La mémoire de l'Archiduc d'Autriche, Louis Salvator de Habsbourg et son séjour à Bejaia, il y a 115 ans, jour pour jour, ont été évoqués mercredi dans cette ville au cours d'une rencontre qui a rassemblé d'éminents universitaires d'Algérie, d'Espagne de France et d'Autriche, en présence de l'ambassadrice d'Autriche à Alger, Aloisia Worgetter. En exploration en méditerranée, l'enfant de l'empereur Léopold II, a dû accidentellement accosté au pied de la montagne de Yemma Gouraya, à cause d'une avarie de son bateau. Mais, fasciné autant par les paysages, l'accueil des habitants, que par les curiosités scientifiques et historiques, l'Archiduc, qui ne devait faire qu'une escale technique, s'est installé pour un long séjour (trois mois) de détente et de découverte, à l'issue duquel, il a livré l'une des plus belle œuvre sur Bejaia, au titre évocateur "Bougie la perle de l'Afrique du nord". C'est pour "revisiter" ce séjour et examiner la portée de cette œuvre, que cette manifestation a été décidée. En fait, ce séjour, si riche, fait l'objet d'un intérêt particulier mais récent, qui remonte seulement à une dizaine d'année, coïncidant avec la découverte de cette oeuvre, écrite en Allemand, jamais traduite jusqu'alors, et qui de surcroît a connu une diffusion très restreinte. Selon Yves Bodeur, Professeur de Géologie à l'université de Nantes et un natif de la ville de Bejaia, c'est le prince lui-même qui s'est chargée de sa diffusion en donnant des exemplaires uniques à ses amis et autres proches, rendant ainsi difficile son repérage. Et concours de circonstance, c'est le chaudronnier, qui s'est chargé de la réparation de son bateau, qui en a livré copie aux chercheurs, qui à leur tour, se sont évertués, en 1999, à la traduire en français et à la publier. Le livre, en lui-même est un condensé de poésie, de description des lieux, de commentaires multiples, alliant histoire, géographie, architecture, et sociologie, le tout illustré par des gravures et des peintures uniques. "L'œuvre contient des détails uniques qui ont échappé à l'observation de tous les auteurs qui ont écrit sur Bejaia", se réjouit le professeur Aissani, président de l'association Géhimab, spécialisée en recherches historiographiques qui souligne que l'ouvrage, constitue un "témoignage irremplaçable de ce qu'avait été Bejaia et sa région à la fin du 19eme siècle". Par-delà l'œuvre, le séjour du prince, continue de susciter également une multitude de curiosité. Son passage à Bejaia, est-il du seulement, à l'avarie de son bateau ? Pas si sûr, ont répondu quelques membres de l'association espagnole, "Les amis de l'Archiduc", qui n'écartent pas l'éventualité de son influence par les écrits antérieurs (13eme siècle) du sociologue, Raymond Lulle, dont l'Archiduc, a acheté sa maison médiévale à Palma de Majorque (Espagne). D'aucuns ont également soulevé son passage à Ténès et Médéa antérieurement, ponctué par une visite de Sissi l'impératrice dans ses deux régions, mais qui restent encore méconnus. L'impératrice aurait été influencée par les descriptions du prince qui étaient non seulement un de ses proches parents, mais un de ses meilleurs amis. Les deux personnages, ayant cette réputation de ne pas être des férus de la vie de château et de ses protocoles. Les premières conférences données à l'occasion de cette séance inaugurale ont été riches en révélations, et promettent déjà de captiver de plus en plus un large public, ostensiblement passionné.