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Jean sénac, une espérance foudroyée
Journal d'une vie
Publié dans El Watan le 23 - 12 - 2004

En septembre 1983, les éditions du Haut Quartier à Pezenas, lieu de retraite de l'ancien éditeur algérois, Edmont Charlot publiait le Journal, Alger janvier-juillet 1954, suivi Des leçons d'Edgard du poète Jean Sénac.
Cet ouvrage de 116 pages se compose de deux parties. Une première, qui sera présentée ici, est consacrée au journal de janvier à juillet 1954. La seconde partie est consacrée à un ensemble poétique intitulé Les leçons d'Edgard. Le journal retrace la vie de Jean Sénac à travers ses pérégrinations, un Sènac noctambule qui se couche à l'aube et qui commence ses lectures et ses rédactions vers 3 h. On apprendra aussi certaines habitudes du poète : la lecture du Figaro littéraire ou de La Table ronde et surtout l'aveu de la difficulté de tenir un journal. Du reste, ce journal ne sera pas achevé parce que l'exigence de sincérité est trop forte et la conscience d'une possible postérité dont le désir taraude l'esprit du poète, l'empêche paradoxalement d'aller au fond des choses : « Je suis fait pour un plus grand spectacle, pour une durée qui ira au-delà de ma présence physique. »
La méthode du poète
Le poète nous fait part également de ses espérances et de ses angoisses des attentes. Il parle également de ses préoccupations par rapport à la peinture, du genre qu'il affectionne et de ses humeurs concernant ses amitiés avec Camus. Sénac nous fait part aussi de ses émotions devant des tableaux de peinture : Vu Moulin Rouge - Lautrec. Touchant- Nostalgie. Le cinéma ne laisse pas le poète insensible, qui plus est, quand il s'agit de voir un film sur le Prophète et son combat Zouhour El Islam. Sa méthode de travail fort laborieuse est difficile : le devoir de vérité, le discours propre, la discipline de description qui consiste nous précise Sénac à : « Noter dans chaque être, chaque lieu, ce qu'il a d'unique, d'irremplaçable, ce qui le distingue à tout jamais de ce qu'il est, a été ou sera. » Le 8 février 1954, on apprend que Sénac a fini un poème qu'il envoie à Aragon pour publication dans Lettres françaises. Il s'agit de Matinales pour mon peuple. Sa poésie, Sénac la qualifie de « poésie d'attente ». Il nous confie qu'il a vingt sept ans en 1954, l'âge où Jean Racine écrivit Andromaque. C'est pour lui un insupportable sentiment d'échec personnel. Il désespère de prendre conscience de ce retard qui débouchera sur des résolutions de s'améliorer et de travailler davantage afin d'éviter la médiocrité (sic). C'est de cette époque aussi que date sa conviction que l'Algérie sera indépendante. Il livre ce pressentiment après avoir vu le film Viva Zapata sur la révolution mexicaine. Au petit matin non précisé de février 1954, Sénac opère une reconversion aussi brusque que totale dans son écriture poétique. Il abandonnera, depuis lors, la poésie ténébreuse nocturne pour une poésie de solarité, de revendication de vie, d'aspiration épique. Le 28, il rencontre son ami M. Feraoun avec qui il discute du rôle de l'écrivain algérien dans sa société. « Sa mission de témoin lucide et sa place au premier rang des pionniers de la patrie. Je suis heureux de voir combien Feraoun rejoint Dib, Kateb et moi-même sur ce point. » La préoccupation quant à la libération de la Patrie obnubile Sénac : « Mais la politique algérienne, les drames de ma jeune patrie sont le pivot de ma vie quotidienne... Le rôle de l'écrivain dans la patrie et les luttes pour la liberté m'occupent autant que l'amour. » Revenant sur la poésie qui l'habite, Sénac exige pour elle d'« inventer un langage » qui se caractérisera par le fait qu'il faille à chaque mot lui trouver son sens ou surtout son « point de combustion ».
butin de guerre
Le poète au moment difficile découvre que le plus préjudiciable pour l'être c'est « l'insincérité » qui est le propre « des médiocres » (sic.). Ce sentiment s'aggrave quand il découvre Artaud dont il lit les poèmes. A minuit du 17 mai 1954, Sénac se découvre une mutilation : « Je ne sais pas l'arabe. Pour un intellectuel algérien, le scandale, c'est cela ». Mais cela ne l'empêchera pas de continuer le combat avec la langue française, le butin de guerre. Mais si pour Sénac la langue de Racine et d'Artaud doit rester sur la terre du soleil, les Européens doivent choisir : « L'orgueil, l'aveuglement des Européens d'ici est insensé. Il n'y a rien à attendre d'eux, rien. Il faut les placer devant le fait établi et leur donner à choisir : l'Algérie ou le départ. » Mais les autochtones non plus n'échappent pas à l'observateur généreux et tendu vers une Algérie de la fraternité et de liberté. Attentif à la vie politique algérienne dont il s'inquiète à juste titre très souvent, il note : « Je ne me fais pas d'illusions sur les partis politiques réellement algériens (arabes), sur leur esprit de revanche et leur racisme propre, mais je crois qu'il faudra lutter avec eux, dans le chaos, pour que puisse naître un jour la justice, la vérité de ce pays. »
Sénac Jean Journal, Alger janvier-juillet 1954. Le Haut Quartier, Pezenas, 1984, 116 pages


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