La croissance économique des pays en développement est "sans précédent" de par sa rapidité et son ampleur durant ces 20 dernières années, reconfigurant le système international dans son ensemble, a affirmé le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Dans son rapport intitulé "L'émergence du Sud : progrès humain dans un monde de diversité", publié jeudi, cette organisation de l'ONU a observé que cette donne a arraché des millions de gens de la pauvreté et que jamais les conditions de vie et les perspectives de tant de personnes n'ont évolué "de manière aussi rapide et spectaculaire". Le rapport souligne que ce changement est marqué par un rééquilibrage global plus important que celui observé pendant la Révolution industrielle, le Sud émergeant comme la principale force motrice de la croissance économique mondial et du changement sociétal pour la première fois depuis des siècles. "La Révolution industrielle est une histoire qui concernait peut-être une centaine de millions de personnes, mais celle qui s'écrit aujourd'hui en touche des milliards"‘, assure Khalid Malik, le principal auteur du rapport Selon le PNUD, d'ici à 2020, la production combinée de la Chine, de l'Inde et du Brésil dépassera celle du groupe formé par les Etats-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Italie et le Canada. Toutefois, l'émergence du Sud va bien au-delà de ces trois pays-poids lourds, alors que plus de 40 pays en développement ont su faire preuve, au cours de la même période, d'un élan plus important que prévu, ajoute-t-il. Le rapport attribue plusieurs de ces changements à des "stratégies nationales intelligentes" qui ont permis aux nations du Sud de prendre part à une économie mondialisée tout en mettant l'accent sur des programmes de protection sociale pour les plus vulnérables. "La croissance économique à elle seule n'est pas automatiquement garante de développement humain", a souligné l'administrateur du PNUD, Mme Clark. Les pays du Sud "ne se contentent pas de prendre leur part de gâteau dans le commerce international, mais améliorent aussi les services de santé et éducatifs, à l'appui de leur croissance, à l'opposé des mesures d'austérité privilégiées par de nombreux pays développés, qui amputent les programmes sociaux au nom de la crise économique", selon elle. Ces politiques ont permis à la classe moyenne du Sud de s'épanouir et, d'ici à 2030, le rapport prévoit que 80% des classes moyennes mondiales résideront dans les pays en développement et représenteront 70% des dépenses totales liées à la consommation. Les revenus plus importants et la démocratisation des technologies ont, selon M. Malik, permis l'émergence d'une classe moyenne mieux informée et aux attentes politiques et sociales plus importantes. "La relation entre les Etats et leurs citoyens évolue", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse. Il a prévenu que, si les Etats n'accordent pas l'attention qu'elles méritent à ces aspirations, des troubles sociaux sont à prévoir, comme ce fut le cas en 2011 dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. "Les troubles observés dans plusieurs pays arabes rappellent opportunément que les populations, et les jeunes en particulier, mieux instruits et en meilleure santé que les générations précédentes, accordent beaucoup d'importance à des emplois de qualité et au fait de pouvoir s'exprimer sur les sujets qui les concernent et d'être traités avec respect", souligne le rapport.