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Frantz Fanon et les périls post-coloniaux : paroles d'intellectuels
Publié dans Algérie Presse Service le 05 - 07 - 2012

L'Afrique a la forme d'un revolver dont la gâchette se trouve au Congo". Cette citation de Frantz Fanon, vieille de plus de 50 ans, sonne comme une prophétie au vu de la déstabilisation et de la violence qui secoue ce pays d'Afrique depuis plus d'une décennie.
Regorgeant de richesses naturelles objet de toutes les convoitises, le Congo (RDC actuellement) semble être frappé par cette "fatalité", à l'instar de bien d'autres pays africains tout aussi riches ou situés sur la route de régions recelant des matières premières précieuses pour l'économie des puissances, à l'exemple du Mali actuellement.
Comment les élites africaines doivent-elles s'organiser pour tenter de sensibiliser les populations du continent face à ces nouveaux périls ? Réponse, dans des déclarations à l'APS, d'intellectuels africains, réunis ces jours-ci à Alger autour des principaux thèmes qui font la pensée de l'auteur de "Les Damnés de la terre", ouvrage de référence s'il en est :
- Sami Tchak (Ecrivain, Togo) : "Lorsqu'on replace cette citation de Fanon dans le contexte actuel, on se rend compte que la signification est encore plus tragique aujourd'hui lorsqu'on sait ce que le bassin du Congo est devenu. Il n'y a pas que les convoitises, il y aussi ces luttes de pouvoir qui ont engendré des tragédies (...) Le drame qui se joue là-bas (Congo) a des répercussions sur tout le continent. J'aurais même voulu détourner la citation de Frantz Fanon pour dire que si l'Afrique était un revolver et le bassin du Congo sa gâchette, il aurait mieux valu appuyer sur la gâchette pour tuer un ennemi. Mais le problème est que le bassin du Congo implose et ce sont ses propres enfants qui sont tués.
Les élites qui sont au pouvoir et qui ont conduit ces pays dans le gouffre, ont-elles la possibilité de s'unir pour faire autre chose ? J'ai bien peur que non, dans la mesure où même dans le chaos, ces élites (africaines) ont les moyens de préserver leurs intérêts et même parfois de les améliorer (...). Ces intérêts sont si bien préservés que le chaos semble mêm les arranger".
- Mireille Fanon Mendès-France (fille de Frantz Fanon et présidente de la fondation F. Fanon, France) : "A la conférence de Bandung de 1955 il y avait une volonté d'éradiquer la pauvreté et de combattre le racisme, d'instaurer l'égalité entre les Etats, l'égalité des droits etc.
Les indépendances ont été arrachées mais il n'y a pas de véritable politique de construction post-indépendance. Pour beaucoup de pays, il a été question de coller à un modèle ou de se laisser imposer un modèle des anciens colonisateurs alors que le continent africain a quelque chose à dire au monde.
Les élites politiques en sont particulièrement responsables alors que ce sont les peuples qui le paient. C'est peut-être ce que Fanon voulait dire. (...) Il serait temps que l'Afrique dise que c'est un continent avec des Etats, des nations et des peuples, qui ne veulent plus se laisser imposer le diktat des dominants".
- Helmy Shaaraoui (Anthropologue, Egypte) : "La situation est aujourd'hui plus dangereuse qu'à l'époque où Frantz Fanon écrivait cette phrase, parce que les multinationales sont en grande concurrence là-bas, pour détruire les mouvements nationaux et révolutionnaires. Aujourd'hui, l'intérêt des multinationales s'est déplacé du centre de l'Afrique vers des régions comme le Darfour, pour le pétrole soudanais jusqu'à l'Afrique de l'Ouest.
Le projet américain vise aujourd'hui le Sahel (...) Cette région d'Afrique regorge de fer, d'uranium, de phosphate et, bien sûr, de pétrole. Les Américains sont inquiets pour la zone du Golfe à cause des luttes, de l'Iran et de la proximité avec la Chine. Alors, ils veulent dominer cette zone (le Sahel). Ce qui s'est passé en Libye fait partie de ce projet de domination (...) Au milieu du chaos, s'élèvent des voix moyenâgeuses comme le mouvement salafiste Boko-Haram au Nigéria et Ansar Eddine à Tombouctou (Nord du Mali). Le plus grand danger de ces évènements, c'est la disparition de l'esprit nationaliste de résistance. Je n'ai jamais entendu des salafistes avoir des revendications nationalistes, ce qui est très étrange (...).
Les problèmes ne sont pourtant pas insolubles mais il nous faut nous unir. Nous ne voulons pas combattre avec des armes, mais trouver de nouvelles formes de résistance. Et je crois que cela passe par la solidarité afro-asiatique et sud-Américaine. Il existe encore dans ces continents des Etats qui ne souffrent pas de pauvreté, à l'exemple de l'Algérie et du Venezuela. (...) Il faut trouver de nouvelles formes de solidarité".
- Tierno Monénémbo (Ecrivain, Guinée) : "Au-delà de l'image, le sens de cette phrase (de Fanon) est que les conditions politiques et sociales son telles, les contradictions avec les pays du Nord si flagrantes, que l'Afrique sera un jour obligée de devenir un revolver, c'est à dire de devenir la source véritable des luttes de libération et d'émancipation des pays du Tier-monde. Le Congo dont parle Fanon est certainement celui de Patrice Lumumba. La situation n'a pas vraiment évolué depuis que Fanon a écrit cette phrase, la majorité des problèmes n'a pas varié.
Je suis convaincu que les luttes vont se généraliser, et pas seulement les luttes économiques et politiques vis-à-vis de l'Occident mais aussi les luttes contre les pouvoirs locaux pour la création de plus grands espaces de liberté et de pensée. En d'autres termes, se libérer de la pensée unique que des pouvoirs dictatoriaux nous ont fait subir depuis les indépendances. C'est un processus dynamique qui se fera dans le temps et au fil des générations. Les illusions que ma génération a eues dans les années 1960 seront les rêves des prochaines générations".


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