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Réformes politiques : promesse et urgence
Publié dans Batna Info le 29 - 04 - 2011


par El Yazid Dib
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Bouteflika a parlé de vive voix. La voix était rauque. Le ton n'est plus celui d'un autre temps. Les décibels étant lourdement faibles que l'orateur paraissait lourdement affaibli. Oublions la forme, restons dans le fond. Creusons-y.
Tardivement certes, mais il l‘a fait, son discours. L'on dirait que le président de la République avait décortiqué le délire de votre serviteur lorsqu'il cogita son papier * sous une sous-rubrique prévenant que « Chez nous, si la décantation immédiate n'est pas dans le départ de Bouteflika, nullement d'ailleurs suscité, le changement de régime, la rupture de la continuité et le remodelage radical du pouvoir politique est à exécuter aussitôt. Rapidement. Il est grandement salutaire pour la nation que le Président arrive paisiblement à l'échéance de son mandat. Il ne peut, sans ça, donner l'occasion à ces millions de jeunes de lui réserver un sort funeste, lui qui a marqué aléatoirement les annales de la postérité nationale.
Urgence en la demeure
L'histoire saura consigner, durant ce qui lui reste comme temps, s'il allait ou non sauver son peuple de ce marasme généralisé, de cette traître immobilisation gouvernementale. Pour ce faire, l'urgence après les promesses est celle de passer aux décisions. Non pas celles régulant les prix, suspendant le retrait de permis, ajournant la destruction de l'habitat précaire ou créant virtuellement du travail, mais celles qui ont un rapport direct avec la vie politique du pays. Le temps imparti d'ici la prochaine présidentielle (avril 2014) est largement suffisant pour mener à bien des actions d'envergure démocratique. Un agenda précis est à élaborer pour être respecté et suivi de près par la rue, les jeunes et les autres. Agréer les partis bannis jusqu'à présent, les associer à la révision des lois fondamentales (constitution, loi électorale, codes de la wilaya et commune), nomination d'un gouvernement apolitique et non partisan, sans fil à la patte ni bornes présidentielles ou sous spectre de forces occultes, élections législatives anticipées. Le Président n'a pas à le faire par des annonces successives et réparties dans le temps, croyant ainsi gagner du temps. Le peuple sait attendre. D'un seul coup, il peut regagner la confiance ébréchée, due à l'exercice d'un pouvoir inefficace et éloigné des aspirations populaires. Ainsi, ce que l'on appellerait « l'agenda des actions politiques d'appui à la démocratie » sera souscrit et corroboré, loin des icônes conspuées du pouvoir (UGTA, autres unions, partillons, société civile), mais par l'ensemble des acteurs politiques réels, personnalités, intellectuels et représentation légitime. Il peut faire, cet agenda concordataire, l'objet d'une annonce globale et solennelle. Sans chantage ni péril, ni menace ou encore de pression, la nation, le Président, les partis, le citoyen auront toute la latitude, une fois ainsi réhabilités, de montrer aux autres que l'Algérie est bel et bien un cas unique et encore spécifique. L'Algérie, faudrait-il le dire sans langue de bois ou d'ébène, n'a de leçon à recevoir de personne.
Ceci était dit, voire écrit le 10 février en prévision de la peur qui paraissait s'installer à la veille de la première marche citoyenne annoncée pour le 12 février. Le pays, suite au tremblement politique survenu en Tunisie et en cours de survenance en Egypte, se trouvait tout à fait prêt à une implosion. Ceci se justifiait aussi par le mutisme et l'inertie du pouvoir à dire quelque chose.
Maintenant que le premier magistrat rompt le silence assourdissant dans lequel il s'est confiné pendant que le pays ramasse petit à petit les ingrédients aptes à faire, de plusieurs révoltes sectorielles, une révolution nationale, il vient, comme obligé, à faire des réformes. Un approfondissement du paysage démocratique.
Ailleurs, l'on considère que la démocratie est un dénominateur commun à toutes les formations civiles ou politiques, mais l'on oublie vite chez nous, lors d'un éventuel affrontement civil ou politique, qu'il devait être interdit de maudire l'autre s'il n'arrive pas à partager, dans sa diversité, l'opinion dissemblable que l'on tente d'imposer au lieu d'opposer. Cette démocratie, car prise du mauvais côté, commence à causer par ailleurs de sérieuses dérives. En son nom, il est fait abstraction des libertés et des droits consignés dans la case des proscrits pour atteinte aux fondements du système. En son nom encore, il est fait abstraction de toute expression manifestée à l'égard d'un non-dit ou d'un déni de droit.
Système, régime et démocratie
Tellement le système de gestion des affaires publiques s'est réinitialisé, en faisant de la sourde oreille une tacite réponse aux différentes manœuvres tendant à son renversement, ce système avait pu résister par-devant tous les obstacles. Si une ou deux journées d'émeutes ont pu, en ce 5 octobre 1988, procéder au changement radical de l'essence même du système politique (multipartisme, mandat présidentiel..), le régime continue d'exister tel qu'il fut conçu à l'origine. Les trois années de la grande émeute en Kabylie ou ailleurs, celles d'aujourd'hui, les sit-in, les immolations, les grèves, la Tunisie, l'Egypte, le Yémen, la Syrie n'ont pas pu en effet oser entraîner le moindre recul dans la trajectoire que s'est tracée ce régime. Une fois la façade du pays parée d'une législation à connotation démocratique à opposer aux tiers du monde, textes fondamentaux à l'appui, le reste n'est qu'une affaire de souveraineté nationale. Certes, les reformes annoncées par le Président constituent un pas important dans cet approfondissement démocratique, tant il était impossible d'imaginer que le pouvoir sous un tel régime allait se déjuger. La constitution était aléatoirement bien agencée, si ce ne fut cette entorse qui lui fut greffée en novembre 2008.
Une action exige un échéancier
Sur un autre plan, il ne peut se concevoir un plan d'action sans pour autant le faire assortir d'un échéancier clair, net et précis. Le Président a décidé pour dire qu'il va mener des réformes. Quand ? Nous n'en saurons rien. La révision de la constitution égyptienne aurait été faite en dix jours pour être soumise à référendum populaire dans un délai de moins d'un mois. Cela va prendre le temps nécessaire pour savoir l'écho venant de l'Est.
Kadhafi et Saleh tomberont ou pas ? Si oui, l'urgence d'amorcer cette batterie de mesures serait pressante. Sinon, l'on réfléchit à la composante, le lieu, les moyens et on verra. Un calendrier étudié doit accompagner comme garant ces changements. Ce qui permettra, sous la forme d'un engagement solennel, le suivi de son exécution par toutes les forces politiques et citoyennes et également celles éprises de liberté.
Qui va piloter ces chantiers réformateurs ?
Dans ce discours, beaucoup de choses n'ont pas été dites. Qui va mener le pilotage de ce chantier réformateur ? Le gouvernement actuel est, de l'avis unanime, une équipe dessoudée et qui doit partir. Tous ces ministres ont trop duré. Ils emplissent quotidiennement le dégout citoyen. Ils ne sont là que pour faire du surplace. Liés, amarrés, ligotés à un dur système, ils ont la tête prisonnière, d'où l'on ne peut penser par exemple que c'est Ould Abbas qui va proposer, pour ensuite jubiler, le mandat présidentiel à quatre ans sans reconduction. Lui qui, pour signifier le troisième mandat, arborait trois doigts au lieu de deux en signe de victoire. Le V est remplacé par un W. Ni les autres d'ailleurs.
Visages usés, ternis, consommés, seule la voie de la foi et de la repentance dans une retraite dorée, loin des zooms et des plasmas, fera d'eux, jusqu'à trépas, des oubliés, des rescapés et des… il était une fois. L'heure est à la jeunesse. Facebook et Bluetooth obligent.
Peut-on penser avoir un président jeune, en jean et tee-shirt colorié, mettant du gel sur ses mèches ébouriffées ? Ou un ministre digitalisant, lors du Conseil des ministres, son portable en ayant une oreillette collée à son pavillon ? Tout est possible. Pourquoi pas !
Donc une situation de fait s'impose. Le changement de gouvernement doit avoir lieu incessamment, avant même la désignation des « experts » et personnalités chargés de prendre la délicate mission de réviser la constitution. Ils ne doivent, ceux-ci, obéir qu'aux règles universelles établies à travers le monde en faveur de l'humanité et de la démocratie.
Le petit hic, selon l'oraison présidentielle, c'est qu'ils doivent lui remettre la mouture pour y jeter un regard. C'est lui qui s'auto-décidera de son mode d'adoption. Référendum ou vote parlementaire. Le premier est tout indiqué, eu égard au fait que cette assemblée ne pèse pas trop sur la réalité populaire et sociale. Elle aurait été une des décisions du discours du 16 avril portant l'annonce de sa dissolution.
Le parti, un décor démocratique ?
Quant aux partis, ils restent divisés. On reste sous une envie irrésistible de voir comment Belkhadem, l'initiateur, le révisionniste constitutionnel, va se contredire pour, cette fois, militer en faveur de la limitation des mandats. Il argumentait, avant novembre 2008, qu'il est impensable de vouloir rétrécir le choix du peuple et, partant, comprimer ses préférences. Pour lui, cette limitation est antidémocratique.
Au FLN comme au RND, on trouve toujours les issues de secours. Les autres, chacun y va du dos de sa cuillère. Louisa, ayant une dent de rage envers l'Assemblée, réclame vertement sa dissolution, mais n'appelle pas à une constituante. Les autres, chavirant entre raison d'Etat et survie du parti, font le brouhaha, parfois constructif, parfois de façade. C'est pour ces raisons que l'amendement de la loi sur les partis doit connaître une profonde mue. Seuls les partis viables, actifs et réactifs devraient avoir, dans une représentation à évaluer, leur raison d'être.
Le dispositif législatif ainsi à projeter devrait encadrer à la norme universelle en usage tous les contours du fonctionnement d'une organisation politique de son fondement aux pratiques politiques jusqu'à la sève de son idéologie génésiaque. Le parti ne sera qu'une représentation d'un idéal et non un décor démocratique.
Liberté d'expression, délit d'opinion, une sournoiserie
Voilà ce que disait le président de la République à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la presse et de la liberté d'expression, le samedi 2 mai 2009 : «J'ai pris l'engagement dans mon programme électoral, présenté au peuple algérien et à la famille de la presse, de procéder à une révision de la loi sur l'information qui doit effectivement être adaptée aux nouvelles donnes, à la lumière des expériences vécues par l'Algérie, de manière à conforter la liberté de la presse selon des critères professionnels et la logique du marché, mais aussi pour répondre au besoin exprimé par la société d'une presse qui lui garantisse le droit de savoir et de communiquer”.
Depuis cette autre promesse de campagne électorale, la sphère des libertés d'expression est au même niveau. Aucune décision d'apaisement ni intention d'ouverture.
Le délit d'opinion n'aurait pas cours, si l'ego présidentiel alors ne se sentait pas fragile sous le coup d'un billet, d'une chronique ou d'une brève. En fait, ce n'est qu'un retour à la situation régnant avant l'an 2000. Oui, l'on peut valablement se targuer de n'avoir aucun prisonnier politique ou d'opinion. Pour la simple raison que le chef d'inculpation n'a jamais été domicilié à une telle enseigne. Benchicou n'a pas purgé judiciairement ses deux dures années pour son pamphlet. Mordicus, il les a subies juridiquement, a-t-on jugé, pour une affaire de change et de finances extérieures. Ainsi le régime, à peine de nette rupture, arrivera à survivre à toutes les reformes quand il ne les suscite pas. La sournoiserie subsistera derrière toute reforme. Celle d'octobre a été bel et bien avortée. Un internaute, dans une tentative de description du régime, a affirmé qu'il s'agit « d'un groupe de fonctionnaires d'Etat qui, de par leur position apolitique, n'ont aucun compte politique à rendre. Ni aux citoyens, ni à aucune autre entité politique quelle qu'elle soit. Une situation spécifiquement algérienne où le pouvoir élu est subordonné à un pouvoir non élu ».
Ceci est édifiant à plus d'un titre. Quand un maire reste tributaire du goût d'un wali sans flair pour le choix des fleurs à offrir aux délégations étrangères, ceci devient démoniaque. Si l'on observe un jour un Aït Ahmed, un Djamel Benchenouf ou un Zaïtout et autres Algériens en exil, s'inscrivant dans l'opposition, parler et agir sur les plateaux de l'ENTV, sans qu'ils ne soient inquiétés en fin d'émission, là ce serait une preuve tangible de cette mythique liberté d'expression. A-t-on vu un opposant français, allemand, américain… agir à partir du Cameroun ou de Nicosie ?
Le mérite national qui attend Bouteflika si…
Il est un enfant du pays. Il a donné toute sa jeunesse pour le combat libérateur. En revanche, l'Algérie, à l'instar de tous ses enfants, a un immense droit sur cet homme. Il devait beaucoup à ce pays qui l'a tant honoré, gratifié. L'Algérie lui a beaucoup donné. Gloire, aura et prestige. Il était le plus jeune ministre. Il a côtoyé les grands monuments humains du monde contemporain. Son nom retentit encore dans les plus prestigieuses instances internationales. L'Algérie a fait de Bouteflika, Bouteflika, pour l'avoir fait monter au plus haut de la magistrature suprême. Trois mandats : il aura battu tous les records nationaux. N'est-ce pas assez en valeur d'honorification en ces temps où la durée au pouvoir n'est qu'une inconvenance ? En retour, il est de son devoir de lui rendre les plus belles monnaies en termes de renforcement des capacités à pouvoir se démocratiser davantage et encore et encore. Il rendra ainsi, en allant avec courage vers une profonde métamorphose du système en bannissant à jamais les commodités pernicieuses du régime qu'il laisse se pratiquer, un indescriptible service à la nation et à l'Histoire. Il a la possibilité, maintenant que les circonstances le recommandent, de faire du pays un vrai et sans ambages, terre de démocratie, d'égalité et de justice. La postérité gardera ainsi de lui un homme généreux, une personnalité immensément politique. Un grand faiseur de république.
* Voir Le Quotidien d'Oran du 10 février 2011. «L'Algérie a déjà payé, et chèrement ! ». (L'agenda des actions politiques d'appui à la démocratie).


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