Les mesures contenues dans la loi des finances complémentaire ne cessent de susciter des réactions inquiètes aussi bien en Algérie qu'à partir de l'étranger. Alors que le directeur américain des affaires commercial, P. Burkhed, a déclaré à partir d'Alger que la LFC «a crée la confusion» et que les entreprises de son pays n'étaient pas «consultées», les responsables de la région de Marseille Provence Côte d'Azure s'apprêtent à venir se plaindre auprès du président de la République. En effet, une délégation officielle composée d'élus locaux et des membres du conseil régional du Provence Cote d'Azure (PACA) a décidé de porter les doléances des entreprises de la région à l'appréciation du président Bouteflika dans l'espoir d'obtenir un assouplissement des procédures. C'est là la dernière cartouche des autorités de Marseille et de toute la région PACA dont les opérateurs économiques ont tiré la sonnette d'alarmes depuis le mois d'août dernier. Et pour ce faire, du côté de Marseille, on compte sur le charisme du Maire, John-Claude Gaudin et son amitié personnelle avec le président Bouteflika pour faire fléchir l'administration des finances. En effet la délégation sera conduite par le Maire de la cité phocéenne et Michel Vauzelle, président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur ainsi que celui de la communauté urbaine. Elle devrait demander au président de la République de trouver une solution à «l'asphyxie» actuelle du port et des entreprises de Marseille. Ces personnalités entendent évoquer avec le gouvernement «son changement de politique économique et notamment le frein donné aux importations» précise un communiqué du conseil régional (CAPA). A Marseille, les entreprises portuaires craignent en effet un impact sur leurs activités, d'où cet activisme en direction des autorités algériennes. Cette démarche a clairement reçu l'appui des hautes autorités françaises qui alternent voies diplomatiques et actions parallèles des autorités locales. En effet, la secrétaire d'Etat françaises au commerce, Anne-Marie Idrac, a donné lundi son soutien pour ce déplacement à Alger de la délégation. Invitée à une réunion avec les entreprises à la chambre du commerce et de l'industrie Marseille Provence (CCIM-P), Anne-Marie Idrac a annoncé qu'elle apportait son soutien aux élus locaux qui ont prévu de se rendre à Alger dans les jours à venir, tout en se défendant de porter «un jugement sur la politique économique du gouvernement algérien». La ministre de Sarkozy a déclaré que la démarche permet de «démultiplier ce qui se fait au niveau diplomatique». La délégation devrait demander au président de la République de faire en sorte que la nouvelle réglementation qui «pénalise durement» le port de Marseille, soit «plus souple» dans les modalités d'application. Il faut rappeler les dispositions de la loi des finances complémentaire adoptée en juillet dernier destinées a freiner les importations, de 5% en 2009 pour rééquilibrer la balance commerciale, ont fait des vagues outre méditerranée. Les PME de la région PACA sont surtout affectées par la mesure instituant le crédit documentaire comme seule technique de paiement et interdisent l'importation de matériels et des biens d'équipement d'occasion. Or, le port de Marseille est le troisième partenaire commercial de l'Algérie. Les échanges ont atteint 8,7 MT en 2008, soit 9% du trafic total du port et 35 à 40 % des tonnages des bassins Est. «C'est la première fois qu'on voit un pays mettre un embargo sur du matériel d'occasion», s'étonne Christian Jacques Vernazza, président de l'entreprise de levage Mediaco qui réalise 4% de son chiffre d'affaires en Algérie, cité par une confrère de Marseille. Et en attendant les résultats de l'entretien entre le président Bouteflika et la délégation, Anne Marie Idrac propose aux professionnels une solution intermédiaire qui serait «pragmatique et concrète». Il s'agirait d'un partenariat portuaire avec Alger. La ministre a promis également que «D'autres propositions techniques seront affinées dans les prochains jours». C'est la première fois qu'une loi des finances suscite autant de commentaires, de craintes voire de levées de bouclier à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Il reste à savoir si les plaintes des marseillais et des américains seront prises en considération.