Les fortes chutes de pluies diluviennes qui se sont abattues dimanche après-midi sur Tlemcen ont transformé les artères de la ville, les routes et les périphériques en véritables oueds en crues, occasionnant ainsi la paralysie de la circulation en certains points de la cité des Zianides. Les avaloirs et les réseaux d'évacuation des eaux pluviales se sont avérés défectueux, voire sous dimensionnés, pour drainer la rocade d'Imama surtout au niveau du nouveau pôle universitaire, le rond-point d'El-Koudia, la route menant à Sidi Saïd, Chetouane, Bab Sidi Boumédiène, Bab Wahran, Bouhanek, la route d'Oujlida et bien d'autres artères où de gros bouchons se conjuguaient avec les pannes de véhicules. Même les trémies, censées alléger le trafic, ont été fermées à la circulation car elles étaient inondées par les eaux à cause de leur mauvais système de drainage et du sous dimensionnement des canalisations. Une image de désolation s'offrait aux passants au niveau des trémies de Bab Wahran, Makhokh et même celle d'El-Koudia où les eaux ont inondé le rond-point. Au niveau de la double voie longeant le nouveau pôle universitaire, les eaux ont tout emporté sur leur passage et même les trottoirs, nouvellement posés, n'ont pas résisté à cette force de la nature. Tous les citoyens ont été unanimes sur le fait que ces fortes chutes de pluies ont mis à nu les travaux engagés dans la précipitation, l'insuffisance des avaloirs et la défaillance du système d'évacuation des eaux pluviales. Heureusement que ces chutes de pluies n'ont pas duré, car une heure a suffi pour transformer Tlemcen en cité lacustre. Dieu merci, aucun sinistre grave n'a été enregistré. Mais le fond du problème reste entièrement posé, car comparativement aux enveloppes englouties dans la réfection des réseaux d'assainissement et ceux d'évacuation des eaux pluviales, le résultat est bien loin des résultats espérés. Les travaux exécutés ont-ils été jugés conformes aux cahiers des charges et aux normes requises? Sinon, comment expliquer le fait qu'à chaque ondée les trémies se retrouvent inondées et fermées à la circulation? Même le nouveau parc d'attractions de Lalla Setti n'a pas été épargné, car le terrassement de ses surfaces a empêché l'eau de s'infiltrer et aucun système de drainage des eaux pluviales n'a été réalisé sur ce site considéré comme l'une des plus belles réalisations de la cité avec le Grand bassin. Une dizaine de kilomètres plus au nord, Hennaya a reçu également une généreuse part de l'ondée. Au niveau de la cité Larbi Ben M'hidi, plusieurs rues étaient envahies par les eaux en furie et certaines maisons se trouvant en contrebas ont même été inondées. Au quartier Khemisti, la situation était encore plus catastrophique dans la rue qui mène au nouveau CEM encore en construction. Cette voie ne pouvait être empruntée ni par les véhicules ni encore moins par les piétons. Les occupants de deux ou trois maisons inondées s'affairaient tant bien que mal à évacuer les eaux envahissantes. Située en aval, cette rue a toujours reçu les eaux pluviales dévalant des hauteurs. Une étude a bien été faite pour canaliser les eaux en amont et les dévier vers l'oued, mais rien de concret n'a été fait jusqu'à ce jour. Autant dire que les riverains vivent l'angoisse à chaque forte précipitation. Par ailleurs, les flots boueux qui se déplaçaient à grande vitesse le long de la pente sont allés submerger la RN22, au niveau du lieudit «Village Bentayeb», à quelque deux kilomètres du rond-point de Sidi Ahmed (Remchi). De nombreux automobilistes venant de Hennaya ou Tlemcen, surpris par la force du torrent, ont dû faire demi-tour pour éviter tout risque préjudiciable. Il fallait passer de l'autre côté de la voie et rouler en sens inverse pour pouvoir continuer son chemin. Un homme d'un certain âge, habitant au «village Bentayeb» tout proche, nous fera remarquer: «Jamais la route n'a été coupée en cet endroit et jamais je n'ai vu autant d'eau arriver de ces hauteurs. Heureusement qu'une partie de cette eau s'est dispersée dans les champs limitrophes, autrement la route aurait été coupée dans les deux sens». Il faut reconnaître que ce déversement torrentiel, constaté en milieu urbain ou sur la RN22, reliant Tlemcen à Remchi, a été facilité en grande partie par les défaillances du réseau d'évacuation des eaux pluviales. En conclusion, ce système d'évacuation des eaux exige un entretien périodique, à commencer par les avaloirs et le curage des égouts. N'a-t-on pas encore retenu la leçon des inondations de Bad El-Oued ou celles plus récentes de Ghardaïa? La prévention doit être de mise avant qu'une autre catastrophe ne survienne. Notons enfin la forte mobilisation des agents de la Protection civile qui n'ont ménagé aucun effort pour venir en aide aux automobilistes ou pour pomper les eaux des artères inondées de la ville.
