La majorité des députés qui débattaient le rapport sur les évolutions économiques et monétaires du pays ont exprimé leur inquiétude face à la baisse des ressources de l'Etat, l'expansion du marché informel et la dépréciation de la monnaie nationale, craignant une forte érosion du pouvoir d'achat des citoyens à court terme. La note de conjoncture économique et financière de l'Algérie pour 2014 et les neuf premiers mois de 2015 a été présentée mardi par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci devant l'Assemblée populaire nationale (APN). Au moment où les ressources du Trésor reculaient de plus de 40% durant les neufs premiers mois de 2015 par rapport à la même période de 2014 "l'évasion fiscale s'évalue à 9.400 milliards de DA", s'est indigné Djelloul Djoudi du PT (Parti des travailleurs) lors d'une séance plénière présidée par M. Larbi Ould Khelifa président de l'APN pour débattre ce rapport. "Il faut combattre cette évasion fiscale par tous les moyens", a-t-il recommandé en appelant le gouvernement, d'autre part, à éviter le recours à l'endettement extérieur pour ne pas "tomber de nouveau dans un ajustement structurel tel qu'à connu le pays durant les années 1990''. De son côté, Lakhdar Ben Khellaf, député du FJD (Front pour la justice et le développement), a appelé à "l'ouverture de bureaux de change en Algérie et absorber les 3.700 milliards de DA de fonds circulant hors circuit bancaire". Il a suggéré, à l'instar de beaucoup d'autres intervenants, l'introduction de produits bancaires "licites" (conformes à la Charia), en s'interrogeant, par ailleurs, sur les motifs ayant poussé l'Exécutif à "changer d'avis concernant l'endettement extérieur, considéré tabou depuis de longues années". "Je crains des répercussions désastreuses de la dépréciation du dinar sur l'économie nationale et sur le pouvoir d'achat des citoyens", à lâché, de son côté, Mansour Abdelaziz, député indépendant. Rappelant la baisse jamais égalée que connaît la monnaie nationale actuellement, cotée officiellement à 124 DA/euro et à 110DA/dollar pour la semaine en cours, il a exprimé ses craintes de voir "l'inflation et l'érosion du pouvoir d'achat, du fait de cette dépréciation, compromettre l'emprunt obligataire national" que compte lancer l'Etat en avril prochain. "Si le dinar continuera sa baisse, les gens vont bouder l'emprunt pour placer leur argent dans des valeurs refuges", a-t-il averti. Ilias Saadi du FLN (Front de libération nationale) a surtout insisté sur la transparence de la gestion des réserves de changes du pays notamment dans la conjoncture financière actuelle en se demandant "pourquoi on ne rend pas publiques les réserves en or ?". La lutte contre la déperdition des ressources publiques et du gaspillage dans toutes ses formes, l'amélioration des rendements des crédits bancaires, la diversification des exportations et le renforcement de la coordination entre la Banque d'Algérie et le gouvernement ont constitué les autres principales propositions des députés, dont les critiques semblaient plus sévères que d'habitude. Les débats autour des évolutions économiques et monétaires du pays se poursuivront jusqu'à mercredi avant que M. Laksaci ne réponde, le même jour, aux députés.