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Kamel Daoud, Grande médaille de la francophonie
Académie française
Publié dans El Watan le 03 - 07 - 2018

Kamel Daoud, qui n'est plus à présenter, l'auteur des best-sellers Meursault, contre-enquête et Zabor ou les psaumes, parus chez les éditions Barzakh et Actes Sud, traduits dans plus d'une trentaine de pays, se voit décerner, par ses pairs, la Grande Médaille (vermeil) de la francophonie, soulignant son talent cursif et révérant une puissance, un souffle littéraire de la littérature algérienne, francophone et universelle, une fierté.
L'Académie française honore chaque année des écrivains, des intellectuels ou encore des artistes ayant la langue française en partage. Le palmarès 2018 est dense et éclectique. Soit 66 récompenses en matière de littérature, poésie, biographie, théâtre ou encore philosophie. L'écrivain canadien Michel Tremblay a reçu le Grand Prix de la francophonie.
Charles Dantzig, Grand Prix de littérature Paul Morand, pour l'ensemble de son œuvre, ou François-Olivier Rousseau, Grand Prix de littérature Henri Gal, aussi pour l'ensemble de ses œuvres.
Le Grand Prix du roman est traditionnellement décerné en automne. En août 2017, Kamel Daoud avait publié son deuxième roman, Zabor ou les psaumes, chez les éditions Barzakh (Algérie) et Actes Sud (France), qui s'ouvre sur une précieuse filiale et posthume dédicace : «A mon père Hamidou. Qui me légua son alphabet. Mort si dignement.
Qu'il vainquit sa mort.» Le pitch ? Orphelin de mère, mis à l'écart par son père, il a grandi en compagnie des livres qui lui ont offert une nouvelle langue. Depuis toujours, il est convaincu d'avoir un don : s'il écrit, il repousse la mort, celui qu'il enferme dans les phrases de ses cahiers gagne du temps de vie.
Telle une Shéhérazade sauvant ses semblables, il expérimente nuit après nuit la folle puissance de l'imaginaire. Ce soir, c'est auprès de son père moribond qu'il est appelé par un demi-frère honni… Fable, parabole, confession, le deuxième roman de Kamel Daoud rend hommage à la nécessité de la fiction et à l'insolente liberté d'une langue choisie.
«Peut-on sauver le monde par un livre ?»
«Pourquoi raconte-t-on des histoires depuis toujours ? Pour contrer le temps ? La peur ? Peupler la nuit par un feu et un récit ? Pour s'amuser ? Il y a dans ce rite immémorial une nécessité, un besoin et pas seulement un désir. Car, lorsqu'on raconte ou lorsqu'on écrit, l'histoire a un début et une fin, contrairement au monde et à ses étoiles qui parsèment nos interrogations. L'histoire en est l'alternative, la possible cohérence, notre part : il y a la pierre tombale et la première pierre, la quête et le triomphe. Cette nécessité de la parole, qui plus tard deviendrait livres, m'est apparue très tôt comme une évidence.
Les Mille et Une Nuits en résument la formule: une femme raconte pour sauver sa vie. La sienne, seulement. Alors que toute la littérature est là pour sauver la vie des autres, autant que possible, la part humaine. Sauf que, pour écrire ou raconter, il faut un feu pour fixer le voyageur et une langue qui maîtrise la peur nocturne. L'aventure de la langue n'est pas dans l'extension de sa synonymie vertigineuse mais dans celle de notre puissance, celle du narrateur et de l'auditeur. La langue est une aventure en soi.
Possibilité de libération, preuve de liberté : prendre la parole, c'est amoindrir un dieu qui l'accapare. Dans mon pays, elle est dissidence, elle est le lieu des imaginaires désobéissants. Comment raconter le monde entre le récit de la guerre de Libération, qui fait passer la mort avant la vie, et le récit des religieux, qui fait passer l'au-delà avant l'ici-bas?
C'est une question qui obsède mon écriture : prouver que le monde existe ! J'ai écrit Zabor pour raconter mes croyances: toute langue est autobiographique. Ecrire, c'est se libérer, lire c'est rejoindre ou embrasser, imaginer c'est assurer sa propre résurrection. Le dictionnaire est une escalade du sens. Mais aussi une impasse : les livres sacrés racontent la chute, mais ne disent rien du goût du fruit défendu. La langue est dans l'antécédent du mot : le goût.
C'est aussi le but de cette fable, rappeler cette hiérarchie. L'idée était de sauver la Shéhérazade des Mille et Une Nuits et de reposer la plus ancienne des questions : peut-on sauver le monde par un livre ? Vieille vanité à laquelle le dieu des monothéismes a cédé quatre ou cinq fois». C'est sûr, Kamel Daoud est déjà sur un autre roman, la flamme est là.


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