Les Etats-Unis doivent intégrer un nouveau discours faisant référence au droit des Sahraouis à l'autodétermination, indique International Crisis Group (ICG) dans un récent rapport, relevant qu'une telle initiative diplomatique suffirait à ouvrir la voie à la résolution du conflit au Sahara Occidental. "Plus d'un an après la reprise des hostilités au Sahara occidental, les efforts internationaux pour ramener le Maroc et le Front Polisario à la table des négociations ont été vains", constate l'ONG engagée dans la résolution et la prévention des conflits dans ce rapport intitulé "Relancer les négociations sur le Sahara occidental". Pour sortir de l'ornière diplomatique, "le nouvel envoyé spécial des Nations unies (Staffan de Mistura) devrait encourager la désescalade rapide et proposer des mesures de renforcement de la confiance qui permettraient un retour à la table des négociations", soutient Crisis Group. L'émissaire onusien, avec le soutien des Etats-Unis au Conseil de sécurité, "devra convaincre le Maroc et le Front Polisario de suspendre leurs activités militaires et persuader Rabat de mettre fin aux mauvais traitements des militants des droits humains et de l'indépendance au Sahara occidental", préconise l'ONG. Et les Etats-Unis "devraient l'accompagner par des démarches diplomatiques qui accéléreraient les efforts de conclusion d'un accord (...) Washington devrait aussi intégrer un nouveau discours faisant référence au droit des Sahraouis à l'autodétermination. Une telle initiative diplomatique pourrait suffire à ouvrir la voie à de nouveaux efforts de résolution du conflit", vieux de 46 ans, estime Crisis Group. Le Rapport note que le président Joe Biden "ne souhaite pas clarifier sa position" sur la décision de Trump de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental qui, en fait "va à l'encontre de la politique des Etats-Unis". Sous-estimer le conflit au Sahara Occidental serait une erreur Par ailleurs, l'ONG met le désintérêt diplomatique à l'égard du conflit au Sahara occidental qui "risque de pousser les deux camps vers l'escalade militaire. Et les tensions pourraient également s'étendre au reste de l'Afrique du Nord et au-delà". Pour l'organisation, sous-estimer le conflit au Sahara occidental "serait une erreur". "Les tensions diplomatiques entre le Maroc et ses partenaires européens et le risque d'une escalade militaire entre le Front Polisario et le Royaume marocain illustrent bien que les acteurs étrangers ne devraient pas minimiser les répercussions de ce conflit", souligne Crisis Group dans le rapport. Tandis que les puissances étrangères se demandent encore comment agir, "le Maroc a changé d'attitude pour adopter une position intraitable sur le conflit". Ces derniers mois, le Royaume s'est retrouvé au cœur d'une série de crises diplomatiques avec l'Allemagne, l'Espagne et l'Algérie, relève encore Crisis Group. "Le Royaume s'est opposé à plusieurs gouvernements africains critiques à son égard et refuse de négocier directement avec l'Union africaine (UA)", déplore l'organisation. Aux yeux de Crisis Group, les puissances étrangères peuvent apporter leur aide. "A la lumière d'un verdict de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) datant de septembre 2021, qui qualifie l'intégration du Sahara occidental dans l'accord commercial de 2012 entre le Maroc et l'Union européenne d'illégale, Bruxelles devrait revoir sa politique et retirer les produits et la pêche provenant du Sahara occidental de l'accord avec Rabat plutôt que de tenter de contourner ce verdict", affirme ICG. De leurs côtés, "les Etats-Unis et l'Union européenne devraient envisager la création d'un fonds international de développement pour le Sahara occidental qui ne pourrait être employé que si les deux camps concluent un accord de paix", recommande Crisis Group.