des marqueurs culturels nécessaires pour construire l'Histoire de notre Pays et cette Histoire devait se développer à partir des textes anciens et contemporains.
L'anthropologie historique et archiviste condamnent de ce fait l'ethnologie coloniale. Mes travaux sont une voie de libération vers une construction de notre Histoire avec la matière disponible ancienne et le maintien contemporain. Alors que l'ethnologie coloniale classifie des groupes d'individus, les divisent et les isolent pour mieux les aliéner, nous l'avons vu dans la classification première coloniale avant la déportation, dont j'explique que la classification opérée par la colonisation française a été de définir trois catégories de gens au départ (pourtant imprégnés dans leurs actes communs liés aux contacts séculaires en Algérie) : les Kabyles, les Arabes et les Juifs.
Vous est –il possible de nous parler succinctement de la problématique à l'honneur dans votre ouvrage ?
L'ouvrage met en lumière pour la première fois le grand répertoire des mouvements de la déportation algérienne et maghrébine depuis les insurrections politiques des Ouled sidi Cheikh 1864, la grande insurrection de Hadj Mokrani et de Cheikh El Haddad 1871, l'extension insurrectionnelle de el Amri 1876, celle des Aurès de 1879, les insurrections des Ouled sidi Cheikh de 1881-1882 et celle du sud Tunisien de 1883. Ces insurrections sont fortement ralliés entre elles et pour preuve nous retrouvons dans les listes des déportés des hommes en provenance de l'ensemble algérien et c'est ce qui fait cette force de la résistance algérienne de dire que seuls les fondements et les archives, leur fouille et leurs résultats permettent de condamner toute forme de régionalisme issue du discours néo coloniale qui vise à diviser les populations, et tout compte fait à les posséder. Le travail de recherche scientifique a une fonction de donner les résultats scientifiques et fondés, il n'a pas une démarche lucrative ou une intention personnelle ou voir même engagée. J'ai toujours été fidèle à la recherche des contacts des peuples et des civilisations, ma démarche a été par cette connaissance du terrain, développer dans une méthode sans doute nouvelle aujourd'hui, de rendre l'histoire d'une peuple en fonction de sa respectabilité de ses valeurs anciennes, dignes et honorables que nous retrouvons diffusés et transférées dans des lieux culturels d'introduction historiques. A l'historien de rechercher de telles valeurs. Ce travail sur la Nouvelle-Calédonie permet de procéder à la recherche de traçabilité, pour ce faire, il fallait passer par ce pays, pour réaliser un fond d'archives en remontant aux sources historiques algériennes, maghrébines et arabes, et ce travail d'anthropologie historique et archiviste a été réalisé comme je l'ai toujours indiqué par la recherche en amont en remontant au 11è siècle et même avant.
Le résultat de votre travail propose à l'évidence, un éclairage nouveau sur cette problématique ou la résistance des algériens en Nouvelle Calédonie occupe une place de choix. Pensez-vous avoir épuisé le sujet ou, au contraire, ce n'est là que le prélude à d'autres recherches par d'autres universitaires.
Durant ces années et parce que j'ai mentionné dès le début, que cette recherche devait s'inscrire en collaboration avec la recherche algérienne, cela a permis de développer des passerelles entre l'Algérie (dont je rappelle qu'il est mon pays) et la Nouvelle-Calédonie (lieu de mes dix années de recherche et de mon détachement). Par cette fonction qui m'est donnée de réaliser de l'ouverture d'une Aire de Recherche Algérie-Maghreb-Méditerranée-Océanie, j'ai consolidé des partenariats sur le plan national calédonien (université et institutions) et sur le plan international (Aix en Provence par les Archives disponibles dans les lieux d'internements également des ports côtiers) et les pays d'Europe du Sud (Andalousie, Calabre, Corse, Malte, …) où le transfert de marqueurs culturels historiques observé en Nouvelle-Calédonie a été étudié en amont durant ces dix années, dans ces pays qui fort d'héritage d'une culture berbère introduite, dont les marqueurs culturels comme sources historiques et archivistes sont la résultante des fondements culturels et juridiques algériens puisés autour de l'ancienne djemââ et des principes anaïa, Ouzia, touiza. Ces conclusions ont été données dans mon ouvrage de publication algérienne, et feront l'objet d'une publication à paraître prochainement chez Casbah Editions. Elles seront éditées également dans la Revue Algérienne de l'Université de Droit du premier trimestre 2009, avec la participation du Dr Ammar Belhimer (Professeur et docteur en Droit), spécialiste du droit juridique algérien. Cette publication concrétise le travail de collaboration pour cette recherche.
Les conférences dans les Universités d'Alger (Ben Aknoun -Université de Droit) et (Bouzéréah – Sciences sociales et humaines) ont permis d'aboutir à la concrétisation du développement d'un programme interdisciplinaire novateur dans ce domaine avec les collaborations des université d'Algérie particulièrement concernées par l'histoire de la déportation algérienne en Nouvelle-Calédonie et à Cayenne qui se poursuit tout naturellement. Les conférences au mois de décembre seront réalisées pour rendre compte du travail entrepris durant ces années de recherche. Les ouvrages ont été diffusés dans l'ensemble algérien de manière à ce que ce travail soit une cause nationale.
A ce propos, je remercie Monsieur le Wali de Bordj Bou Arreridj pour son grand soutien, sa grande hospitalité et le rappel à cette mémoire algérienne, qui fait l'objet d'une cause historique à l'échelle nationale, je le remercie ainsi que toute son équipe, Monsieur Mohamed Ali, Chef du Cabinet pour avoir mis à disposition mon ouvrage scientifique avec la grande et honorable édition Casbah, auprès des villes d'Algérie qui prennent connaissance de sources d'archives.
Votre ouvrage est paru en France au moment de la réaffirmation par certains cercles politiques des thèses néo -coloniales sur les "bienfaits de la colonisation au Maghreb". Votre livre dont les travaux ont duré dix longues années ; est venu à point nommé pour situer la profondeur du drame des déportés algériens, contrarier ces thèses mais aussi de lever certains tabous .Quel est votre sentiment sur ces "bienfaits de la colonisation"
Les bienfaits de la colonisation ne font pas partie de mon travail,
Mes travaux abordent l'Histoire dans une voie nécessaire d'anthropologie Historique et Archiviste, si les Historiens analysent les travaux correctement et rendent des archives dans leur véracité, si les gens travaillent sur les archives et les sources anciennes, s'ils poussent leurs recherches sur les données disponibles du 11ème siècle par exemple, nous avons par exemple dans les archives coloniales des routes étudiées par les chargés de mission durant l'époque coloniale, mais que ces routes ne sont pas leurs sources, elles ont faits l'objet de recherche antérieure par Ibn Khaldoun par exemple,, ce ne sont pas des découvertes des archives coloniales, il est par conséquent intéressant de rechercher l'origine des ces emprunts, et pour l'historienne que je suis, de telles données dont on a des ouvrages précieux, il est une source d'archives très importante à explorer sur le plan de la recherche,
Les archives coloniales sont une précieuse mais il ne faut pas oublier comme le stipule à juste titre Kateb Kamel de l'INED, que des historiens comme Agéron et Noushi développèrent leurs travaux à des fins d'exploitation économique, ce spécialiste démographe à l' époque et étant donné que j'avais mentionné que dans le recensement de 1996 en Nouvelle-Calédonie, on ne trouve pas de traces d'Algériens, celui-ci lors de mon passage à l'INED en 1998, s'est manifesté du manque de données scientifiques sur les mouvements détaillés des déportés (leurs noms, leur filiation, leur métier d'origine, leur lieux de naissance et de résidence au moment des faits). Pour construire un travail de fonds, il fut donc nécessaire d'établir un répertoire numérique des mouvements et j'ai commencé par cette démarche. Les fonds indiquent très vite que les déportations des ouled sidi cheikh, composés d'hommes politiques, ceux là même ont été statués de droit communs) à des fins économiques pour construire la nouvelle colonie française d'outremer. Les convois collectifs de l'insurrection du Hadj Mokrani ont été statués de la dénomination politique avec les insurgés de Biskra fortement apparentés aux ouled Mokrane par la présence des familles réfugiés.
Quels furent les fondements de la résistance des ces déportés algeriens contre leur acculturation qui sont allés jusqu'à créer un bout d'Algérie la bas en Nouvelle Calédonie ?
Le dernier convoi des droits communs est très présent dans la région de Bourail.
Ces droits communs font partis du convoi de 1896 et la descendance a hérité de forts marqueurs culturels issus de l'ancienne djemâa en provenance du code coutumier et juridique initié par Hadj Mokrani dans cette résistance à la contre-acculturation.
Pour que soit transféré un tel code coutumier dans un espace kanak et calédonien, il y a eu des marqueurs précis qu'il a été nécessaire d'étudier sur le terrain, par l'observation des faits et des ritualisations coutumières mais pas seulement, la démarche d'anthropologie historique vise à étudier le contemporain ses actes et ses représentations coutumières par exemple ses symboles aussi, ses marqueurs et remonter à l'histoire des sources d'archives et en amont des ces sources aux sciences algériennes, berbères et arabes, pour reconstituer l'Histoire et le phénomène de causalité de tels marqueurs culturels dans cette forme de maintien d'une sauvegarde culturelle et historique de la résistance. Celle de la libération, de la liberté et de La solidarité par le système de la touiza.
Les concepts de la Djamaa, Anaïa (protection ou refuge), Touiza etc. sont très présents dans vos travaux. Vous avez été même jusqu'à surprendre votre auditoire à la conférence donnée à la Faculté de droit d'Alger en rapportant que les premiers mouvements associatifs naissants de 1886 en France étaient fortement imprégnés de l'ancienne djemaa. Ces mouvements avaient eux même généré la 1901 sur les associations. Qu'en est-il exactement ?
J'ai effectivement informé de l'intérêt de recherche sur le transfert culturel et social de fondements bien précis dans la naissance des premiers mouvements associatifs de 1886 sur la Place de Paris, par celui qui pour concrétiser ce grand projet, a puisé dans les fondements même de la djemââ. Maintenant on peut se poser la question de savoir comment cela s'est-il opéré ? Eh bien l'anthropologie historique et archiviste ont justement cette faculté d'apporter les sources de cette diffusion. Nous avons des documents sur les mouvements associatifs de 1886 où ma découverte et mes analyses ont été développés à partir des documents d'archives, mais pas seulement, mes analyses sont le résultat et j'insiste pour le dire, du terrain, qui observe que la formidable entente des déports politiques et des communards dans les territoires politiques où ils furent durant des années emprisonnés côte à côte (une sorte de prison dorée qui les amené à concrétiser le chemin de la libération), s'est traduite par un profond désir de liberté de reconduction d'une société tenant compte de son espace culturel et social et de sa résistance à la solidarité. Il faut pour cela rappeler comment la III è République à l'arrivée de Mac Mahon en Algérie s'est opérée. J'explique en effet, comment ce Républicain fut libérateur pour la France métropolitaine et en même temps à contre sens, un colonisateur pour l'Algérie. Ce colonisateur avait un objectif précis notamment dans cette extension au territoire civil colonial programmée, une expérience qui devait fonder des communautés et des villages de colons dans un esprit colonial. La dépossession des terres fut opérée avec une dépossession de la subjectivité algérienne, de son patrimoine culturel, sa déstructuration sociale et culturelle à la fois, ses fondements dont j'explique comment par exemple des systèmes d'irrigation ont été détournés alors qu'ils avaient une base culturelle et juridique faisant partie intégrante de l'ancienne djemâa. Le pouvoir colonial et son administration mettent en place de nouveaux bureaux et une nouvelle jurisprudence coloniale naissante. Pourtant le senatus consulte de 1863 indique bien une citoyenneté des Algériens à part entière et bien plus que cela, une reconnaissance de leurs statuts d'origine particulièrement en termes d'hommes de droit.
Dans votre livre vous consacrez une large place à la phoeniciculture ou la culture du palmier dont l'écosystème est de nature oasienne. La transposition et la culture du palmier dattier en Nouvelle Calédonie et notamment dans les vallées du Nessadiou, revêtent toute une symbolique .Que représentent le palmier dattier pour les déportés algériens et leur descendance d'aujourd'hui ?
Un dicton qui a fait naître cette reconnaissance au peuple kanak dans la mémoire qu'ils portent sur la venue des Algériens est actuellement emprunté comme symbole de cette découverte.
Lorsque je suis venue sur le territoire calédonien, pour rechercher les familles d'Algériens, je demandais aux vieux kanaks et ils m'ont dit : lorsque tu vois un dattier, c'est qu'il y a un vieil arabe qui est passé par là.
Ensuite cette phrase symbolique a fait le tour de l'Océanie et en Algérie par des journalistes pour donner un sens à cette subjectivité algérienne dans cet espace.
Rappelons que les premiers noyaux de dattes ont été lancés par les déportés eux-mêmes pour marquer leur appartenance à l'Islam et que ces dattes ont été donnés par les familles sachant que les convois et les déportations furent aussi marqués durant une période de Ramadan.
Des noyaux très symboliques comme marqueurs culturels qui ont marqué le début de la djemâa algérienne en Nouvelle-Calédonie par la présence d'un marqueur culturel fort, le saint patron sidi Moulay et le dattier, deux marqueurs deux fondements faisant partie des anciennes zaouïas.
On trouve le figuier et l'olivier comme symboles fort et mon prochain ouvrage à paraître mentionne ces grandes introductions de cultures végétales méditerranéenes.
Etant vous-même fille de Moudjahid, comment avez-vous réussi à contrer votre propre émotion devant la découverte de la douleur omniprésente des algériens déportés tout au long de vos recherches pour nous livrer ces grands travaux historiques sans jamais vous départir de la neutralité qui devait précisément vous caractériser
Les affres de la déportation et l'exil ont été marqués par le chant célèbre El Menfi, l'exilé et je crois que nous pouvons dire que cette chanson nous la devons à ces familles de déportés mais pas seulement à toutes ces grands-mères qui ont chanté leur tristesse lors de leurs séparations de leurs fils et je crois que cela reste gravé dans cette mémoire du chant omniprésent comme marqueur culturel qui forme cette union entre l'Algérie et la Calédonie. Ce chant est une grande tristesse mais il est aussi une grande résistance et pour l'historienne que je suis, je devais trouver d'autres marqueurs de cette résistance car en Algérie nous avons un riche patrimoine à préserver qui a été transféré en Océanie.
Ces travaux m'amènent à développer des travaux sur la Méditerranée et le pourtour méditerranéen dans ces maintient culturels forts qui sont l'Histoire de l'Algérie.
Mon appartenance à cette résistante vient du fait que mon père m'a donné deux principes d'enseignement : l'instruction et la cellule familiale comme préservation.
L'Histoire de l'Algérie amène à rompre avec toute émotion forte à toute aliénation sans oublier que les douleurs et les horreurs de la colonisation, ce qui est dit doit être écrit et dans cet écrit des affres de la déportation, je fus persuadée qu'il y avait une résistance et je l'ai trouvé dans des fondements culturels scientifiques bien précis et cette réappropriation de notre histoire doit tenir compte des fondements culturels Algériens à travers les espaces et les siècles.
Le devoir mémoire dans une société à fortes traditions orales, la réappropriation et l'écriture de notre histoire sont aux nombres de nos préoccupations majeures. Comment procéderiez vous pour fixer ou réaliser ces 'marqueurs historiques', pour vous emprunter un termes pour la réappropriation et l'écriture de notre histoire écriture.
Je serai en conférence durant le mois de décembre à la demande des Universités et j'annonce que nous avons établi et officialisé sur la place d'Alger les Universités d'Alger et les Universités d'Algérie, suite à ma venue, la création d'une Aire de recherche entre la Méditerranée et l'Océanie en collaboration avec la Nouvelle-Calédonie, le Laboratoire Erasme de l'Université Paris 8 et les partenaires internationaux.


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