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EL DJAZAÎR : De la Régence à l'Istiqlal
Publié dans Sétif Info le 28 - 05 - 2010

u commencement, El Djazaïr fut soumise à la domination phénicienne et à l'empire romain, puis celle plus brève des Vandales et des Byzantins. Okba ibn Nafi, venu de la péninsule arabique avec ses troupes a pu s'y installer. Les prédicateurs musulmans y établirent les écoles coraniques et les zaouïas. Venant d'Arabie d'où ils furent chassés, les Beni Hillal trouvèrent des populations islamisées et parlant en arabe. Plus tard, les corsaires turcs prirent Alger en 1515. Il en résulta la Régence, définie comme une sorte de protectorat, qui dura plus de trois siècles. A sa tête le Dey qui, investi par la Sublime Porte, commanda les janissaires et une administration bureaucratisée. Il était secondé par trois Beys qui s'établirent à Constantine, Médéa et Oran dont il semblerait que leur principale mission fut de percevoir des impôts sur la population. Cependant, malgré la Régence turque, le pouvoir était entre les mains des autorités locales d'alors : caïds et cheikhs ; ces autorités locales ont pris, au début du XIXème siècle, la tête du mouvement de révolte contre la fiscalité et les exactions du beylik. Les beys eurent du mal à maîtriser ce mouvement. Dey et beys finirent par partir lors de la pénétration coloniale française. Des populations métissées, que l'on retrouve également en Tunisie, portent le nom de Kouloughlis ou Kouroughlis que l'on transcrit également Koroghli et Keraghel.
Il semblerait que l'histoire de Koroghli soit un cycle d'épopées orales que l'on retrouve dans diverses régions du monde, des Balkans à l'Asie Centrale. Le héros central du cycle Koroghli est traduit par le fils de l'homme aveugle (le héros a été aveuglé après la mort de sa mère). Dans les versions de toutes ces régions, Koroghli réunit un groupe de guerriers autour de lui avec qui il effectua des exploits héroïques. Dans les versions des chanteurs turcs et azerbaïdjanais notamment, le héros est une sorte de hors-la-loi, de ménestrel, qui lutte contre le sultan. Dans les versions asiatiques Centrales (Turkmène, Ouzbeque, Kazakh), il est représenté comme une personnalité doté d'une grande puissance. Ce cycle épique est populaire non seulement parmi les gens qui s'expriment en turc, mais également parmi les Tadjiks parlant iranien. Dans les diverses traditions, l'épopée de Koroghli est une sorte de mixture de vers et de prose…
C'est ainsi qu'au fil du temps, plusieurs événements auraient interféré dans l'histoire du port de la mlaya (comme celle que porta ma mère toute sa vie) ; ainsi, on attribue le recours au port de la mlaya par les femmes de l'Est d'El Djazaïr à l'occupation du Beylik de l'Est par l'armée coloniale française et à la défaite de Hadj Ahmed Bey, dernier bey de Constantine. Celui-ci combattit l'armée coloniale française jusqu'à 1837, à partir de Constantine et de Annaba. Et jusqu'à 1849, il paraîtrait qu'il leur mena la vie dure, des Aurès aux portes du Sud. Et Hadj Ahmed Bey était, nous dit-on, un Koroghli. Proclamé pacha, il se considéra comme dey après la capitulation de Hussein Dey le 3 juillet 1830 ; il se choisit même un drapeau et frappa une monnaie. Il fut sans doute le dernier chef de guerre en sa qualité de résistant dans l'Est d'El Djazaïr à l'occupation française, l'imaginaire populaire collectif le confondant avec Salah Bey.
A Alger en revanche, Régence et ancienne ville pirate, il existait un cloisonnement entre les couches d'une population hiérarchisée selon l'origine ethnique qui conditionnait les activités dans la cité : Turcs, Kouloughlis, Maures, Kabyles, Arabes, Juifs, Chrétiens… Ainsi, « la caste des turcs domine sans conteste le pays. Les Kouloughlis sont des petits parents que l'on ménage ; les Maures, des sujets ; les Berbères et les Arabes des ennemis en puissance ; les juifs, des inférieurs que l'on méprise mais dont on ne peut se passer ; les chrétiens, des esclaves » (1).
Il semblerait également que des familles Kouloughlis algériennes se soient installées, après la prise d'Alger en 1830, à Tanger et Tétouan, d'où l'influence ottomane dans cette dernière ville dont est issu Chakib Arslane. De même, il paraîtrait que nombre de familles parmi les Djazaïris actuels soient des Kouloughlis, c'est-à-dire qu'ils sont d'origine turque même si elles ne portent pas directement le nom de kouloughli. Ces péripéties multiples et souvent douloureuses d'El Djazaïr contemporaine ne permirent pas à notre pays de s'affranchir de façon franche et résolue de la misère matérielle et intellectuelle, une fois l'Istiqlal conquis. Loin s'en faut hélas. A l'indépendance, années de misère alimentaire sur fond d'idéologie populiste et égalitariste gouvernementale. Et comment résister à cette irrépressible et vorace condition que la notre ? Malmenés sans ménagement par l'indigence, nos parents étaient désolés de ne pouvoir nous offrir que de minces espoirs. Aqra fut le maître mot. En toutes circonstances. Etudier. Le seul remède pour pallier les insuffisantes ressources de nos géniteurs. Faire preuve de persévérance. De discipline. De patience. Et répéter à l'envi je veux réussir. Leitmotiv intarissable. Ces années de misère alimentaire nous furent servies sur fond de discours idéologiques. Le socialisme qualifié de « spécifique », promu huitième merveille du monde, allait nous mettre sur la rampe de lancement de la justice sociale.
Enthousiasmés, nos parents éludèrent bien des interrogations. La plus visible d'entre toutes, l'occupation des belles demeures par une infime minorité avec pour seul argument un grade (d'aucuns, nous dit-on, l'avaient obtenu sous les drapeaux français et, semble t-il, parmi eux certains n'ont déserté l'armée française qu'en 1960-1961, soit à une année de l'indépendance). Et parmi eux, certains sont devenus des bourreaux de notre peuple comme nous le répètent maints auteurs. Il est vrai qu'un peuple analphabète, illettré et inculte était une proie des plus faciles. Des dirigeants médiocres à souhait, vils et mesquins n'arrivaient pas et ne souhaitaient pas endiguer cette déferlante cupidité. Hallucinante réalité dont les séquelles se mesurent encore à l'œil nu.
Quelle ignominie de la part de ces vaniteux dirigeants ! Et quels résultats quelques décennies plus tard ! Deux cent mille victimes d'une guerre civile pour le pouvoir, vingt cinq milliards de dollars de dégâts, cinq cent mille enfants traumatisés, deux cent soixante dix mille orphelins, six mille femmes violées, douze mille disparus. Et nombre de familles déplacées… Telles sont les conséquences des terrorismes. Triste bilan du libéralisme sauvage qui fit suite au socialisme affublé du sobriquet « spécifique ». Triste qualificatif. Voilà la réussite de nos dirigeants. Toujours imbus de leurs petites personnes. Jamais à cours de folie des grandeurs. Inamovibles momies au pouvoir. Incultes à souhait.
L'Algérie promue pays émergent ? Au siècle prochain peut être, me raillait l'ami Ameyar, mon aîné en conscience ; des pays sans grandes ressources naturelles et autrement plus accablés par la démographie réussirent. On comprend mieux pourquoi en revisitant leur passé. Ainsi, au XVIIIè siècle, la Chine et l'Inde, nous dit-on, produisaient à elles seules la moitié des richesses mondiales et les connaissances scientifiques y étaient plus développées qu'en Europe (et ont fait l'admiration d'un certain Voltaire). L'Inde actuelle, avec plus d'un milliard d'habitants est candidate à la puissance mondiale grâce à sa matière grise, nonobstant maintes difficultés économiques ; ainsi, il est vrai que trois cent millions de personnes y vivent avec un dollar par jour, avec près de la moitié de la population illettrée et une infrastructure insuffisante (dix fois moins d'autoroutes qu'en Chine). La Chine avec près d'un milliard et demi d'âmes est d'ores et déjà adoptée comme une puissance mondiale : nucléaire, marchés fabuleux et développement économique avec un taux de croissance parmi les plus élevés du monde... Souvent une croissance à deux chiffres.
Il est vrai aussi que ma mémoire ne saurait oublier l'or découvert dans les caves de la casbah d'Alger. Immenses trésors de la Régence d'Alger. Un butin chiffré à plusieurs centaines de millions de francs de l'époque. Le coup de l'éventail ? Foutaises et billevesées. Il s'agissait de « constituer les fonds secrets de Charles X pour corrompre et retourner le corps électoral ». Interrogeons-nous légitimement : « Où sont passées ces sommes colossales ? Louis-Philippe, la duchesse de Berry, des militaires, des banquiers et des industriels, comme les Seillière et les Schneider, ont profité de cette manne. Le développement de la sidérurgie française doit ainsi beaucoup à l'or d'Alger… » (2).
El Djazaïr recouvrera-t-elle courant de ce siècle la puissance qu'elle eût ?
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1/ Pierre Boyer : "La Vie quotidienne à Alger à la veille de l'intervention française ».
2/ Pierre Péan : "Main basse sur Alger ».
* (Le Quotidien d'Oran du 9 mai 2010)


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