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La montée en cote
Marche de l'art. Les peintres algériens en lice
Publié dans El Watan le 13 - 11 - 2008

Dans toute l'histoire de la peinture algérienne, aucune œuvre d'un artiste contemporain n'avait atteint un tel niveau d'acquisition. L'événement s'est produit il y a moins de deux semaines, lors d'une vente aux enchères à Dubaï de la fameuse maison Christie's qui, avec sa concurrente Sotheby's, est le plus grand « auctioneer » mondial des transactions d'œuvres d'art.
Au cours de la séance, une peinture à l'acrylique sur toile de Rachid Koraïchi, La passion avec croix, âme et bagages/ Triangle bigame » (format 200 x 150 cm), réalisée par l'artiste entre 1985 et 1986, a été acquise pour la somme de 312 920 euros. Une performance remarquable au regard de l'art algérien qui, jusque là, peinait à se placer sur le marché de l'art. Depuis plusieurs années, Rachid Koraïchi est inscrit sur les tablettes des maisons de courtage d'art avec des cotes variant selon la nature des œuvres et l'évolution des enchères. Au fil des ans, sa cote n'a pas cessé de progresser comme peuvent en attester quelques unes de ses ventes. En 2004, sa sculpture en résine, Lion, avait été achetée pour 21 000 euros, à Lyon justement. En 2007, une de ses peintures acryliques sans titre avait été vendue à Londres pour 13 640 euros par Sotheby's dans un lot consacré à l'art contemporain arabe et iranien. En avril de cette année, toujours à Dubaï, un de ses dessins-aquarelle, sans titre également, avait atteint 32.035 euros dans une enchère de Christie's. Entre temps, ses œuvres avaient connu quelques revers, comme le 18 octobre dernier, où deux d'entre elles mises en vente à Londres par Phillips de Pury & Compagny, n'avaient pas trouvé preneur.
Cet échec est désormais bien oublié avec la vente de Dubaï, qui lui fait aborder le pré-carré des artistes mondiaux les plus cotés. Ce nouveau positionnement concerne également d'autres artistes algériens puisque l'on signale la vente, le 30 octobre également, au Jumeirah Emirates Towers Hotel, de deux créations algériennes. Ainsi, une toile de Mahdjoub Ben Bella, dont nous parlions dans ces colonnes la semaine dernière, et intitulée Totem a été adjugée à 40 000 dollars. De même, une œuvre du grand artiste algérien Abdallah Belanteur, intitulée Des pots et des bouteilles a été acquise pour la somme de 116 500 dollars. Une reconnaissance méritée pour l'un des doyens de l'art contemporain algérien, né en 1931 à Mostaganem et entré à l'Ecole des beaux-arts d'Oran en 1946. Ce compagnon de Mohamed Khadda qui vit et travaille à Paris depuis 1953, n'avait à notre connaissance jamais atteint un tel niveau de vente, en dépit de sa notoriété et de la qualité de ses créations. Cette performance est d'autant plus remarquable qu'au cours de la même vente aux enchères, où figuraient des œuvres d'artistes émérites du Moyen-Orient, d'Iran et de Turquie, une œuvre de l'Américain Andy Wahrol, père du pop-art, s'est trouvée acquise pour la somme « modique » de 56 250 dollars. Conclure de là qu'un « Belanteur » vaut deux « Wahrol » serait pure fantaisie. D'abord, les œuvres d'un même artiste diffèrent par la qualité artistique, l'originalité, le format, les techniques de réalisation, la rareté, etc. Ensuite, les niveaux de vente sur le marché de l'art ne sont pas parallèles aux cotations des artistes. Il est certain cependant que, plus les œuvres d'un artiste sont vendues à des sommes élevées, et de manière régulière, plus la cotation de ce dernier progresse auprès des courtiers et des collectionneurs privés et institutionnels (musées, fondations, etc.). Il convient de signaler aussi que ce ne sont pas toujours les artistes qui mettent en vente leurs œuvres lors des enchères et, s'ils gagnent de meilleures positions de leurs signatures, celles-ci ne correspondent donc pas forcément à un gain pécuniaire.
Les trois artistes que nous avons cités sont cotés depuis plusieurs années sur le marché mondial de l'art. A ce trio, on peut ajouter Baya Mahieddine dont la cote depuis son décès en 1998 n'a pas cessé de grimper. Il faut rappeler que sa première exposition en 1947 à la Galerie Maëght de Paris, alors qu'elle n'avait que seize ans, l'avait déjà propulsée sous les projecteurs internationaux. En avril de cette année, une vente chez Sotheby's à Londres, a vu une de ses gouaches adjugée à environ 18 000 euros. Parmi les pionniers de l'art moderne algérien, Bouzid, Khadda et Mesli bénéficient aussi de cotations internationales, mais leurs ventes jusque-là ne se sont pas élevées à des niveaux aussi importants. Il est remarquable et même terrible qu'un autre pionnier et pas des moindres, à savoir M'hamed Issiakhem, n'apparaisse pas dans ces cotations internationales. Cette absence n'est pas significative de la qualité de ses œuvres mais relève d'autres facteurs. Pour figurer sur les cotations du marché de l'art, une inscription est nécessaire. C'est le rôle notamment des galeries d'art et, en Algérie, à l'exception de la galerie Isma, qui avait, durant plusieurs années, inscrit ses artistes auprès d'Artprice, le plus important organisme de veille des ventes et de cotation des artistes dans le monde, il semble qu'aucune autre institution privée ou publique n'ait procédé aux mêmes démarches. Pour revenir à Issiakhem par exemple, faute d'avoir été inscrit, les ventes éventuelles de ses tableaux par des collectionneurs ne peuvent être répertoriées par les banques de données de l'art mondial. Il reste que l'absence de structuration du marché de l'art national, son anarchie même qui se caractérise par des prix souvent fantaisistes qui relève plus de l'auto-appréciation des créateurs, la pratique de la vente en atelier par les artistes qui acceptent mal ou pas l'idée que des galeries prélèvent des marges comme cela se pratique dans le monde entier, le manque de professionnalisme de nombreux galeristes, l'absence d'une véritable critique d'art dans notre pays et de collectionneurs avertis, à quelques très rares exceptions ; tout cela pénalise l'art algérien. Au-delà de ses aspects financiers, la cotation internationale est d'abord un moyen de promotion des artistes et de leurs œuvres, un formidable outil de confrontation des productions nationales au marché mondial. Elle n'est pas exempte d'excès, d'aberrations et de spéculations, de modes forcées générées par des intérêts très lourds et de dictature des marchands. La liaison entre le monde des affaires et celui du marché de l'art est évidente et l'on parle actuellement d'un « effet de contagion » de la crise financière internationale sur les ventes d'œuvres d'art. Entre janvier et octobre 2008, elles ont globalement diminué de 14,5 %.
Le taux d'invendus a plus que doublé en un an, passant de 25 à 54% en octobre 2008, et les prévisions 2009 sont moroses. Dans cette compétition, les marchés émergents apparaissent comme des valeurs refuges. La Chine a ravi à la France sa troisième position sur le marché de l'art. Les nouveaux riches de Russie ne se contentent pas d'acheter des 4 X 4 et leur demande d'art est désormais énorme. Le marché de l'art indien a connu un bond remarquable (+ 102 % en 2005 et continue à progresser) et, bien sûr les émirats du Golfe s'imposent comme une destination artistique, y compris pour les artistes occidentaux, ce qui explique l'investissement de Christie's sur Dubaï, devenue une place forte de l'art mondial. Pendant ce temps, on relève qu'aucun artiste algérien vivant et travaillant en Algérie (du moins à notre connaissance) n'est coté. Une réglementation des galeries d'art a été arrêtée par le ministère de la Culture mais elle ne s'est pas accompagnée d'un plan de développement de l'activité. Tant de choses restent à faire : la formation de galeristes et de critiques d'art, l'inscription des artistes aux cotations internationales, la mise en place de critères nationaux de cotation, le montage d'évènements structurants, telle une biennale internationale de haut niveau (au moins régionale dans un premier temps), la promotion interne et externe de l'art algérien…
La création du Musée national d'nrt moderne et contemporain d'Alger a suscité un large enthousiasme et bien des espoirs mais, passé l'évènement Alger, capitale de la culture arabe, un silence semble s'être abattu sur la jeune et belle institution. Que des œuvres d'artistes algériens réalisent des ventes record à l'international est une nouvelle sans doute motivante, attestant au moins d'une capacité créative reconnue. Mais nous avons à réfléchir sérieusement, autant en termes de marketing culturel, sur le court et moyen termes, et de développement durable sur le long terme.


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