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Bonnes feuilles du roman d'Adlène Meddi : La Prière du maure-vivant
Publié dans El Watan le 20 - 08 - 2008

Présentation de l'éditeur : Alger, les années 2000, l'hiver. Un jeune homme disparaît. « Pour régler une dette », Djo, commissaire à la retraite — forte tête, solitaire — reprend du service, réactive ses réseaux et se lance à sa recherche. Mais très vite les pistes se brouillent et l'enquête devient une inquiétante course contre la mort où tous les fantômes d'une époque que l'on croyait révolue ressurgissent. Empruntant au polar certains de ses codes, Adlène Meddi alterne sécheresse de style, dialogues percutants et échappées poétiques et met en scène des personnages pris au piège d'une ville glauque et fantasmagorique, sur fond de terrorisme, de complot politique, d'illusions perdues et d'amour impossible.
Par le flanc gauche, Djo pénétra dans le bâtiment blanc, virginalement repeint par l'autorité qui n'avait pas apprécié la trace picturale noirâtre laissée par un véhicule kamikaze, qui avait explosé là quelques années auparavant. Le policier derrière le comptoir de réception discutait avec une pulpeuse collègue. A regret, le jeune préposé à l'accueil se détourna du minois exagérément maquillé autre erreur de goût pictural, mais dans ce cas, l'autorité semblait impuissante et piqua ses yeux sur la peinture antique qui se dressa devant lui, en chair et en vieil imperméable. — Oui ?! — Je voudrais voir le commissaire Zine. — Ton nom ? — Djoudet Malakout. — Ah oui. Il t'a laissé un message. Rejoins-le au « Cyclope ». — Merci. Ramassant ses os travaillés par l'humidité algéroise et la nuit universelle, Djo retraversa la large bande noire qui se voulait une artère, monta à travers la rue Charras et déboucha sur l'extrémité de la rue Didouche Mourad à portée de regard de la néomauresque Grande Poste. Le salon de thé « Le Cyclope », incrusté au bas d'un immeuble incertain et croulant sous le poids du lourd siècle, restait ouvert jusqu'à des heures impossibles. Les rescapés des folles cuites des bars environnants venaient s'échouer là, sur les bords d'une tasse de café. Zine fit jaillir son bras d'entre ces Ulysses imbibés de Dahra national et de whiskys délocalisés. Ce n'était que le début de la soirée pourtant. Et déjà la nuit rejetait par vagues ses naufragés sur les rivages du comptoir en zinc. Soleil artificiel brun. Cumulus de fumée et brouhaha. Visages se décomposant sur des océans de miroirs. Fond nasillard de musique chaâbie annonçant la chute des amants et des sultans. — Excuse, Djo. Je ne pouvais pas te recevoir au boulot. Les agents des RG et des services sont sur les nerfs au Central. D'ailleurs, on ne peut même pas aller pisser sans être soupçonné de vouloir noyer le palais de la Présidence. Le jeune à qui j'ai laissé le message est un gars sûr. C'est moi qui l'ai encadré durant son stage à la criminelle. Tu prends quoi ? — Un café. Un clin d'œil, un geste lancé par-dessus des hectares accidentés de soûlographie, le serveur saisit la commande. — Qu'est-ce qui se passe ? (...) La rue était vide. Même les chats et les étoiles avaient déserté le quartier. Djo respira un bon coup, il était terrassé par la fatigue. Heureusement, il n'habitait qu'au premier étage. Du moins, au premier étage de l'autre côté du bâtiment, c'est-à-dire à l'entresol de ce côté-ci, face à l'école des Beaux-Arts. Alger était ainsi faite : bâtardise architecturale dénivelée jusqu'à l'éternel écroulement dans la baie. Comme par enchantement, Djo se retrouva au pied de son lit. Espace horizontal salutaire coupant cette vertigineuse verticalité qu'était la ville. Ame horizontale, ville diagonale : aux feux de croisement, il rêve. Le sang descend à pied, frais comme un soir. Le rêve descend à pied au port récolter les morts. Mieux vaut tard qu'ailleurs semblait répéter Alger, qui s'était arrangée pour le séparer de ses amis — assassinés ou emportés par la maladie et la vieillesse — et de sa famille, orphelin, veuf, brouillé avec son unique fils qui, ingénieur en informatique, gérait un cybercafé à Oran. Rien n'avait été laissé au hasard. La ville lui avait même proposé un pont non loin de son appartement, le pont des suicidés du Télemly, surplombant une rue crevassée et bruyante pendant la journée. Mais la municipalité avait élevé un haut grillage au-dessus de cette rambarde qui invitait au vide. Les Algérois y voyaient, plutôt qu'une mesure de prévention contre le désespoir actif, un encouragement technique : « C'est pour donner plus de hauteur aux candidats au saut sans élastique. » (...) Cette nuit encore, il savait qu'il rêverait de cela. Que la ville, construite ou découverte par hasard en pente sur un rocher qui avait oublié ses pieds dans la mer, prêterait son flanc à l'aveugle frappe balistique. Se vengeait-il de la ville ainsi ? La question lui paraissait bien futile lorsqu'il mettait en perspective serrée les cauchemars, son enquête, le pathétique tremblement de H'lima, et les yeux blancs de minuit de Zine. Cette nuit-là, après que l'univers se fut dissipé autour de lui, laissant place à l'enivrante obscurité, il fit un autre cauchemar. La suite peut-être.(...)
In La Prière du maure, roman d'Adlène Meddi paru aux éditions Barzakh(2008) 160 pages - 400 DA


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