Fleuron de l'industrie locale, l'unité de peinture de Souk Ahras (UPSA) affiche des résultats satisfaisants pour l'année écoulée et promet, par le biais de son staff administratif, de meilleures performances pour l'année 2008. Avec un chiffre d'affaires de 2,2 milliards de dinars, son aisance matérielle n'est pas à prouver. Mieux, l'entreprise assume pleinement son rôle de partenaire social et de régulateur économique. Souk Ahras : De notre correspondant Les augmentations de salaires sont estimées à 27% pour l'année en cours et l'acquisition de moyens de protection des travailleurs s'inscrit dans ce cadre. L'amélioration qualitative de ses produits, notamment depuis le lancement, en exclusivité à Souk Ahras de la peinture décorative, a fait l'objet d'une reconnaissance de son label de la part d'experts français et a permis d'engranger des recettes importantes. Pour la seule exportation vers la Tunisie, 10 millions de dinars ont été encaissés pendant l'exercice de l'année écoulée par l'entreprise. Se fixant pour autre objectif l'implication dans sa vie sociopolitique de la wilaya, l'entreprise assure plus de 335 postes dans le cadre du pré-emploi, 30 manutentionnaires contractuels sont recrutés périodiquement pour une durée de 3 mois. L'emploi des apprentis par le biais du CFPA fait également partie des mœurs de l'équipe dirigeante de l'entreprise qui accorde une importance capitale à la formation. Celle-ci coûte à l'entreprise la bagatelle de 2 MDA. « L'unité adhère à la protection de l'environnement » Son talon d'Achille, c'est la pollution. Dahmani Mustapha Kamel, directeur de l'unité, en parlera sans gêne en ces termes : « Toute transformation industrielle est génératrice de déchets, y compris notre entreprise, sauf que dans notre cas, la situation est fort maîtrisable puisque nous sommes engagés depuis des années dans un programme d'élimination des déchets toxiques, conformément aux normes universelles. Nous ne pouvons, cependant, avancer un degré zéro de pollution. Un taux qui n'existe ni à Souk Ahras ni ailleurs, c'est-à-dire les pays disposant de moyens sophistiqués dans le domaine de la protection de l'environnement. » Lors de la quatrième session de l'APW de l'année 2005, le président de la commission de l'aménagement urbain a surtout critiqué l'implantation de l'usine au milieu de plusieurs agglomérations et émis ensuite le vœu de renforcer les moyens de lutte contre la pollution provoquée par les émanations toxiques. Nous lisons ceci dans le rapport établi par la même commission : « Nous maintenons nos préoccupations quant à la nécessité d'imposer des analyses des émanations des gaz en provenance de l'incinérateur de l'UPSA. » La réponse à ces préoccupations a été apportée par une expertise réalisée par une entreprise spécialisée qui a effectué une visite à l'UPSA, l'expert Insurance and Consulting Agency, implantée à Alger. Nous lisons en conclusion dans son rapport détaillé, où se trouvent énumérées les démarches entreprises par les responsables de l'unité dans le domaine : « Nous pouvons souligner que l'unité de Souk Ahras adhère amplement à la protection de l'environnement et fait des efforts dans ce sens. » L'usine, telle que présentée sur les documents techniques regroupe trois unités de production. Un atelier de fabrication des résines, un autre pour la fabrication des peintures blanches et un troisième pour la production des peintures de couleur. La production des résines à base d'acrylate est, selon un expert local, à l'origine des odeurs confirmant l'existence irréfutable des émanations toxiques dans l'atmosphère immédiate de l'entreprise. L'exposition prolongée à l'air libre de ces résines ou déchets provoque, à long terme, des allergies et des maladies respiratoires. La situation devient plus compliquée quand le matériel utilisé pour l'épuration est défectueux. L'utilisation des solvants (surtout aromatiques) toutes formules confondues ainsi que les alcools, dont le buthanol qui comporte un degré élevé de toxicité, porte atteinte à l'atmosphère immédiate de l'usine. Pour ce faire, des incinérateurs sont théoriquement le meilleur moyen pour éliminer le risque des émanations toxiques. Or, les fumées dégagées par l'incinérateur sont d'une grande toxicité parce que contenant toujours des oxydes azotés (NOX) et les métaux lourds à l'exemple le plomb. Des filtres spéciaux onéreux, mais efficaces doivent exister pour atténuer, un tant soit peu, la pollution atmosphérique. La condensation à ciel ouvert, avec l'incinération des déchets solides, est insuffisante parce que ne pouvant atteindre les 1000°, tel que recommandé par les experts. « Nous sommes pour la délocalisation de l'entreprise » Conscients de ce phénomène, les responsables ont, depuis des années, pris des dispositions dans ce sens. Mieux, le directeur de l'usine, M.K. Dahmani, préconise la délocalisation de l'entreprise comme solution, précisant dans ce sens : « L'UPSA, autrefois distante des quartiers résidentiels, est aujourd'hui après l'extension effrénée qu'a connue le tissu urbain entourée d'agglomérations. Pis, le mur d'un établissement scolaire est contigu au nôtre. Nous sommes pour la délocalisation de l'entreprise même si nous maîtrisons le volet de l'environnement. » Et d'ajouter : « Nous avons également sollicité les anciens responsables locaux pour l'achat d'un terrain à l'extérieur de la ville devant servir de décharge industrielle. Nous attendons toujours la réponse. » Considérée par les participants à la journée d'étude sur les risques des huiles askarel et de l'amiante, organisée le 19 mars 2008, comme une entreprise modèle dans la prévention des dangers des équipements électriques fonctionnant à base d'askarel, l'UPSA tente de relever un autre défi dans le domaine de la protection de l'environnement. Des entreprises publiques et privées de Annaba et d'Alger, où le problème de la pollution est posé avec acuité, « s'inspirent de l'expérience de Souk Ahras », pour répéter l'expression d'un cadre de l'unité.
